Ancien journaliste sportif, Christian Prudhomme dirige la « Grande Boucle » depuis 2007 et nous explique comment le Tour de France, historiquement ancré dans l’univers de la compétition, soutient le mouvement pour la mobilité douce et durable.
Quel rôle peut avoir le Tour de France pour inciter à utiliser le vélo pour les déplacements quotidiens ?
« Opposer le vélo comme moyen de déplacement et le vélo de compétition est très franco-français. Dans les pays du nord de l’Europe, il existe naturellement un lien entre les 2 univers. En 2007, le Tour s’était élancé de Londres. Le maire de l’époque, Ken Livingstone, avait inscrit l’accueil du Tour de France comme un symbole pour lancer le plan de déplacement de la ville.
Les Pays-Bas qui vivent au rythme de la bicyclette ont baptisé leur Plan Vélo à horizon 2020 « Tour de Force » y associant un logo proche du nôtre !
Faire que le lien entre la bicyclette du quotidien et le vélo des champions devienne une évidence comme c’est le cas chez nos voisins nordiques est une priorité.
Nous avons 300 candidatures de collectivités pour 35 places pour les étapes du Tour de France. Dans les critères de sélection, nous renforçons la prise en compte de ce que font les territoires pour développer la pratique du vélo. »
Vous contribuez aussi à construire des liens en vous adressant particulièrement aux enfants ?
« L’apprentissage du vélo, le respect des règles de circulation sont les bases des actions que nous menons depuis 3 ans au sein des « Ateliers du Tour » dans un certain nombre de villes étapes.
Autre action : il y a 3 ans nous avons lancé la dictée du Tour. 10 000 enfants y ont participé en 2018 et 41 communes ont été impliquées.
Cette année, nous ferons en sorte que la plupart des élèves se rendent à vélo sur l’événement. Avec une ville symbolique, Saint-Dié-des-Vosges, étape du Tour et ville de naissance de Jules Ferry.
Je suis très sensible au « Savoir Rouler » qu’a lancé le gouvernement au travers du Plan Vélo. La bicyclette n’a jamais été aussi tendance, on voit des vélos dans les magasins de mode, des couturiers ont développé des collections en lien avec le vélo… et en parallèle, on n’apprend plus aux enfants à faire du vélo. Le savoir rouler devrait être un incontournable des programmes scolaires au même titre que le savoir nager. La bicyclette du quotidien est l’avenir du vélo des champions !
Nous devons renverser la tendance et faire en sorte que tout le monde sache pédaler. Que la pratique du vélo au quotidien perde son image « bobo », et qu’elle devienne un mode de vie, un art de vivre. »