29En raison de la crise sanitaire, le lancement du Sun Trip, une aventure de 12.000 km entre Lyon et Canton à vélo solaire, est reporté à mai 2021. En quatre éditions, l’événement s’est imposé comme la vitrine de l’éco-mobilité longue distance. En quelque sorte, ce Vendée Globe terrestre a jeté les bases d’une nouvelle façon de voyager à vélo : moins contraignante physiquement et donc peut-être plus grand public. Pour 2020, l’aventure se jouera en France avec le Sun Trip France, et un prologue, maintenu, de Strasbourg à Lyon, où se tiendra le départ de la course. Alors, l’énergie solaire peut-elle démocratiser l’itinérance au long cours ?
Le Sun Trip 2020 aura lieu en France
Du 14 juillet au 9 août, cette édition spéciale du Sun Trip fera le tour de France. De Lyon à Albertville, en passant par Blois, St Malo, Pau, Anduze et Val Cenis, il rassemblera 30 participants pour 3000 km d’une épopée propulsée à la force des mollets et à l’énergie solaire. 8 étapes et une vraie liberté de l’itinérance à vélo !
Un prologue ouvert aux vélos électriques classiques
En amont de cet événement majeur, l’équipe a souhaité maintenir un prologue, à la façon d’une « marche d’approche » collective et solidaire, de Strasbourg à Lyon. Une vingtaine de participants et la possibilité pour des utilisateurs de vélos électriques classiques de les rejoindre pour ces 7 jours d’itinérance. L’équipe du Sun Trip proposera une borne de recharge solaire mobile, qui permettra de recharger les batteries des vélos électriques lors de la pause déjeuner et pendant la nuit. Le magasin Cyclable Strasbourg Etoile aura le plaisir d’accueillir les participants au prologue le 9 juillet.
Se mettre en selle grâce au vélo électrique
En ville, difficile d’échapper au phénomène. Le développement de l’assistance électrique a contribué à mettre en selle un public que les contraintes du vélo traditionnel tenaient éloigné de la pratique cycliste. Dans le monde de l’itinérance, toutefois, cet effet VAE est resté plus mesuré. Certes, les progrès réalisés sur l’autonomie des batteries ont permis à certains cyclistes de découvrir les plaisirs de la randonnée, mais peu encore osent des périples plus longs et lointains. En cause, toujours la même limite : l’obligation de demeurer sur un itinéraire qui garantisse l’accès à une prise de courant.
Le vélo solaire : autonomie à l’infini
C’est précisément ce verrou que le vélo solaire permet de faire sauter. « Pour les voyageurs, le vélo solaire, c’est la marche d’après par rapport au vélo électrique classique. Il met un terme au problème d’autonomie et offre une recharge propre, effectuée à 100% avec de l’énergie renouvelable », explique Florian Bailly, fondateur du Sun Trip, un rallye transcontinental réservé aux montures équipées de panneaux photovoltaïques, qui se disputera entre Lyon et Canton à partir de fin mai 2021.
Dans l’imaginaire collectif, malgré tout, le vélo solaire reste généralement un engin insolite confiné aux ateliers de « Géo Trouvetou », passionnés de bicyclette. Un cliché qui pourtant ne semble plus avoir de raison d’être. «Le vélo que j’ai utilisé en 2010 lors de mon voyage jusqu’au Japon a l’air d’une vieille paire de skis en bois désormais. Les techniques ont considérablement évolué et ce n’est qu’un début », s’enthousiasme Florian Bailly qui s’est inspiré de son propre périple jusqu’aux confins de l’Orient pour créer le Sun Trip. Preuve du changement de statut du vélo solaire, les professionnels de l’industrie du cycle font leur entrée dans le jeu.
« A la naissance de l’événement, on ne parvenait pas à approcher la moindre marque parce que le vélo solaire était totalement hors marché. Mais désormais des modèles sont commercialisés. Il existe une entreprise chinoise qui propose des trikes (NDLR : tricycles couchés) solaires pour 4000 euros.
Le vélo solaire : « Le débouché grand public est pour bientôt » pressent Florian Bailly
L’aventure au long cours pour tous : ce credo anime le Sun Trip depuis sa création. Et l’édition 2021 se fait fort de respecter cet esprit d’ouverture.
Une cinquantaine de participants devraient prendre le départ, âgés de 22 à 72 ans ! Pour toucher un public plus large encore, les organisateurs planchent sur de nouveaux événements implantés localement. « En déclinant le concept à l’échelle régionale, on souhaite montrer au grand public que le voyage à vélo solaire est non seulement possible, mais aussi accessible au plus grand nombre. Des tests sont menés en Corse avec pour objectif, à terme, d’initier plusieurs circuits d’intersaisons », explique Florian Bailly.
Une recette déjà expérimentée avec succès lors des deux premières éditions du Sun Trip Tour en région Auvergne-Rhône-Alpes. Arnaud Roulland a pris part à l’événement en 2019 sous les couleurs de Cyclable. « Au quotidien, j’essaye de mieux consommer, de réduire mes déchets, de moins rouler également et de partir en voyage un peu moins loin. Le Sun Trip s’inscrit dans cette démarche générale », détaille cet ingénieur de 30 ans qui travaille ans le domaine des énergies renouvelables.
« J’ai beaucoup apprécié de découvrir le Massif central et les Alpes à un rythme que ne permet pas la voiture. Cette première expérience locale s’est très bien passée et m’a permis de valider mes choix techniques : la simplicité et l’efficacité plutôt que l’overengineering, complexe et fragile. Tous les voyants sont au vert pour aller plus loin en 2020. » Fort de ce succès, Arnaud Roulland devrait s’aligner sur l’édition transcontinentale, fin mai. Le défi sera cette fois d’une toute ampleur. Il s’agira d’effacer 12.000 km jusqu’en Chine en conjuguant la force de ses mollets à l’énergie du soleil. Record à battre : 45 jours !
Crédits photos : Agence Zeppelin