Pour la première fois, Cyclable s’associe à l’Atelier Des Vélos (ADV) pour la réalisation d’un vélo. Cette expérience inédite révèle les talents de plusieurs salariés de magasins Cyclable ! Vous découvrirez Quentin, notre cadreur et animateur réseau sur Paris. Vous découvrirez aussi Laurent, notre pilote et technicien atelier à Paris 19è, sans oublier Richard, notre reporter et responsable du magasin de Paris 12è et Thomas de Paris 17è qui joue aussi les photographes.
Concours de Machines 2017 – Aventure humaine, épisode 1
« Chez Cyclable, il est une chose certaine : tous les profils mènent aux vélos ! Prenez l’exemple de Quentin. Âgé de 32 ans, notre homme est un passionné de vélo au sens large. Pratiquant, vendeur, animateur réseau, technicien il est aussi, et ça c’est plus rare, cadreur. Avec un BEP vente action marchande en poche, Quentin est un « touche à tout » du vélo. De 1998 à 2007, il navigue entre plusieurs magasins et postes.
En 2008, il rajoute une corde à son arc en créant l’Atelier Des Vélos (ADV). Volonté née d’une forme de « ras-le-bol » de ne pas recevoir la reconnaissance méritée. Alors actif dans un des deux premiers magasins parisiens spécialiste du pignon fixe, Quentin surfe sur la vague du cadre route. Un cap est passé en 2012, puisqu’il devient auto-entrepreneur afin de conserver une activité rémunératrice tout en essayant de se dégager un peu de temps dans le but de concevoir et réaliser des cadres.
2014 résonne comme l’année de la production avec 8 cadres réalisés. En intégrant Cyclable en 2015, Quentin freine sa production qui se maintient à ce jour à un total de 12 cadres par manque de temps ! Pour autant, la fibre demeure et 2017 sonne comme l’année du défi. En collaboration avec Cyclable et l’Atelier Des Vélos, Quentin doit présenter un vélo pour le Concours de Machines qui a pour thème une randonneuse légère.
Pour rappel, ce concours, qui existait jusqu’à 1972, a été relancé en 2016. L’édition 2017 rassemble quelques 30 cadreurs européens mais aussi internationaux. L’ensemble de la production sera présenté à Ambert, au cœur du Puy de Dôme, à partir du 29 juin.
Dès le lendemain, le vendredi 30 juin, c’est Laurent, dit « Jeff », qui enfourchera le vélo conçu par ADV pour une épreuve route/chemin longue de 200 à 250 km. Habitué de ce genre d’épreuve, Laurent qui en temps normal est technicien atelier dans le magasin de Paris 19è, est un adepte du bikepacking au guidon de son Genesis Equilibrium Inox. Pour info, Laurent s’entraîne actuellement pour la Born To Ride (BTR), une épreuve de 4 jours et longue de 1220 km avec un dénivelé positif de 15761 m. Comme il le dit lui-même « ça passe ou ça casse ! ». En effet la B.T.R a lieu une semaine avant l’épreuve du Concours de Machines. Cette aventure inédite atteste de l’état d’esprit Cyclable !»
Concours de Machines 2017 – Aventure humaine, épisode 2
Pour ce second épisode de notre saga du Concours des Machines 2017, Quentin est passé à l’action. Petit rappel tout de même, son souhait est de réaliser une randonneuse légère qui lui correspond. Autrement dit, il réalise un vélo capable de lui procurer des sensations vives en utilisation sportive mais aussi la semaine dans une version commuting tout en ne perdant pas de vue l’aspect voyage à vélo.
La géométrie sera résolument sportive, orientée course plutôt que VTC et devra conserver un certain confort. Cela donne donc un arrière (bases/haubans) compact fait à partir de tubes Columbus CX. Cette série de tubes a été retenue du fait qu’elle est la seule qui permet d’avoir des bases aussi courtes, propices à la monte de pneus de taille moyenne (700 x 30).
A ce stade, il faut prendre plusieurs éléments en compte comme les pattes arrière Paragon. Identiques à celles installées sur les Genesis, ces pattes possèdent un déport important qui contraint d’avoir des haubans courts et en S (Snake) pour un important dégagement au niveau du pneu. A noter que le triangle arrière apparaît compact dans son ensemble pourtant avec 425 mm de longueur, les bases sont standard.
Le triangle avant doit être relativement grand pour gagner en confort. Ici, la série de tubes employée est un milieu de gamme du fabricant japonais Tange retenu pour sa souplesse, résistance et tenue dans le temps. Le top tube mesure 57 cm pour une hauteur de tube de selle de 56,5 cm. Côté angles, la direction affiche 73° tandis que le tube de selle affiche 73,5°. A noter la subtilité du slopping de 1° voulu par Quentin. Ce degré permet d’avoir une douille de direction rehaussée (179 mm) afin d’être plus relevé sur le vélo et ainsi gagner en confort. De son côté, la fourche utilise des tubes Reynolds 631, les seuls à encaisser les contraintes liées au freinage à disque. Notez toutefois que son épaisseur fait 1 mm constant ! La fourche est volontairement non cintrée par souci purement esthétique. Cependant, ce détail de conception permet de gagner en précision de pilotage.
Pour gruger les tubes, customiser les raccords (de selle, de pédalier et de douille direction), créer les pontets pour le maintien des garde-boue, créer la fourche, braser les raccords et la fourche, soudo-braser le triangle arrière, contrôler l’alignement du cadre sur un marbre… 15 jours à temps plein (hors peinture) auront été nécessaires pour venir à bout de cette fabrication. La soudure a, à elle seule, a réclamé 2 jours de travail.
Concours de Machines 2017 – Aventure humaine, épisode 3
Dans l’épisode 2, il était dit que ce nouvel opus de notre « aventure humaine » ferait la part belle au test terrain. Pour autant, nous faisons
volontairement durer le suspens pour plus de plaisir ! Cet épisode 3 permet de découvrir un vélo totalement terminé. Prenons donc
un peu de temps pour le détailler et laissons Quentin nous présenter son projet de randonneuse légère pour le Concours des Machines.
« Vous l’aurez compris, ce projet, sur un plan professionnel aussi bien que personnel m’enchantait énormément. Ce partenariat avec
Cyclable m’aura permis d’avoir du temps et d’obtenir une bonne partie de mes équipements pour cette randonneuse légère. Partenariat
suivi par l’ensemble du groupe Cyclable et au travers des équipes parisiennes avec lesquelles a été mûri ce projet.
C’est aussi ce qui m’a permis d’avoir un pilote pour cette machine : Laurent, de Cyclable Paris 19è a pris part à ce projet avec beaucoup
d’entrain. Lui aussi est un féru de cyclisme et un rouleur hors-pair (20eme à la BTR 2017).
Ce vélo a donc été conçu pour moi et selon les critères que je souhaitais, mais se rapproche sans nul doute plus d’une géométrie route
que de randonnée. Pour ce qui est de la fabrication, appréciant tout particulièrement les cadres à raccords, c’est donc le choix que j’ai
fait pour le triangle avant. Le triangle arrière, quant à lui, est soudo-brasé et il est court et compact pour avoir une meilleure dynamique. Il
m’aura donc été nécessaire de modifier le raccord de selle et celui du pédalier.
Les raccords avant eux aussi ont été customisés mais uniquement d’un point de vue esthétique. C’est aussi cela la touche ADV !
Le choix de rester sur du 1 pouce a été fait pour pouvoir garder plus de souplesse et aussi pour des raisons esthétiques. L’idée étant
à terme d’avoir une deuxième fourche pour ce vélo de manière à pouvoir le monter avec des pneus plus larges (700×40). C’est aussi pour
cela que les tubes arrière sont en « S bend », ce qui pourrait permettre de sortir des chemins carrossables.
La géométrie du cadre est relativement classique. Le seat tube a été coudé pour pouvoir réhausser le poste de pilotage et apporter plus
de confort. Le boîtier de pédalier a également été rehaussé d’un centimètre car je préfère rouler sur des cadres avec un déport de 6cm.
Encore une fois, ce n’est sûrement pas le plus adapté à la randonnée mais c’était pour moi un réel souhait.
Dans l’idée d’avoir un vélo « épuré » j’ai choisi d’intégrer les pattes de fixations d’éclairages au vélo. Les passages de câbles en interne et une
transmission 1×11 vitesses avec freins à disques permettent eux aussi de ne pas avoir un résultat visuel trop chargé.
Ensuite vient la sélection des équipements : j’ai fait en sorte de choisir du matériel disponible via le réseau Cyclable et avec les suggestions
de chacun, j’ai fait les choix suivants :
- Potence, tige de selle et cintre Thomson
- Le groupe Sram Force 1×11
- Selle SMP carbone
- Eclairage Supernova avant et arrière
- Système de rechargement USB Supernova
- Moyeux dynamo Son
- Moyeux arrière Sram dt240
- Jantes Mavic x821 (jantes de vtt 29’’)
- Rayonnages DT Swiss croisés par 4 pour plus de rigidité (fait moi-même)
- Pneu Challenge Paris-Roubaix 700×27
- Garde-boue carbone
- Porte-bagages avant maison en titane (avec inspiration du Tubus Tara)
- Porte-bidon Elite en inox
- Paire de sacoches arrière Ortlieb « Cyclable »
- Pompe Lezyne hp carbone
Bien évidement, l’ensemble de ces composants et accessoires ont été choisis pour leurs caractéristiques, leur légèreté et leur
fiabilité.
Toujours pour cette collaboration, j’ai aussi eu l’occasion de tourner une vidéo avec l’aide d’un ami, un beau moyen de mettre en valeur le
travail réalisé sur ce vélo, de la création au premier tour de pédales.
En revanche, je ne manquerai pas de relever un souci dans la finition de cette machine, dû à un manque d’outillage et d’expérience sans nul
doute. L’alignement de ma roue arrière est décalé de 3mm sur la gauche… Cela ne gêne en rien le bon fonctionnement de cette machine
mais je trouve ça dommage car j’aime le travail bien fini. Mais comme on le dit : «on apprend de ses erreurs» alors je peux dire une fois de
plus j’ai appris…
Le mot de la fin pour dire que tout ça m’aura permis de vivre une superbe aventure durant ces mois avant le concours. Et l’après,
avec un voyage de 3 semaines le long du Danube sera tout aussi exceptionnel ! »
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Concours de Machines 2017 – Aventure humaine, épisode 4
Cet épisode 4 sonne comme le dernier de notre « grande saga de l’été nommée : Aventure Humaine » !
Les plans réalisés, la construction faite et la présentation opérée. Il est l’heure de faire parler la bête. Pour cela, rien de mieux que le test terrain. Dans les faits, ils sont deux à avoir roulé le vélo : Laurent le premier puis Quentin durant ses vacances d’été.
Laurent habituellement technicien dans le magasin du 19e, à Paris, est également un fin rouleur qui apprécie les longues distances. 15 jours après avoir parcouru 1220 km et absorbé 20000m de dénivelé positif (!) à la Born to Ride, entre le 9 et 13 juin dernier, Laurent est le pilote Cyclable pour le Concours des Machines.
Le test terrain s’effectue sur deux épreuves. Lors de la première, Laurent a très rapidement constaté que les pneus de 27 ne sont pas taillés pour ce parcours engagé. Les 230 km font la part belle au gravel pur et dur sur pas moins de 80 km. A cet instant, la randonneuse accuse ses limites. Le bonhomme aussi puisque dans les faits, Laurent abandonne après 90 km. La douleur main gauche apparue à la Born to Ride a refait son apparition de façon bien trop violente. Avec à son boîtier de pédalier haut, la randonneuse ADV est à l’aise en gravel à l’américaine (voie blanche) mais accuse ses limites sur terrain engagé trop accidenté. Le temps exécrable n’est pas non plus à mettre de côté. A de nombreuses reprises, Laurent a été contraint de mettre pied à terre pour évacuer la boue qui s’accumulait entre les pneus et les garde-boue, bloquant littéralement la roue.
Néanmoins, ce vélo est un bon grimpeur qui procure d’excellentes sensations et ce, malgré la présence de sacoches sur la roue avant. L’association base courte / fourche droite rend même cette randonneuse très fougueuse, voire trop fougueuse ! Si la nervosité est au rendez-vous, force est de constater que le confort manque un peu à l’appel. D’ailleurs, il se murmure que Quentin travaillerait déjà sur une randonneuse digne de ce nom !
Plus à son aise lors de la seconde épreuve, Laurent termine second ex-æquo après avoir avalé 93 km de bitume. Même si au final Laurent opterait pour un second plateau afin de développer un peu plus en côte, cette première prise en main a permis de démontrer un potentiel important du vélo ADV.
A la suite du Concours des Machines, le vélo ADV et Quentin ont entrepris un trip de 1200 km en 15 jours, les menant de Stuttgart à Budapest en passant par l’Eurovélo 6, le long du Danube.
Texte Richard Mazy / Photos : A.D.V , Léandre Chéron, Laurent, Richard, Thomas de Paris 17 et Régis de Lille.