L’actualité vélo de ces derniers mois, avec le Plan Vélo et de la Loi d’Orientation des Mobilités, qui fait suite aux Assises de la Mobilité et qui sera présenté en automne 2018, l’aide de l’Etat pour l’achat d’un VAE, le développement du vélo-cargo, la multiplication des acteurs de free-floating, etc. : « tout cela traduit un dynamisme très fort du vélo dans toutes ses dimensions » explique Pierre Gogin. Les chiffres du marché du cycle 2017 le mettent en évidence.
La présentation des chiffres de l’Observatoire du cycle 2017 montre ainsi la progression du marché du cycle sur l’année écoulée. En 2017, 2 782 000 vélos ont été vendus en France, avec une progression très importante du vélo électrique, avec la prime de l’Etat, qui a propulsé le VAE au-devant de la scène.
L’Union Sport et Cycles, syndicat du vélo
Jérôme Valentin présente l’Union Sport et Cycles comme « un grand syndicat professionnel dont les produits vont dans le sens de la protection de l’environnement, du bien-être des individus, de la santé. Ce syndicat comporte 3000 entreprises et 80.000 salariés. Notre secteur est engagé au niveau environnemental et social. »
Un seul regret pour lui : « Dans notre syndicat, nous avons un énorme effort au niveau de la parité : Mesdames, je m’engage à faire un effort pour développer votre présence ».
Il souligne que « tous les pays du Nord ont une véritable politique vélo. En France, le vélo n’est pas encore dans notre culture, nous avons beaucoup de retard. L’important, c’est qu’il existe et que les politiques nous aident à développer la culture du vélo en France. Le potentiel est donc gigantesque. Faisons tous en sorte que nous ayons un Plan National Vélo. »
Karima Delli, Députée Européenne et Présidente de la Commission transport et tourisme, insiste aussi sur le besoin de changer les comportements : « il faut faire en sorte que le vélo ne soit plus considéré comme un loisir mais comme un mode de transport au quotidien« .
Situation du marché français du cycle en 2017
Source : Observatoire du cycle 2017
Le nombre de vélos vendus en France demeure stable en 2016 et 2017 ; toutefois, la valeur des vélos, pièces (cadres, fourches, composants) et accessoires (équipement du vélo et du cycliste) a fortement augmenté, de + 9,6% pour atteindre 1,278 milliards d’euros.
Où ont été vendus les vélos en France en 2017 ?
Les acteurs qui se partagent ce marché sont principalement les détaillants (55%), puis les surfaces multisports (32%). Les ventes en ligne par internet ne représentent que 8% du chiffre d’affaires, mais ce canal est en hausse de +22%, c’est-à-dire plus rapide que le marché global qui est en croissance de + 9,6%.
En nombre de vélos, ce sont les surfaces multisport telles que Décathlon ou Go-Sport qui réalisent 64% du nombre de vélos vendus en France ! Cette part est stable.
Les détaillants vendent 3,4% de vélos en moins que l’année précédente, alors même que la valeur augmente. Cela signifie que les vélos vendus sont de plus en plus chers. Cela s’explique par la montée en puissance du vélo électrique. Les détaillants vendent moins de vélos, mais des vélos avec un prix moyen plus élevé.
Les ventes de vélos par internet ne représentent que 3% du marché mais augmentent de +16%.
Source : Observatoire du cycle 2017
L’explosion du marché du vélo électrique en France
Par rapport à 2016, « cette croissance du vélo électrique se poursuit » déclare Jérôme Valentin. Les ventes de vélo électrique en France en 2017 ont augmenté de +90% passant de 134 000 vélos à 255 000 vélos électrique vendus.
Source : Observatoire du cycle 2017
Le bonus écologique a dopé cette croissance, mais notons que celle-ci était déjà de +32% l’année précédente, avant la mise en place du bonus écologique. Le vélo électrique représentait 10% des ventes de vélo en France en 2017. Le prix moyen était de 1564€, donc en très forte hausse. Ce prix moyen indique que les acheteurs de vélo électrique ont bien compris qu’un VAE n’est pas un « vélo plus », un vélo auquel on a ajouté un moteur. Jérôme Valentin explique que l’aide de l’Etat a permis « une accélération de la croissance : tant au niveau médiatique que financier ».
Cette logique amenait des représentations perverses dans l’esprit du grand public : si un vélo coûte en moyenne 500€, alors un vélo électrique doit coûter « un peu » plus cher, soit certainement autour de 800€. Le problème est qu’un VAE à un prix inférieur à 1000€ n’offre pas la qualité minimale nécessaire et provoque des déceptions en masse chez les nouveaux utilisateurs. Ce temps-là est heureusement révolu.
Avec un prix moyen à 1564€, le grand public a compris qu’un vélo électrique est un véhicule à part entière. Si l’on devait chercher une référence pour positionner le prix acceptable d’un VAE, ce serait plus certainement celui d’un petit scooter. De ce point de vue là, le prix d’un VAE de qualité entre 1500 et 3000 € est bien compris, accepté et intégré par les consommateurs.
Jérôme Valentin explique que pour affiner la perception du marché, l’étude 2019 classifiera les vélos électriques de la même façon qu’en Allemagne :
- Vélo électrique de ville
- Vélo électrique tous chemins
- VTT électriques
- Vélos cargos électriques
Jérome Valentin précise que le « speed bike » n’est pas considéré comme un vélo mais comme un cyclomoteur et ne rentre donc pas dans ces statistiques.
Trois scénarii se profilent pour 2018 suite au changement du bonus écologique
Le bonus écologique tel qu’il existait en 2017 a été reconduit mais avec des conditions beaucoup plus strictes en 2018 ; très peu d’utilisateurs y auront donc accès. A la suite de ces modifications, on peut voir se dessiner trois scénarii :
- Retour à une croissance de + 32% à partir des 255 000 VAE vendus en 2017, c’est le scénario optimiste qui amènerait le marché français à 336 000 VAE vendus en 2018.
- Retour à la courbe de croissance « naturelle ». C’est-à-dire que l’on fait abstraction de l’année 2017 considérée comme anormale, on repart des 134 000 vélos de l’année 2016 auxquels on applique une croissance qui aurait du être de + 32% en 2017 (donc 177 000 vélos) et encore une fois +32% pour 2018. Cela nous amène à un chiffre de 233 000 vélos pour 2018, donc en lègère baisse par rapport aux 255 000 VAE de 2017.
- Le scénario sombre : le bonus aurait juste déplacé les ventes dans le temps. L’excès de ventes 2017 par rapport à la normale (78 000 vélos) viendrait se retrancher aux 233 000 vélos qui auraient du être vendu en 2018. Cet effet de creux après la vague amènerait les ventes de VAE à 155 000 vélos en 2018.
Source : Cyclable
Ces trois hypothèses sont possibles, ainsi que d’autres scénarii non envisagés pour l’heure : réintroduction d’un bonus écologique, évolutions technologiques, aléas climatiques, accidents économiques, etc.
Si l’on s’en tient à ce que l’on connait aujourd’hui, il semble sage de penser que les ventes de 2018 se stabiliseront entre le premier et le second scénario, entre 260 000 et 330 000 VAE.
Pour se projeter encore plus loin, l’Union Sports et Cycles qui représentent l’industrie et le commerce du cycle en France via sa commission « Cycles et Mobilités Actives », envisage que le marché du VAE se stabilisent à terme à 35% des vélos vendus. Bien entendu personne ne s’aventurerait à risquer une date.
Source : Observatoire du cycle 2017
Le vélo pliant a le vent en poupe
Le marché du vélo pliant est lui aussi en forte croissance de +12% en volume et + 24% en valeur.
L’écart entre ces deux chiffres signifie que le vélo pliant suit de façon plus modeste que le VAE la même tendance et trouve sa place et sa pertinence dans l’évolution des modes de déplacements urbains. Perçu comme une solution de déplacement à part entière, associée ou non à un autre mode déplacement (tram, train, voiture…) le vélo pliant fait l’objet d’une exigence accrue de qualité et de performances.
C’est une équation compliquée car le vélo pliant subit directement la concurrence des nouveaux modes actifs : trottinette électrique ou non, giropodes, etc. Il semblerait que le vélo pliant tire très bien son épingle du jeu et c’est heureux !
Source : Observatoire du cycle 2017
Evidemment les chiffres de Cyclable sont plus modestes en comparaison. Nous pouvons néanmoins nous enorgueillir d’avoir mis en circulation 14 000 vélos dans les rues de nos villes en 2017. Le chiffre d’affaires de nos magasins a été de 24 M€, en croissance de +50%.
14 000 vélos… Si l’on considère que les nouveaux cyclistes se déplaçaient préalablement en véhicule à moteur thermique, alors la quantité de gaz à effet de serre qui n’on pas été émis dans l’atmosphère se compte en millions de mètres cubes. Cela représente aussi moins de trafic automobile, des villes plus douces, des gens qui prennent plus de plaisir au quotidien dans leur déplacements. Nous sommes vraiment heureux chez Cyclable, de voir que nous contribuons au quotidien à développer le nombre de cyclistes sur la route pour le bonheur de nos villes !