En facilitant et en sécurisant les déplacements du quotidien, le vélo s’est imposé comme l’instrument incontournable du déconfinement. Et s’il était aussi la solution idéale pour des vacances réussies ? Les conditions, en effet, ont exacerbé les envies de grand air et invitent au voyage de proximité. De nouveaux enjeux touristiques auxquelles la France a de quoi répondre. Avec son réseau de petites routes secondaires unique au monde et l’incroyable diversité de ses paysages, notre pays constitue une terre d’aventures cyclistes sans pareille. Mais où partir exactement ? Voici une sélection de 12 itinéraires cyclotouristes de 80 à plus de 1000 km ainsi que quelques conseils pour dénicher d’autres parcours adaptés à vos mollets.
Des tracés aménagés pour le vélo et balisés pour le cyclotouriste
« 2020 : l’année du voyage à vélo, plus que jamais ». Telle est la conviction de France Vélo Tourisme qui appelle à se saisir du contexte sanitaire actuel pour repenser son rapport au voyage et à monter en selle pour partir en vacances. L’association qui œuvre pour faire de l’itinérance à vélo une filière de tourisme durable de premier plan, a même lancé un hashtag spécifique (#JeVoyageAVelo) pour encourager à découvrir l’un des 21 parcours longue distance dont elle assure la promotion. Au total, plus de 15 000 km d’itinéraires aménagés (parmi lesquels 9 EuroVelo) sur des pistes cyclables, des voies vertes ou des petites routes peu fréquentées qui permettent de sillonner le pays tout entier au calme et en sécurité. L’idéal pour se lancer ou voyager en famille notamment. Notre sélection :
Pour débuter (2-4 jours) :
PassaPaïs, la voie verte du Haut-Languedoc
- Trajet : Mazamet (81)-Bédarieux (34)
- Distance : 76 km
- Dénivelé positif : 550 m
Entièrement aménagé sur une ancienne voie ferrée, cet itinéraire franchit la ligne de partage des eaux reliant les deux versants du midi, l’atlantique et le méditerranéen. Une caractéristique qui lui a donné son nom : PassaPaïs, Passe-Pays en occitan. Entre garrigue et moyenne montagne, cette courte traversée du Haut-Languedoc chemine essentiellement sur des pistes en sable compacté au fil de ponts et de tunnels ferroviaires dont l’éclairage se déclenche sur votre passage. Un tracé idéal pour s’initier à l’itinérance à vélo en famille, le temps d’un week-end. En quasi-totalité sur des axes interdits à la circulation motorisée, le parcours offre la garantie d’une escapade sereine sans difficulté majeure.
En tête-à-tête avec le Haut-Rhône
- Trajet : Lyon (69)-Seyssel (74)
- Distance : 200 km
- Dénivelé positif : 740 m
Cette section de la ViaRhôna permet de quitter la capitale des Gaules en restant à l’écart de la circulation sur des pistes cyclables protégées. Accompagnant les sinuosités du Rhône à travers l’Ain, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, l’itinéraire révèle les multiples facettes du grand fleuve, parfois industrieux (barrages hydroélectriques, centrale du Bugey, cimenterie de Montalieu-Vercieu), parfois propice à l’agrément (ports de plaisance, bases de loisirs), parfois sauvage comme dans les surprenantes gorges de la Balme. Sans relief prononcé, le parcours est abordable par tous et peut même être envisagé en vélo à assistance électrique.
La Vélobuissonnière
- Trajet : Alençon (61)-Saumur (49)
- Distance : 250 km
- Dénivelé positif : 756 m
Des petites routes transversales et des voies vertes pour musarder paisiblement entre la Normandie et la terre des châteaux de la Loire. De la cité de la dentelle aux vignobles de Saumur, le tracé dévoile un patrimoine d’une richesse sans pareil au fil de la vallée de la Sarthe puis de celle du Loir. Le parcours s’attarde notamment au cœur des villages pittoresques des bien nommées Alpes Mancelles. Pas de cols en altitude dans ce petit massif, mais un relief tourmenté avec quelques belles bosses, courtes heureusement, qui viendront pimenter cette randonnée paisible.
Pour aller plus loin (1 à 3 semaines)
La Véloscénie
- Trajet : Paris (75)-Mont-Saint-Michel (50)
- Distance : 465 km
- Dénivelé positif : 1734 m
Partir en voyage à vélo depuis le cœur de la capitale, c’est possible ! La Véloscénie s’élance depuis le parvis de la cathédrale Notre-Dame et relie la baie du Mont-Saint-Michel via la forêt de Rambouillet, Chartres, les vallons du Perche et le bocage normand. Une course à la mer qui déroule une variété de paysages insoupçonnée et permet la découverte de 5 sites historiques inscrits au patrimoine de l’Unesco.
Balisé à 98% dans les deux sens, le parcours emprunte de longues portions de voies vertes, des petites routes peu fréquentées et quelques chemins forestiers. Près de 80 hébergements labélisés « Accueil vélo » (campings, hôtels, chambres d’hôtes) jalonnent cet itinéraire qui peut s’envisager en une semaine.
Le Tour de Bourgogne
- Trajet : boucle, départ possible de Dijon (21) ou d’Auxerre (89)
- Distance : 662 km
- Dénivelé positif : 2140 m
Une randonnée pleine de promesses, gastronomiques et historiques surtout, qui avec plus de 650 km s’aborde comme un véritable voyage. Du Canal de Bourgogne, à l’incontournable Voie des Vignes, en passant par le Canal du Centre ou celui du Nivernais, l’itinéraire assure la connexion entre différents sous-ensembles cyclables formant ainsi une grande boucle cohérente à l’échelle régionale. De chapelle en château, de cave en écluse, le parcours qui privilégie les voies vertes et les chemins de halage, brosse un portrait détaillé de ce terroir d’exception. Notons que le circuit n’est pas aménagé dans sa totalité et que sur certaines sections, il faudra naviguer par vos propres moyens. A vos cartes ou GPS !
Le grand Tour de Bretagne
- Trajet : boucle, départ possible de Rennes (35) ou de Vannes (56)
- Distance : 1100 km
- Dénivelé : 8750 m
Officiellement, il n’existe pas de grand Tour de Bretagne à vélo. Mais il est facile de composer un circuit qui explore les pourtours de la péninsule en s’appuyant sur le vaste réseau cyclable régional qui comprend 2000 km d’itinéraires balisés et pas moins de 9 grands parcours sur véloroutes et voies vertes. Cette échappée se veut maritime bien sûr. Elle sinue de pointes en caps, de phares en petits ports de pêche, elle s’attarde le temps d’une « assiette du grand large » ou d’un kouignamann à Concarneau, à Roscoff, à Dinan. Mais elle délaisse aussi parfois le littoral pour se perdre dans la forêt de Brocéliande par exemple ou découvrir la forteresse de Fougères. Sur l’ensemble de la boucle, gare au relief armoricain bien plus revêche qu’il n’y paraît surtout si vous êtes lourdement chargé et peu habitué à grimper.
L’interconnexion de plus en plus aboutie du réseau cyclable national permet même d’imaginer un tour de France digne de ce nom de 4000 kilomètres qui emprunte des sections de 10 grands itinéraires comme la Loire à vélo, la Vélodyssée ou le Canal des 2 mers. Quelques liaisons (environ 250 km) s’effectuent toutefois sur routes ouvertes hors réseau aménagé. Prudence !
Des escapades montagnardes
Quelle est la différence entre le cyclotourisme et le bikepacking ? L’âge du capitaine, ironiseront certains. Si le jargon qui désigne la pratique a évolué (tout comme l’équipement) et s’est teinté d’anglicismes, le voyage à vélo n’est pas une activité récente. A l’évidence, l’itinérance sur deux roues connaît aujourd’hui un nouvel essor, mais des générations d’adeptes de la bourlingue à pédales ont ouvert la voie en sillonnant l’Hexagone dans ses moindres recoins. Et leur héritage en termes d’itinéraires au long cours est considérable. Pourquoi alors ne pas puiser dans cette mine géographique pour dénicher un circuit pour les vacances ? La Fédération française de cyclotourisme (FFCT) via son portail veloenfrance.fr recense plusieurs centaines de randonnées permanentes dans tout le pays. Et nombreuses sont celles à faire la part belle au dénivelé. Petite sélection :
Le Tour de l’Aveyron
- Trajet : boucle, départ possible de Millau (12) ou Rodez (12)
- Distance : 700 km
- Dénivelé : 7295 m
Du plateau de l’Aubrac, arrosé et volcanique, aux Grands Causses arides, percés de gorges et de cavités souterraines, cet itinéraire explore les confins méridionaux du Massif central par les routes détournées. Une expérience de solitude dans un milieu épuré et rigoureux, où l’empreinte de l’homme, toutefois, n’est jamais loin. Châteaux et commanderies, hérités des Templiers, hérissent toujours les terres du Larzac comme à la Couvertoirade, notamment. A Millau, c’est l’incontournable viaduc plus haut que la Tour Eiffel qui occupe le paysage de toute sa stature. Mais c’est peut-être les nombreuses spécialités culinaires locales qui marqueront le plus les cyclistes engagés sur ce circuit exigeant. A défaut de faire grimper plus vite, les tripous, la fouace, le gâteau à la broche et l’immanquable Roquefort offriront d’inoubliables instants de réconfort.
Le Tour du Vercors et du Diois
- Trajet : boucle, départ possible de Grenoble (38)
- Distance : 486 km
- Dénivelé : 5989 m
Une virée sublime entre les Alpes et la Provence, une extraordinaire partie de saute-montagne sur les routes les plus spectaculaires d’une région qui porte encore les plaies béantes des sacrifices de la Résistance. L’ombre de la guerre et de ses horreurs surgit notamment sur le site de Valchevrière. Mais l’itinéraire rend hommage également à l’Homme bâtisseur en particulier sur la route aérienne de Combe-Laval et ses tunnels percés dans la roche. La nature, bien entendu, n’est pas en reste et offre au regard des merveilles tels que « l’inaccessible » Mont-Aiguille ou les tourmentées Gorges du Nan. Des trésors dont l’écrin ne se déverrouille qu’au prix de formidables, mais éprouvantes ascensions.
Le Raid pyrénéen
- Trajet : Hendaye (64)-Cerbère (66)
- Distance : 720 km
- Dénivelé : 11000 m
Un périple pour tutoyer le ciel sur la dorsale escarpée qui relie l’Atlantique à la Méditerranée. Au programme, 18 cols sur lesquels s’est écrite la légende cycliste du massif, dont l’Aubisque ou le Tourmalet. Une affaire de grimpeur certainement ou de contemplatifs aux mollets aguerris qui verront défiler dans la mire de leur guidon les paysages verdoyants du Pays Basque et leur montées redoutables, puis les gaves tumultueux de l’Ariège et enfin les terres sèches des Albères se précipitant dans la mer. Intimes, sauvages, brutales aussi, ces montagnes marquent les corps et les esprits. Car elles récompensent les efforts consentis par un éblouissement permanent qui naît de la majesté des paysages, du charme des villages haut perchés et de l’authenticité de la gastronomie locale, savoureuse et réparatrice, de la croustade aux pommes au « bole de Picoulat ».
Des parcours gravel ou tout-terrain
L’aventure commence quand la route s’arrête. Si vous avez fait vôtre cette devise peut-être chercherez-vous à composer un itinéraire qui se tienne éloigner du goudron au profit des chemins de traverse et des sentiers forestiers. En la matière, la France, là-aussi, n’est pas en reste. Voici trois suggestions pour répondre aux besoins de nature de la communauté grandissante des adeptes du gravel et du tout-terrain.
La Grande Traversée du Massif central
- Trajet : Avallon (89)-Agde (34)
- Distance : 1380 km
- Dénivelé : 25 000 m
La GTMC pour les intimes est assurément l’un des plus beaux itinéraires off-road de l’Hexagone, une sorte de Great Divide à la française qui relie le Morvan à la Méditerranée via les volcans d’Auvergne, les Cévennes et les Causses. Imaginé au milieu des années 1990 avec l’âge d’or du VTT, puis un temps laissé de côté, le parcours a été officiellement réhabilité en 2018… en plein essor du gravel. Inévitablement, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que des téméraires tentent l’aventure sur leur machine au guidon recourbé. Verdict ? Ça passe avec des montures chaussées large, équipées de préférence en tubeless… et une bonne dose de persévérance ! Globalement, le parcours exclue le portage et il est même envisageable de l’aborder en VTTAE. Le tracé s’attarde dans de nombreux villages et hameaux où hébergeurs, restaurateurs ou bistrotiers permettront de recharger les batteries.
La Traversée du Massif vosgien
- Trajet : Wissembourg (67)-Thann (68)
- Distance : 406 km
- Dénivelé : 9736 m
Entre lacs, crêtes et forêts profondes, ce tracé VTT, balisé par l’antenne alsacienne de la FFCT, connecte des chemins de sous-bois, des petites routes délaissées et quelques singletracks pour une plongée intime au cœur des Vosges depuis la frontière allemande. Un itinéraire orienté nature qui ne boude pas pour autant les merveilles architecturales du massif, du château fort du Bernstein, perché sur son rocher comme un nid d’aigle, à l’atmosphère feutrée du monastère du Mont-Saint-Odile. Sans difficulté technique majeure, le parcours n’en demeure pas moins exigeant physiquement avec des ascensions éprouvantes et répétées. Des efforts que feront vite oublier quelques tartines à la crème de munster et la charcuterie locale. Pour rendre l’aventure réalisable et plaisante en gravel, privilégiez une machine typée monster cross avec des pneus larges.
La Grande Traversée de l’Ardèche
- Trajet : Annonay (07)-Bourg-Saint-Andéol (07)
- Distance : 315 km
- Dénivelé : 5569 m
Privilégiant les chemins de grande randonnée, cette échappée explore d’abord l’Ardèche côté montagne, sinuant de curiosités géologiques, en villages haut perchés. Spectaculaire, l’itinéraire traverse les grands espaces du pays des Sucs, dominé par le Mézenc et l’emblématique Gerbier-de-Jonc avant de plonger vers les Gorges de l’Ardèche et les terres plus méridionales du département. Inévitablement, au pays des cailloux, il faudra composer avec quelques sentiers cahoteux, mais globalement le niveau technique du parcours reste modéré. Idéal pour une première expérience d’itinérance off road pour peu qu’on ait l’habitude de rouler à VTT. Sans quoi, la possibilité de cheminer en VTT à assistance électrique reste envisageable. La recharge des batteries servira de prétexte à la dégustation d’un saucisson de pays, d’une tranche de maôche ou d’une part de fondant aux marrons.
Inventez vos propres trajets !
Vous ne trouvez pas votre bonheur parmi notre sélection d’itinéraires ? Pourquoi ne pas en tracer un qui corresponde spécifiquement à votre profil et à vos envies ? Il existe différentes applications qui vous permettront de dessiner un parcours entièrement personnalisé. Les outils de planification avancés proposés par Komoot, Strava ou Openrunner par exemple, vous permettront de déterminer un trajet en tenant compte du dénivelé, de la circulation, mais aussi de la nature des surfaces à privilégier selon votre pratique : route, gravel, VTT. Bien entendu, rien ne vous empêche de puiser l’inspiration dans une carte papier qui vous offrira, en plus, une vue d’ensemble de votre itinéraire. Une bonne complémentarité avec le digital.
Quoi de mieux pour une aventure de proximité que de débuter sur le pas de votre porte ? Ne boudez pas pour autant le train qui vous permettra d’élargir votre rayon d’action. Le transport des vélos, même si parfois la place fait défaut, est gratuit et non soumis à la réservation dans les TER.
N’hésitez pas à partager vos meilleurs itinéraires !
Crédit photo : Olivier Godin