Cette année, à l’occasion de ce 8 mars, Journée Internationale des femmes, nous vous amenons à la rencontre de trois jeunes filles à la personnalité bien affirmée et à l’énergie débordante. Mireille, Hakima et Astrid sont les héroïnes du roman bien nommé Les Petites Reines. La vie n’est pas facile pour ces trois adolescentes ; elles décident de prendre en main leur destin et partent en voyage à vélo sur une drôle de monture qu’elles ont conçue elles-mêmes. Un projet collectif hors-normes qui met en avant des valeurs fortes, que nous partageons chez Cyclable.
Trois filles pour un drôle de voyage à vélo
Elu, entre autres, meilleur livre Jeunesse en 2015 par le magazine Lire, Les Petites Reines, de Clémentine Beauvais, a aussi reçu le prix Sorcières 2016. Plus de 40.000 exemplaires vendus et un grand succès auprès des jeunes et de leurs parents qui s’emparent de ses romans dès que leurs adolescents ont le dos tourné !
Ces trois jeunes filles, violemment moquées à cause de leur physique, s’aperçoivent que leurs destins sont liés à la garden-party de l’Elysée. Elles partent donc à vélo rallier Paris depuis leur ville natale, Bourg-en-Bresse, en vendant ironiquement des boudins à chaque halte sur leur route et gagnent une portée médiatique inattendue.
Une histoire rocambolesque, dans laquelle Clémentine Beauvais jongle en permanence avec justesse et sensibilité, sans cacher une vérité souvent crue.
Les Petites Reines, un roman positif qui casse les clichés
Les Petites Reines, c’est un livre qui fait du bien, mais qui sait aussi gratter là où ça fait mal : derrière l’humour se cachent des thèmes délicats tels que la discrimination, le harcèlement scolaire, les complexes, le handicap… Dans ce road-trip à vélo entre filles, drôle et émouvant, les valeurs humanistes sont toujours au centre, et les Petites Reines, qui possèdent une belle dose d’auto-dérision, sont terriblement attachantes.
Une vraie leçon de courage et d’humour, animée par un rythme endiablé, une écriture enlevée et une approche toujours positive et bienveillante.
Une vision du vélo tendre et décalée
Voici l’extrait d’un passage qui a fait écho parmi les lecteurs du roman, chez Cyclable :
« Je ne sais pas si vous avez fait du vélo, récemment ?
Peut-être que vous faites souvent du vélo. Dans ce cas-là, vous avez peut-être trop l’habitude pour continuer à remarquer :
A remarquer la magie.
La magie d’un vélo, c’est que c’est un balai ; […] il répond aux doigts, aux pieds, au bassin, on n’a pas besoin de dire à un vélo où il doit aller, il le sait : c’est un balai volant.
La magie d’un vélo, c’est que c’est aussi un cheval […] qui a parfois des problèmes de sabots, qui halète et qui grince des dents quand il heurte un nid-de-poule ; alors il faut caresser son vélo et lui parler, c’est important : c’est un cheval.
La magie d’un vélo, c’est que c’est une machine cliquetante et métallique, un miracle de mécanique ; il faut s’émerveiller de ses rouages. »
Utiliser le vélo permet à l’auteure de faire passer de nombreux thèmes qui nous tiennent à coeur : le vélo et la santé, le vélo comme moyen de réaliser un projet, le vélo et l’autonomie.
Clémentine Beauvais nous a fait l’amitié de répondre à quelques questions sur ce livre qui nous a touchés. Interview croisée en compagnie de Thelma (12 ans), l’une de ses fidèles lectrices.
Cyclable – Vos romans sont toujours bien ancrés dans les réalités de notre société. C’est le cas des Petites Reines.
L’actualité m’inspire beaucoup pour les romans ados, j’y puise souvent l’idée de départ. Pour Les Petites Reines, ce qui a été très important, c’est de faire quelque chose qui se passe en province, dans la nature et dans des petites villes. J’avais envie de faire une histoire qui se passe l’été, sur les routes, en France, avec des héroïnes qui ne sont pas parisiennes, pas statiques. Le thème de la discrimination m’est venue à partir de l’idée des boudins, et de là est venu le concours. Finalement, ce sont plein d’idées qui se catalysent ensemble.
Cyclable – A quel moment vous est venue l’idée du vélo dans cette histoire et pourquoi avoir fait voyager les Petites Reines à vélo ?
En fait, je cherchais un moyen de les faire aller de Bourg-en-Bresse à Paris qui prenne, narrativement parlant, un nombre de jours qui soit assez pratique (sourire). Ce qui m’intéressait, c’était d’avoir des filles qui soient en mouvement. Dès que j’ai pensé au vélo, ça a tout animé parce cela amène un motif intéressant, le vélo : un effort physique, le fait d’être exposées aux éléments, les côtes à affronter…
Cyclable – Est-ce que c’était nécessaire que les héroïnes soient des filles et que leur handicap soit leur corpulence ? Est-ce que l’histoire aurait fonctionné pareil avec des garçons ?
C’est une question qu’on me pose très souvent dans les collèges, parce que ça travaille beaucoup les garçons. Les héros auraient pu être des garçons mais je n’aurais pas présenté les choses de la même manière. J’aurais sans doute plus joué sur le côté gringalet, le manque de musculature, ou le profil geek ou looser. On attaque beaucoup les filles sur leur apparence physique : sur leur poids, leur visage, leur poitrine… Si cela avait été des garçons, il aurait fallu créer une autre histoire et les emmener ailleurs, cela aurait été complètement différent.
Cyclable – Les Petites Reines ont reçu plusieurs prix. Cela vous a surpris que cette histoire touche autant les lecteurs ?
C’est vrai, il y a une résonnance particulière autour des Petites Reines, et cela reste le cas, même après plusieurs années. C’est vraiment un grand bonheur : je reçois toujours des e-mails, des lettres suite à ce livre. C’est un roman beaucoup emprunté dans les bibliothèques. De ce fait, il a atteint le côté classique/contemporain dans les CDI, d’une certaine manière.
C’est aussi le roman auquel je suis le plus attachée en termes d’affection. Parce que lorsque j’étais jeune ado, j’étais grosse lectrice, très mal dans ma peau et bien complexée. Je me souviens très bien de ce que les livres m’apportaient à cette époque. Et quand je reçois un message d’une jeune fille de 12-13 ans, cela me touche beaucoup.
Et puis, il y a quand même des ingrédients dedans qui font partie des histoires intemporelles dans le genre du road-trip. Un voyage qui mène à un but précis avec quatre personnages qui ont chacun une quête différente. Enfin, le ton, très comique, était assez original à l’époque.
Cyclable – C’est un livre drôle, mais il y a aussi de vrais moments d’émotion. Comment avez-vous trouvé cette justesse entre ces deux registres ?
En fait, c’est assez proche de la manière dont je vois le monde en général, de ma voix de tous les jours. Il est très facile d’écrire des choses drôles qui sont dans le sarcasme pur, dans l’ironie. C’est plus difficile d’avoir des moments de tendresse ou touchants, ou alors de faire de l’humour avec un contenu derrière, au-delà du narquois. Mon éditeur m’a beaucoup aidée : il m’a incitée à mettre plus de tendresse, à faire passer plus de vulnérabilité.
Cyclable – Et vous, quel est votre rapport au vélo ?
Ce qui est drôle, c’est que je suis entrée sur le projet sans rien y connaître. J’ai fait des recherches intensives sur le vélo (rire). En revanche, depuis que le livre est sorti, c’est fou ce qu’on m’offre d’objets avec des motifs de vélo (pin’s, coussin, robe, cartes, marque-pages…) ; je pourrais ouvrir un magasin !
Un grand merci à Clémentine Beauvais pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Aucun doute, même en cherchant bien, vous ne trouverez pas ce drôle d’attelage vélos et remorque chez Cyclable 😉, mais nous vous invitons à lire et à offrir ce roman à vos adolescents : un livre qui transmet toute son énergie au lecteur !
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