Le XXIème siècle sera-t-il celui de la bicyclette ? Chez Cyclable, à notre niveau, nous faisons tout pour que ce soit le cas, et nous soutenons activement les associations qui font un grand travail de lobbying. Toutefois, l’essentiel pour que la situation évolue, est que les politiques s’emparent réellement de la question.
Alors que le plan vélo national semble n’être plus une priorité, nous laissons la parole à Abel Guggenheim, cycliste du quotidien et militant, « vélo-chroniqueur » dans l’émission de Radio Rayons Libres, sur Cause Commune FM , Abel Guggenheim, qui dresse un état des lieux de la situation.
De plus en plus de personnes utilisent le vélo comme mode de déplacement : où en est-on aujourd’hui ?
« Depuis une trentaine d’années la bicyclette fait un retour progressif mais régulier : création du Club des Villes Cyclables en 1989 à Bordeaux, apparition de vélos en libre-service depuis 2005, « plans vélo » dans diverses villes…
Le vélo, dont la pratique et l’image étaient liées à ses aspects sportifs et cyclotouristiques est progressivement revenu comme mode de transport quotidien. Les responsables politiques, économiques et techniques ont contribué à ce développement : la loi sur l’air de 1996, la mise au point des Plans de Déplacement Urbain au tournant du siècle, l’accord de Paris sur le climat de décembre 2015…
Partout le nombre de personnes se déplaçant à vélo, pour se rendre à leur travail, leur lieu d’études ou pour d’autres occupations (courses, loisirs…) a augmenté. Des professionnels ont aussi découvert que leurs métiers itinérants, habituellement pratiqués en voiture, peuvent aussi bien l’être à vélo : le médecin, l’infirmière ou l’architecte en tournée, portent généralement avec eux une simple sacoche, qui tient sur le porte-bagages de leur vélo. Plombiers, peintres, libraires, déménageurs… bousculent certaines règles établies en pédalant pour leurs déplacements.
On voit aussi de plus en plus de vélos cargo, pour le transport de marchandises ou pour les familles.
Depuis quelques années se développe une forte demande de politiques destinées à économiser l’énergie, limiter la pollution et l’émission de gaz à effet de serre ; les médecins dénoncent une inquiétante augmentation de la sédentarité, favorisée à la fois par des modifications de l’activité humaine et par l’usage de modes de déplacement motorisés, individuels comme collectifs.
Tous les éléments semblent donc réunis pour que, comme le XIXème siècle a été celui des chemins de fer et le XXème celui de l’automobile, le XXIème siècle soit celui de la bicyclette. Pourtant, malgré des annonces spectaculaires, au plan national comme dans de nombreuses collectivités locales, le développement du vélo est bien plus lent que ce que l’on pourrait espérer.
Pour la plupart des tâches que nous accomplissons, nous nous servons de l’outil le plus simple (scie pour couper une planche, marteau pour planter un clou, tournevis pour visser), et n’employons leurs équivalents motorisés que lorsque les circonstances le nécessitent. Mais pour se déplacer, beaucoup de Français utilisent un outil lourd, polluant et consommant de grandes quantités de matériaux et de carburant. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les villes se sont progressivement adaptées à l’automobile.
Et pourtant, dans bien des cas, le vélo s’avère le mode de déplacement le plus efficace.
Comment mettre plus de vélos dans nos villes ?
Beaucoup de citoyens sont aujourd’hui prêts, comme dans plusieurs pays proches, à utiliser plutôt le vélo ou la combinaison vélo/transports publics lorsque c’est possible. Mais les conditions ne sont pas toujours réunies. Les responsables politiques favorables au vélo sont généralement sincères, les ingénieurs et techniciens de bonne volonté. Mais beaucoup pensent que les seuls modes sérieux sont les transports motorisés, ce qui se traduit souvent par des aménagements cyclables à la marge de la circulation des voitures, avec pour préoccupation essentielle de ne pas la perturber.
C’est l’inverse qu’il faut faire : les trajectoires directes pour les vélos, les itinéraires en marge pour les automobiles. Il ne s’agit donc pas de lutter contre l’automobile, mais simplement d’en limiter l’usage aux circonstances où elle est pertinente. Ce rééquilibrage nécessite qu’une partie de la surface qui lui est consacrée – pour circuler mais aussi pour stationner – soit réaffectée au vélo, bien moins consommateur d’espace. Des infrastructures confortables doivent être conçues et construites, en particulier les Réseaux Express Vélo (REVE).
D’autres mesures moins visibles mais importantes peuvent être prises, comme l’adaptation de la synchronisation des feux de circulation (ondes vertes) à une vitesse plus proche de la vitesse moyenne des cyclistes. Toutes ces mesures sont possibles, à des coûts raisonnables : elles nécessitent plus de courage politique que d’argent.
Quelles solutions pour donner sa place au vélo ?
Il faut aujourd’hui convaincre que le vélo est un mode de déplacement agréable et rapide, qu’il permet de parcourir sans difficulté des distances bien supérieures à ce que certains pensent, qu’on peut en faire à tout âge, sans être spécialement sportif, que les conditions météorologiques de notre pays tempéré ne sont pas un obstacle à son utilisation, qu’il est bon pour la santé, qu’il favorise la convivialité, etc.
Le vélo peut quitter la marge dans laquelle il se situe et s’imposer comme mode de déplacement significatif, comme dans les pays proches qui ont fait ce choix. Il faut aussi montrer que ce choix entraîne de très importants bénéfices, pour chaque individu mais surtout pour la collectivité.
Alors, le XXIème siècle sera-t-il celui de la bicyclette ? »