Il existe mille façons de partir en voyage à vélo… nous avons choisi ici de faire un clin d’oeil au Jeu des 7 familles, mais en feuilletant le livre Partir à vélo, vous découvrirez que partir pédaler est toujours une démarche singulière. Souhaitons que cet article vous donne envie d’aller plus loin, en lisant notre livre… et qui sait, en partant à l’aventure à votre tour !
Une aventure singulière pour chaque cyclovoyageur
Loin de moi l’idée d’enfermer les adeptes du voyage à vélo dans des cases ou d’opposer les pratiques. Bien au contraire. Au-delà de sa dimension ludique, ce petit jeu du « Qui suis-je ? » n’a d’autre vocation que de vous faire découvrir les grandes tendances, les courants qui composent la communauté très hétéroclite des adeptes de l’itinérance sur deux roues. Vous ne vous reconnaissez pas dans les profils présentés ? Rien d’étonnant ! Si ces archétypes s’inspirent de rencontres effectuées au cours de mes périples, ils ont surtout été imaginés avec un esprit de caricature et un brin d’ironie. Alors n’hésitez pas pour brosser un portrait qui vous correspond à marier les extrêmes et à faire tomber les cloisons. Après tout, le vélo et l’aventure ne se nourrissent-ils pas des métissages les plus osés !
Les ultracyclistes
Leur profil : leur truc, c’est la course au large en terre ferme. Une ligne de départ, une ligne d’arrivée et rien d’autre entre les deux que leur vélo, leur détermination et le chrono qui ne cesse de tourner. Plus tout à fait un voyage, mais une aventure, c’est certain, intérieure surtout, physique et mentale. En parcourant plus de 300 kilomètres par jour, ils démystifient les distances, ils inventent de nouvelles limites.
Leur monture : elle est légère, mais elle doit tenir la distance et tolérer quelques incursions sur terrain difficile. Le Genesis Croix de Fer 30 ou son grand frère le Titanium, fleuron de la firme britannique, pourront bénéficier de ses faveurs. Une attention particulière sera portée à la position et en particulier à l’assise. Beaucoup de ces forçats de la route lorgneront vers des selles ergonomiques tels que les modèles élaborés par le fabricant italien SMP.
Leur équipement : le strict minimum pour rester autonome et pouvoir s’endormir quelques heures là où la fatigue les arrête. Du minimaliste, du light, du compact… Tout doit rentrer dans une sacoche de selle et une de guidon.
Où les croiser ? On apercevra furtivement leurs silhouettes élancées sur les interminables lignes droites venteuses du Kansas, à l’assaut des 7000 km de la Trans Am Bike Race, ou bien filant à travers l’Europe, sur la Transcontinental ou encore aux confins de la Norvège, sur le point d’en finir avec la toute nouvelle North Cape 4000.
Les bikepackers
Leur profil : des baroudeurs pure souche qui envisagent le voyage à vélo comme une exploration. Plus de goudron ? Tant pis ou plutôt tant mieux. A leurs yeux, c’est là que l’aventure débute. Parlez-leur de pistes oubliées, de grands espaces vierges, de bivouacs au coin du feu et ils vous suivront par-delà les déserts et les montagnes… même s’il faut porter ! Leur devise : être léger pour passer partout.
Leur monture : l’âme du bûcheron et l’endurance du coureur des bois réunies dans une machine. Voilà le genre de vélo sur lequel les bikepackers jetteront leur dévolu. Un gravel bike au tempérament bien affirmé comme le Genesis Vagabond Monstercross ne les laissera pas indifférent. Moins fougueux, mais plus sauvage et plus opiniâtre, le Genesis Longitude qui porte la boue, la caillasse et le sable dans son ADN satisfera les mordus de l’aventure XXL.
Leur équipement : si le bikepacking est devenu un mode de voyage en soi voire un état d’esprit, c’est grâce à un concept, une innovation : des sacoches légères et compactes, dotées d’un système d’accroche autonome qui permet de faire l’impasse sur les porte-bagages. Au guidon, à la selle, sur le cadre, elles s’adaptent sur tous les vélos et autorisent l’itinérance sur tous types de terrain… à condition de préparer ses bagages avec ces mots d’ordre : optimisation et sobriété.
Où les croiser : s’il existe un chemin emblématique de cette tendance en plein boom, c’est sans doute la Great Divide Mountain Bike Route qui traverse les montagnes Rocheuses sur 4500 km entre le Canada et la frontière mexicaine. Plus proche du nous, les Grandes Traversées du Morvan, du Jura ou du Vercors constitueront d’excellents terrains de jeux.
Les randonneurs
Leur profil : ils sont les dignes héritiers d’une tradition séculaire d’itinérance à vélo, d’aucuns diront du cyclotourisme à l’ancienne avec porte-bagages et sacoches. Ils aiment la route pour ce qu’elle est, un trait d’union entre les mondes, un lien entre les hommes. Ils vivent chaque chevauchée, proche ou lointaine, comme une expérience. D’âme romantique, ils savent lire la poésie dans les paysages, se nourrissent des rencontres et du temps qui passe, mais ne rechignent pas devant l’effort.
Leur monture : une bête de somme, fidèle et courageuse, opiniâtre et robuste qu’ils traiteront comme un compagnon de route. Dans ce rôle, le VSF Fahrradmanufaktur TX400 fera des merveilles. Machine à tout faire, d’une fiabilité extrême, elle portera sans rechigner les bagages en quantité… et les rêves d’évasion les plus fous.
Leur équipement : ils connaissent, en litres de sueur, le prix de chaque kilo en trop, mais n’en font pas une obsession. La sobriété certes, mais pas au détriment d’un certain art de vivre la route et le voyage. La cuisine est essentielle, tout comme la lecture, les feux de camp et un brin de confort sous la tente. Heureusement, leurs sacoches waterproof sont volumineuses !
Où les croiser ? Partout à travers le monde dont ils ne se lassent pas de faire le tour avec un penchant pour les grands itinéraires mythiques tels que la Dalton Highway en Alaska, la Pamir Highway, en Asie centrale, ou la Carretera Austral, en Patagonie.
Les anticonformistes
Leur profil : leur plaisir, briser les codes, détourner leur monture de leur usage premier, prouver qu’on peut tailler la route en s’affranchissant des usages et des tendances. Leur apparence intrigue, leur machine baroque suscite la curiosité… A leur manière, ces vagabonds roulants, sont des artistes à contre-courant qui font bouger les lignes et élargissent, au nom d’une certaine forme de liberté, le champ des possibles.
Leur monture : absolument tout type de machine pourvu qu’elle se distingue par son côté peu conventionnel. Du vélo chinois lourdingue et hors d’âge, au monocycle tout-terrain, en passant par le long-tail customisé maison pour l’aventure ou encore le vélo pliant trekking, en mode nomade longue distance, toutes les fantaisies sont possibles.
Leur équipement : à l’intérieur de leurs sacoches aux allures de sac sans fond, un nécessaire de voyage pour le moins hétéroclite qui pourra bien entendu considérablement varier d’un cycliste à l’autre. En vrac : un équipement complet de pêche à la mouche, des chaises de camping, du bois flotté à sculpter au bivouac, un accordéon, un four à pain, une paire de skis, une voile de kite surf… Exemples réels !
Où les trouver ? Toujours là où on ne les attend pas ! A défaut d’avoir le matériel le plus sophistiqué et le mieux adapté aux conditions, les voyageurs de cette trempe-là ont de la suite dans les idées. Le temps, le kilométrage leur importent peu. Si l’envie les prend de franchir une chaîne de montagnes abruptes, ils y parviendront, dussent-ils pousser leur barda pendant des heures.
Les cyclos 2.0
Leur profil : l’aventure, le plaisir de tailler la route, oui, mais avec un petit coup de pouce ! Ils ne sont pas forcément épris de nouvelles technologies, mais ils savent l’utiliser à leur avantage pour voyager léger, préserver leur confort et adapter l’effort à leurs capacités. Des Seniors pour beaucoup (mais pas toujours !) pourvus d’une bonne dose d’épicurisme et d’un goût certain pour le tourisme au grand air en toute liberté. Ils aiment la route pour les richesses qu’elle recèle : la gastronomie, bien sûr, mais aussi ces mille petites histoires qu’on glane ici et là et qui font la grande ou encore le simple plaisir de pédaler avec aisance au milieu des champs de blé.
Leur monture : oui, on peut voyager avec un vélo à assistance électrique ! En tout cas, eux le font. Le Kalkhoff Pro Connect 10 avec une autonomie maximum de 150 km offre de belles perspectives d’escapades. De quoi randonner au moins 5 ou 6 heures par jour avant de recharger la batterie sur une simple prise 220V.
Leur équipement : deux sacoches suffiront pour transporter le pique-nique et quelques tenues de rechange. La carte bancaire fera le reste. Les nuits se passeront dans le confort d’un gîte, d’une chambre d’hôte ou dans les cabanes, yourtes ou autres hébergements insolites désormais proposés en nombre dans les campings. Les plus aventureux prendront le risque de réserver les nuitées au jour le jour via une application sur smartphone.
Où les croiser ? Sur la route des vins d’Alsace, sur l’EuroVélo15, le long du Rhin, mais aussi pourquoi pas sur des itinéraires plus engagés et aériens comme la route des Grandes Alpes entre le Léman et la Méditerranée. Le VAE, ou comment rendre les cols mythiques du Tour de France accessibles au plus grand nombre.
Les tribus
Leur profil : maman, papa, bébé, grand-frère, grande sœur… L’aventure à vélo n’attend pas le nombre des années et peut se conjuguer au pluriel sans difficulté. A chaque tranche d’âge, une solution de transport adaptée pour entreprendre une escapade de quelques jours ou le périple de toute une vie. Les familles qui tentent l’expérience partagent souvent cette volonté de passer du temps ensemble dans des conditions inhabituelles et souvent apaisantes. Une prise de recul pour se reconnecter aux siens ou pour se redécouvrir sous un nouveau jour. Une formidable école de la vie pour les plus petits, mais pour les parents également qui trouveront là une occasion de se réinventer.
Leur monture : intéressons-nous plutôt à leur méthode pour embarquer leur tribu à travers le monde. Un bébé ou un enfant en bas âge ? Maman ou papa tractera une remorque vélo, véritable chambre mobile tout confort qui selon les modèles pourra embarquer un ou deux bambins ainsi que du matériel. Un dispositif intermédiaire dit de troisième roue pourra ensuite être utilisé avec des enfants âgés de plus de 3 ans. Dès 7 ou 8 ans, ils seront en mesure de voyager avec leur propre vélo et une partie de leur équipement en adaptant bien sûr la longueur des étapes à leurs capacités (autour de 25-30 km pour commencer).
Leur équipement : pour nourrir, laver, occuper, faire dormir tout ce petit monde, mieux vaut disposer d’une capacité de chargement à la hauteur. En plus des emplacements dédiés dans la remorque, les parents s’équiperont d’une parure intégrale de sacoches à grand volume. Pour davantage d’espace de stockage, les bagages arrière pourront être surmontés d’une sacoche transversale de type top-case.
Où les croiser ? Sur l’Eurovélo 6 entre, l’Atlantique et le delta du Danube, sur la Véloscénie, à proximité du Mont-Saint-Michel ou bien plus loin encore, en Amérique du Nord, sur le Sentier transcanadien ou à la découverte des grands parcs dans l’ouest des Etats-Unis et pourquoi pas, en mode tout terrain, avec une remorque mono-roue adaptée.
Les occasionnels
Leur profil : aventuriers du dimanche aurait été un terme trop péjoratif. La plupart débutent, se testent, parfois embarqués un peu malgré eux par la dynamique de la famille ou d’un groupe d’amis. Des nomades d’un week-end, d’une semaine tout au plus qui n’en sont pas moins confrontés à l’esprit de la route, à ce qu’il recèle de captivant et de merveilleux, mais également à sa rigueur et à son intransigeance. Au terme de la randonnée, beaucoup auront transformé leurs hésitations en certitudes. Il y aura ceux (majoritaires !) qui seront tombés en amour et puis les autres qui jureront : plus jamais ça !
Leur monture : bien souvent leur vélo de tous les jours, fidèle coursier urbain, reconverti pour l’occasion en mule besogneuse. D’autres préféreront louer pour quelques jours une monture plus adaptée à l’itinérance. Les plus chanceux se feront prêter une machine de randonnée par un ami.
Leur matériel : là aussi prime le système D. Emprunts, menus achats de dernières minutes, pour compléter la panoplie du cycliste itinérant. Pour une nuit ou deux, du matériel basique fera l’affaire. Attention toutefois aux mauvaises surprises, basique ne signifiant pas hors d’usage ! A défaut de disposer de sacoches, beaucoup seront tentés par le sac à dos. Prudence là aussi. A vélo, un sac inadapté, mal, voire trop chargé risque fort de transformer l’expérience en galère inoubliable.
Où les croiser ? Sur la ViaRhôna, le long du canal du Midi, ou pour un premier défi plus relevé entre amis à travers la Bourgogne ou au fil des côtes Bretonnes.
Et vous, dans quelle famille de randonneurs à vélo vous situez-vous ?
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