Envie d’associer votre passion pour le gravel et le voyage à vélo ? Mais comment trouver un itinéraire longue distance adapté à la discipline ? Cet été, on a testé la Pirinexus, un parcours balisé de 350 km dont les deux tiers se déroulent sur chemins blancs et voies agricoles. Direction la Catalogne pour vous faire découvrir ce tracé aventureux, mais abordable qui plaira aux adeptes de l’itinérance avec un taux d’asphalte limité !
Comment dénicher un itinéraire gravel multi-jours ?
Le gravel a le vent en poupe. A l’aise sur tous les terrains, ce vélo à la croisée des chemins entre la route et le VTT, séduit les cyclistes en quête d’efficacité et de polyvalence. Usage sportif, randonnée à la journée, ou même vélotaf, il se fond dans tous les décors. Il excelle en particulier dans un domaine : l’itinérance et l’aventure longue distance. Léger, performant et robuste, il est notamment l’allié privilégié des adeptes de la solution bikepacking qui misent sur une bagagerie minimaliste pour pouvoir rouler plus vite, partout et plus longtemps.
Toutefois, s’il existe de nombreux itinéraires multi-jours dédiés au cyclotourisme classique ou au VTT, les traces dessinées dans l’esprit gravel restent rares. Comment dénicher alors un parcours longue distance adapté à la pratique ? On peut, bien entendu, faire appel à un outil de planification d’itinéraires et tracer sa propre voie. Après tout, plonger le nez dans les cartes, n’est-ce pas déjà commencer à voyager un peu ?
L’application Komoot, par exemple, offre un mode « gravel » qui privilégie les pistes et les chemins détournés. Attention toutefois, l’algorithme n’est pas infaillible. Il peut parfois vous envoyer sur des sentiers rayés de la carte, des culs de sacs, des terrains privés ou des pentes particulièrement brutales. Pas forcément idéal, surtout lorsqu’on débute.
Pour se mettre le pied à l’étrier, il peut être préférable de se lancer sur un parcours déjà éprouvé par d’autres pratiquants ou, mieux encore, d’opter pour un itinéraire balisé.
Nous avons eu le plaisir d’en découvrir un cet été. Son nom : Pirinexus. Même s’il n’est pas officiellement catégorisé comme un tracé gravel, ce circuit qui sillonne la Catalogne via des voie agricoles, des pistes blanches et des petites routes campagnardes, constitue un magnifique terrain de jeu pour s’initier à la discipline.
La Pirinexus qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une boucle cyclable d’environ 350 km à cheval entre la France et l’Espagne. Sa particularité ? Près des deux tiers du parcours s’effectuent hors asphalte. Sous vos roues : du gravier compact, de la terre, du sable et quelques chemins empierrés parfois un peu cahoteux. Bref, un large éventail de surfaces pour éprouver la polyvalence de votre vélo gravel et goûter à tous les plaisirs de la pratique.
Nous avons pris le départ de ce tracé transfrontalier côté français, au Boulou, dans les Pyrénées-Orientales, à une vingtaine de kilomètres de Perpignan. Première étape la Costa Brava après une première traversée courte, mais intense des Pyrénées par le col confidentiel de Pannisars (325 m). Au cœur de l’arrière-pays, la trace sinue à travers champs, rizières et vergers. Elle ne vient au contact des grandes cités balnéaires que très ponctuellement. L’assurance de pédaler au calme même en pleine saison touristique.
A Sant Feliu de Guíxols, on abandonne définitivement les rives de la Méditerranée. Cap vers le nord-ouest via une ancienne voie ferrée en pente douce reconvertie en chemin cyclable. Objectif : Gérone, la plus grande ville de ce circuit catalan. La trace s’échappe en douceur de la cité au fil de vastes parcs arborés. On reprend ensuite lentement de la hauteur en suivant la route du Carrilet, un ruban de terre compact de 54 kilomètres qui nous mène au cœur de la Garrotxa, l’une des régions volcaniques les plus remarquables de la péninsule ibérique.
L’heure est venue de retraverser les Pyrénées. Dans un environnement résolument montagnard, cette fois. L’itinéraire s’élève sans trop de heurts dans un paysage aérien jusqu’au col d’Ares qui matérialise la frontière entre la France et l’Espagne. Ne reste plus qu’à se laisser glisser sur 70 km environ à travers la région époustouflante du Vallespir pour rejoindre la ligne d’arrivée.
Pourquoi se lancer sur la Pirinexus ?
- Un itinéraire intégralement balisé : plus de 700 panneaux indicateurs guident les cyclistes sur la boucle. Ce fléchage, globalement cohérent et complet, limite grandement les risques de se perdre. Dans la grande majorité des cas, il suffit de dérouler le balisage sans se soucier de la navigation. Il est néanmoins recommandé d’avoir en permanence à disposition un smartphone chargé pour pouvoir s’orienter sur les rares tronçons où la signalisation fait défaut. A noter, la Pirinexus fait, sur plusieurs sections, route commune avec l’EuroVelo 8, également dénommée véloroute de la Méditerranée.
- Un parcours en boucle : pas besoin de chercher une solution pour revenir à votre point de départ comme sur une itinérance en ligne. La trace vous conduit là où vous avez commencé. Pratique, surtout si vous faites le choix de venir en voiture. Vous pourrez vous garer gratuitement sur le parking de la mairie du Boulou et ainsi retrouver directement votre véhicule à votre retour.
- Un tracé aventureux mais globalement abordable : 350 km et 3800 mètres de dénivelé positif. Voilà pour les chiffres. Ayez conscience que vous vous engagez sur un itinéraire comportant des sections montagneuses culminant à plus de 1500 mètres. Le relief est toutefois concentré sur les deux zones de franchissement des Pyrénées. Si la première peut paraître anecdotique sur le papier, elle n’est pas à prendre à la légère. La descente du col de Pannisars, pourtant à 325 mètres seulement, est semée de sursauts courts, mais abrupts qui risquent fort de vous contraindre à pousser. L’ascension du col d’Ares à 1513 mètres est nettement plus longue, mais la pente moyenne reste modeste même si la déclivité bondit parfois fugacement au-delà de 10 %. En dehors de ces deux difficultés, le parcours est essentiellement plat et ne donne pas particulièrement de fil à retordre.
- Une incroyable diversité de paysages : des forêts de chênes lièges du massif des Albères, aux paysages volcaniques de la Garrotxa en passant par les rizières de l’Aiguamolls de l’Empordà ou les décors aériens du Vallespir, la Pirinexus dévoile, au fil des kilomètres, les nombreux visages de la Catalogne. La garantie de profiter d’un horizon sans cesse renouvelé derrière le guidon.
- Une randonnée à l’écart des voitures : les deux tiers du parcours se déroulent sur des pistes ou le trafic automobile est inexistant ou très limité. Le reste est composé essentiellement de petite routes peu passantes. Une occasion unique de découvrir intimement une région où le tourisme est pourtant particulièrement développé. Et même au cœur des zones les plus fréquentées, sur le littoral notamment, la Pirinexus réussit l’exploit de se maintenir loin de la circulation en empruntant des pistes cyclables et des axes détournés.
- Des haltes baignade : la Pirinexus qui préfère évoluer côté coulisses, flirte rarement avec le front de mer. A quelques reprises, le tracé vient toutefois effleurer les vagues et offre l’occasion d’un bain de mer rafraîchissant. Vous pourrez notamment troquer votre cuissard contre un maillot de bain à l’Escala ou à Sant Antoni de Calonge.
- Un patrimoine unique : de nombreux villages médiévaux (Castelló d’Empúries, Gualta, Pals…), des chapelles isolées, des petites villes de pêcheurs (Roses, Sant Feliu de Guíxols…) et bien entendu Gérone, son emblématique pont Eiffel et sa cathédrale gothique… Le parcours est propice à de nombreuses pauses culturelles et gastronomiques. Dans votre assiette : des anchois de l’Escala, des patates d’Olot, des botifarra dolça (saucisses sucrées) et pour le goûter, des xuixo, sorte de croissants fourrés à la crème.
La Pirinexus pour qui ?
En dehors des deux franchissements des Pyrénées, la Pirinexus ne compte pas de difficultés significatives. Si vous êtes à l’aise sur chemin de terre et que vous disposez déjà d’une expérience réussie sur terrain accidenté, le parcours ne devrait pas vous poser de problèmes insurmontables. S’il s’agit de votre première itinérance en gravel, planifiez des étapes courtes, ménagez-vous des pauses régulières et veillez à vous hydrater et vous alimenter correctement (la chaleur peut s’avérer terrible en été). Si, toutefois, vous réalisez que vous avez présumé de vos forces, vous pourrez écourter votre randonnée à Gérone. Un train acceptant les vélos à bord vous reconduira en France.
Quel vélo pour la Pirinexus ?
Le gravel semble avoir été conçu pour régner sur ces terres parcourues de nombreuses voies blanches et de pistes agricoles. Un Genesis Croix de Fer ou un Kona Rove s’y sentiront particulièrement à l’aise. Des pneus de 38 mm de section suffiront à surmonter l’ensemble des difficultés. Mais un vélo de touring tirera également son épingle du jeu. Et le VAE ? Un modèle destiné au trekking ou à la randonnée vous permettra d’atténuer la difficulté des pentes. Il faudra toutefois veiller à planifier vos étapes à l’avance afin d’avoir la certitude de pouvoir recharger votre batterie en fin de journée.
Comment dormir sur la Pirinexus ?
A condition d’embarquer le matériel nécessaire, on peut bivouaquer assez facilement sur l’ensemble du parcours. La zone littorale, en particulier, compte également de nombreux campings. Mais si vous souhaitez voyager léger, vous pouvez miser sur les nombreuses posada (auberges) qui émaillent le parcours. Vous trouverez également des hôtels en ville, mais à des prix plus élevés.
Dans quel sens effectuer le parcours ?
Nous avons parcouru la Pirinexus dans le sens des aiguilles d’une montre. Objectif principal : limiter le risque d’être confronté au vent de face. Au pays de la tramontane, l’ennemi intime du cycliste peut vous mener la vie dure, en particulier sur la côte. Dans le sens horaire, le parcours est par ailleurs réputé plus facile. On aborde en effet le relief de façon plus progressive. Mais il vous faudra tout de même venir à bout de quelques coupe-jarrets significatifs !
Combien de jours prévoir pour boucler le trajet ? Les sportifs les plus aguerris relèveront sans doute le défi en moins de 72 heures. Les contemplatifs, adeptes des pauses gourmandes et des visites, mettront environ une semaine pour faire le tour.
Comment y aller ?
Pas de gare de voyageurs au Boulou. Si vous souhaitez rejoindre le point de départ en train, il vous faudra cibler la gare d’Argelès-sur-Mer, à une vingtaine de kilomètres. Le tracé de l’EuroVelo 8 assure la liaison à vélo entre les deux villes par des routes peu fréquentées. La gare d’Argelès est notamment desservie par des TER en provenance d’Avignon, de Montpellier, ou de Toulouse, mais également par un Intercité de nuit arrivant de Paris Austerlitz.