Champion de l’intermodalité, passe-muraille urbain, virtuose du vélotaf, mais aussi partenaire incontournable de vacances en bateau ou en camping-car et même compagnon de randonnée… Polyvalent, pratique, redoutablement efficace, le vélo pliant a tous les atouts d’un couteau suisse de la mobilité. Parce qu’il est petit, il est à l’aise partout. Mais sa taille l’expose aussi à de nombreux stéréotypes et croyances infondées. Peut-on vraiment faire confiance à ce vélo miniature ? Fabien Pejoan est responsable des ventes, en France, de Brompton, l’iconique marque de vélos pliants londonienne. Il nous aide à battre en brèche quelques clichés.
1. Un vélo pliant, c’est lent !
Avec ses mensurations minimalistes, le vélo pliable apparaît aux yeux de certains comme un gadget cantonné à l’allure du pas. « De prime abord, les petites roues (NDLR : 16 pouces sur un Brompton) laissent sceptique », confirme Fabien Pejoan. « Les gens ont tendance à penser qu’il faut pédaler comme un forcené pour égaler la vitesse d’un vélo classique. En réalité, les vélos pliants disposent de braquets adaptés qui permettent d’atteindre des allures tout à fait respectables sans efforts excessifs. »
Chez Brompton, malgré la présence de nombreuses articulations sur les vélos, pas de désagréable effet chewing-gum à la conduite. « Tout a été fait pour optimiser la rigidité et le dynamisme de nos machines. Les roues, notamment, disposent d’un rayonnage très raide et des pneus haute pression gonflés entre 6 et 7 bars. » De quoi conférer au Brompton un rendement comparable à la plupart des vélos urbains traditionnels. Vous avez l’habitude d’évoluer entre 20 et 25 km/h ? Pas d’inquiétude avec un Brompton, vous pourrez conserver des vitesses similaires.
2. Un vélo pliant, c’est fait pour rouler sur le plat !
Grimper avec un vélo pliant, impossible ? Et si on vous disait que certains mordus de dénivelé et de Brompton sont déjà parvenus à triompher du Ventoux ou du redoutable col non-revêtu du Parpaillon ! Des exemples extrêmes, certes, mais qui prouvent que ces machines minimalistes ont les ressources suffisantes pour se confronter à la pente. « Encore une fois, il s’agit d’une affaire de démultiplication. Notre modèle C Line Explore offre une transmission à large plage dotée de 6 vitesses. De quoi se sentir à l’aise face à n’importe quelle côte ou presque », détaille Fabien Pejoan.
Peur malgré tout de ne pas être de taille pour vous aventurer sur terrain vallonné ? Depuis quelques années, le vélo pliant s’est converti à l’électricité. Toutes les grandes marques (Tern, Brompton, Vello Bike…) proposent désormais des modèles dotés d’une assistance éléctrique. Une main dans le dos face au relief et l’assurance de pouvoir rouler, avec un effort réduit, jusqu’à 25 km/h.
3. Avec un vélo pliant, on ne peut pas aller loin !
Dans l’esprit de beaucoup, le vélo pliant est l’instrument de déplacement du premier et du dernier kilomètre. Inimaginable donc de l’emprunter pour parcourir de longs trajets… Son petit gabarit ne l’empêche pourtant pas d’être un coursier de fond particulièrement endurant. Nombreux sont ceux qui, au fil de leurs déplacements professionnels, cumulent en fin de journée 20, 30 kilomètres, parfois plus. D’autres misent même sur le pliant pour partir en randonnée voire en voyage au long cours. « J’ai en tête l’exemple d’un couple qui, cet été, a rallié le Cap-Nord depuis Marseille en Brompton », s’enthousiasme Fabien Pejoan. « Ou bien l’incroyable épopée de Caroline et Anthony partis 400 jours en Brompton autour du monde. » Dans ces conditions, le pliant facilite les liaisons en avion, en train, en car… Lors des visites, nul besoin de soucier du devenir de son vélo. On l’embarque ou on le place à la consigne !
Sans forcément viser les antipodes, le pliant troque facilement ses atours de passe-muraille urbain pour celui de promeneur des champs. Il vous accompagnera sans difficulté au terminus de la voie ferrée pour un pique-nique champêtre assorti de quelques dizaines de kilomètres sur véloroute ou voie verte !
4. Le vélo pliant, c’est réservé aux petits gabarits !
Avec ses roues de 16 ou 20 pouces (plus rarement 24 pouces), il fait figure pour certains de vélo pour enfant. Malgré ses mensurations réduites, le vélo pliant s’adapte pourtant à la taille de la plupart des adultes. « Chez Brompton, l’amplitude de réglage est étudiée pour convenir à des personnes mesurant entre 1m50 et 2 mètres », détaille Fabien Pejoan. De quoi faire du pliant le vélo unique de la famille ! En effet, grâce à cette flexibilité, un couple peut partager la même machine quelles que soient ses différences de gabarit. Et un adolescent, à partir d’une douzaine d’années, se sentira également à l’aise derrière le guidon. « Depuis 2 ans environ, on voit un nombre grandissant de familles qui associent vélo cargo et vélo pliant pour se déplacer au quotidien. Le matin, les parents accompagnent leurs enfants à l’école en biporteur. Puis, ils sortent le pliant pour « commuter » vers le métro ou le train en mode léger et rejoindre leur lieu de travail », complète Fabien Pejoan.
5. Avec un vélo pliant, on ne peut pas transporter de bagages !
Certes, en apparence, il a davantage l’allure d’un poney que d’une puissante bête de somme. Mais une fois encore, le vélo pliant cache bien son jeu. Malgré sa carrure de modèle réduit, il ne rechigne pas devant la charge. « Chez Brompton, on a développé toute une gamme de bagages pour transporter ordinateurs, veste de pluies, vêtements de rechange et toutes les affaires du quotidien. Avec une capacité maximum de 30 litres, les sacoches les plus volumineuses permettent même d’embarquer tout le nécessaire pour partir deux ou trois jours en déplacement », détaille Fabien Pejoan. Ces sacs, pratiques et durables, se clipsent en un geste sur un bloc de fixation disposé à l’avant du vélo. Pour accroître encore sa capacité de chargement, il est possible d’équiper, en option, son Brompton d’un porte-bagages. « Difficile d’installer des sacoches latérales traditionnelles », prévient toutefois Fabien Pejoan. « La plupart des gens les heurtent avec l’arrière du pied en actionnant les pédales. En revanche, on peut tout à fait positionner, à la verticale sur la plateforme, un sac à dos de rando de 40 ou 50 litres attaché avec un sandow. C’est la technique la plus communément employée par les grands voyageurs pour transporter leur matériel en itinérance. »
Chez Tern, autre constructeur emblématique de vélos pliants, on trouve des modèles, comme le Link par exemple, équipés de série d’un porte-bagages permettant de transporter jusqu’à 25 kg de matériel. Dotés de roues de 20 pouces, ces machines acceptent des sacoches cavalières classiques sans qu’elles ne fassent entrave au pédalage.
6. Un vélo pliant, c’est lourd à porter !
« Petit oui, léger pas vraiment… », déplorent certains en sous-pesant pour la première fois un vélo pliant. « Nos modèles traditionnels en acier, baptisés C Line, affichent un poids oscillant entre 11 et 12 kg. Une charge non-négligeable, effectivement. Surtout que la sensation de pesanteur est renforcée une fois le vélo plié, tout le poids étant alors concentré au même endroit », consent Fabien Pejoan. « Mais nous avons des réponses pour ceux qui recherchent une solution plus light. Les modèles de la gamme P Line, dotés de pièces en titane et de nombreux composants allégés, ne pèsent que 9,8 kg. Mieux encore, le Brompton version titane, poids plume de la famille, ne dépasse pas 7,4 kg. Plus léger qu’une sacoche bien garnie ! »
Mais pour ménager ses bras et ses épaules, la meilleure solution est encore de porter son vélo le moins possible. Hormis dans les escaliers ou pour l’installer dans un espace de rangement en hauteur, les situations qui imposent de soulever son vélo pliant restent rares. La plupart des modèles sont munis de roulettes qui permettent de les déplacer, pliés, à la manière d’une valise. Idéal dans les couloirs du métro ou sur le quai d’une gare.
7. Le système de pliage est un casse-tête !
« Effectivement, il y a une petite période d’adaptation », admet Fabien Pejoan. « Au début, on tâtonne. Il y a des petites étapes à respecter sans quoi on bloque le processus de pliage. Il faut bien répéter une dizaine de fois la manœuvre avant d’intégrer chaque geste. Mais si on utilise le vélo au quotidien, en une semaine, on maîtrise généralement le dispositif ! » Avec l’habitude, on s’acquitte généralement de l’opération en moins de quinze secondes. Les experts, amateurs de records, descendent, pour les plus rapides, sous les 6 secondes !