Questionnement légitime : le fatbike est plus lourd, plus voyant et plus spécifique encore, que n’importe quel autre vélo. Alors pourquoi se compliquer la vie et partir voyager sur un fatbike ? Adepte assidu du Fat Bike dans le Vercors avec ses filles ou au bout du monde entre amis, Damien se déclare volontiers « collectionneur de bonnes nouvelles » et les découvre si possible à vélo.
« Fat signifie gras. Le Fat Bike est donc un VTT qui a pris de l’embonpoint dans les pneus : 4 (fat) ou 5 pouces (big Fat). Jantes à l’avant – de 47 à 100 mm d’encolure. Au reste, ligne conforme : cadre acier, aluminium, bambou… tout existe. Il y a au-dessus de chez moi, dans les Alpes iséroises, un ruisseau qui cavale en bas de la montagne. à VTT, on le descend assez bien. à Fat Bike on le remonte ! Le Fat Bike est agile et nerveux. Sa capacité de franchissement est clairement supérieure à celle d’un VTT. La neige, la glace, le sable, la boue… là où sur mon vélo, je cale, sur mon Fat Bike, je passe probablement.
Et sur route ? Il suffit de regonfler les pneus. Il faut juste oublier le chronomètre ! Sur un Fat Bike, on roule partout, mais on roule mollement : à basse pression – autour de 0,5 bar. En mode sport comme en mode voyage – car on peut adapter un porte-bagages ou tracter une remorque. Voire… une pulka ! »
Le goût des belles choses
Un fatbike est un bel objet, une monture qui a de l’allure. Outre le plaisir des yeux pour l’heureux propriétaire, l’engin attire les regards et comme tout objet marginal, appelle les interrogations. En clair, c’est un passeport pour la rencontre. Au Nicaragua, partout où nous posions nos guêtres, les autochtones venaient à nous, tantôt amusés, tantôt ébahis. Le film que nous avons ramené en est le témoin, les rencontres sont là-bas aussi abondantes que les fruits sur les arbres ! Comme nous nous nourrissons des unes et des autres, c’était idéal. Et nous le devons un peu aussi à nos bicyclettes équipées intégralement avec des sacoches bikepacking.
Le goût de la polyvalence
Nos fatbikes sont des montures relativement sobres. Thibaud roule sur un Nicolai prêté par Draille Bike et je suis l’heureux possesseur d’un Salamandre, pensé et fabriqué en Ardèche par Yann Thomas. Des mécaniques rationnelles sans complexe : pas de suspension, ou seulement à l’avant pour Thibaud qui avait pour mission de réaliser des sauts ; transmission Rohloff et Pinion, freins à disques – mécaniques dans mon cas, j’ai un vélo de voyage, et d’ailleurs il est rigide – bref, peu de maintenance, plus d’efficacité.
Cyclable distribue le Caribou de Genesis, qui offre la même sobriété pour un budget plus abordable avec une transmission conventionnelle (lire, un dérailleur) mais le concept ne change pas : un vélo à tout faire construit simplement, facile à réparer.
Un simple jeu sur la pression des pneus fatbike nous offre toute une gamme d’usages : gonflées à bloc, nos roues avalent le bitume sans un surcoût d’énergie handicapant ; amollies d’une pichenette sur la valve, elles s’adaptent à de la piste plus ou moins carrossable (voire, bien moins carrossable) sans se plaindre, et cela, même lorsque le vélo est chargé comme un mulet ; fortement dégonflées , elles deviennent des armes redoutables en tout-terrains 1 et en freeride… 1 A titre indicatif, en mode VTT estival, je roule à maximum 1 bar de pression ; l’hiver, sur neige, je descends à 0,6 – parfois 0,4 bar.
Le goût du freeride
Hey oui, car ce que nous allions chercher au Nicaragua, ce sont les pentes cendrées des volcans. Alors, certes, point n’est besoin de cet extrême pour justifier l’usage d’un fatbike. Dans nos montagnes alpines, je roule aussi avec mon Salamandre et jouis de son agilité et de sa capacité à encaisser le relief. Et vraiment, c’est fou ce que ça absorbe comme terrains ! Une fois délestées de nos sacoches de bikepacking, nos gros vélos se sont formidablement comporté. En particulier, le camarade Thibaud, dont c’est la grande passion, a mis à l’épreuve le
sien sur des sauts impressionnants.
Moralité
Pour un vélo sobre et simple, efficace et polyvalent, qui permet de jongler entre du voyage chargé, du vélo loisir et du sport engagé, le fatbike constitue une offre véritable. Et en plus… il a une belle gueule !