Lundi 24 novembre 2014, un article intitulé « les cyclistes déraillent » fait la une du journal « 20 minutes ». L’article cite une étude récemment réalisée par l’institut OpinionWay (le mal-nommé) pour les assurances MMA qui stipule que « 88% des cyclistes reconnaissent avoir déjà commis une infraction à vélo ».
Je commence par me demander où le sondeur a bien pu trouver les 12% de cyclistes qui n’ont jamais commis la moindre infraction…
Le journaliste fait ses (feuille de) choux gras en clouant au pilori ces dangereux, inconscients et inciviques cyclistes.
Dans son édition du 10 septembre 2003, Libération avait publié un article de Michel Deguy intitulé « Le cycliste est un piéton à deux roues ». Tout était dit dans le titre. Le code de la route, conçu pour réguler la circulation automobile divise le monde en deux catégories d’usagers :
D’une part le flux des véhicules doit respecter jusqu’à l’absurde des règles strictes. La gravité de la menace étant très importante pour des véhicules de plus d’une tonne lancées à 50, 90 ou 130 km/h, il convient alors de réduire la probabilité de l’accident. Typiquement, puisque tout véhicule s’arrête systématiquement au feu rouge, alors obligatoirement, il ne risquent pas d’entrer en collision avec ceux passant au vert.
D’autre part, le flux des piétons, désordonné et cantonné aux trottoirs. Le non respect du code de la route par un piéton n’est réputé être une menace que pour lui-même. C’est la raison pour laquelle chacun tolère qu’un piéton traverse la chaussée en dehors des clous.
Le vélo s’inscrit en faux dans ce schéma binaire :
Il n’est ni piéton lent, ni véhicule rapide, mais il est à la fois piéton rapide et véhicule lent.