Il existe de multiples façons d’agir contre le réchauffement climatique. Monter en selle est sans doute l’une des plus simples et des plus concrètes. Chaque nouveau coup de pédale contribue à un cercle vertueux qui améliore la qualité de l’air, apaise les déplacements, libère l’espace public.
En somme, pose les conditions d’un mode de vie plus vert et plus durable. Et si la bicyclette était l’outil qui pouvait réparer l’avenir ? A l’ère du Covid, on sait à quel point le vélo a permis de repenser les déplacements. Tour d’horizon des effets écolos du vélo.
Comment le vélo transforme les villes
En la matière, la capitale danoise fait figure de championne du monde. Depuis 1991, Copenhague est parvenue à réduire ses émissions de CO2 de 60%. Le résultat d’une politique volontariste en faveur des transports en commun, mais surtout du vélo placé, de longue date, au coeur de l’aménagement urbain. Face au défi de la qualité de l’air et de la mobilité en zone dense, de nombreuses métropoles internationales ont pris conscience du pouvoir de la petite reine.
À New-York, à Barcelone, à Londres, le modèle danois fait des émules, et la crise sanitaire a considérablement accéléré le processus.
À Paris également, la « copenhaguisation » est en marche avec, notamment, le développement du Réseau Express Vélo (REVe). Doubles sens cyclables, zones 30, parkings adaptés, même si les récents aménagements ne comblent pas toutes les attentes des cyclistes, la ville se réinvente et affiche un visage moins pollué et plus apaisé. Des mutations qui se répercutent directement sur le mode de vie des citadins.
Caroline Vetsmany habite en périphérie de Lisbonne, au Portugal. Pour ses déplacements du quotidien, elle ne jure que par son Yuba Boda Boda, un longtail électrique. « On trouvait ridicule d’avoir une deuxième voiture alors que je ne fais que 3000 km par an. Pour accompagner les enfants à l’école à 4 km, mon cargo est parfait. Là où la voiture crée du stress, le vélo détend. Il m’apporte aussi la satisfaction de réduire mon empreinte carbone.»
Comment le vélo peut agir au-delà des centres urbains
Si dans les grandes agglomérations, les cyclistes se réapproprient l’espace public, la dynamique peine à s’enclencher au sein des zones de moyenne de densité (ZMD). Dans ces territoires situés entre les centres urbains et la campagne, où vivent 27 millions de Français, la mobilité quotidienne est assurée à 85% par la voiture particulière. La conséquence de décennies de politiques favorisant l’étalement urbain. Pourtant, sur ces secteurs aussi, le vélo pourrait jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
C’est en tout cas la conclusion d’un rapport publié par The Shift Project, un think tank qui oeuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone. « Selon nos scénarii, le développement d’un système vélo pourrait réduire de 15 à 33 % les émissions de CO2 de la mobilité quotidienne dans le périurbain, et ce pour un coût très limité », assure Clémence Vorreux, coordinatrice mobilité au sein du groupe de réflexion. Dans les ZMD, 57% des déplacements correspondraient à des distances inférieures à 5 km. « Il existe un gisement de trajets réalisables à vélo important. Seulement aujourd’hui, les infrastructures sont trop favorables à la voiture. »
Comment le vélo redéfinit le rapport au voyage
Pédaler jusqu’à son lieu de travail, pour faire ses courses et pourquoi pas pour partir en vacances ou même faire le tour du monde. S’il n’existe pas de chiffres détaillant
le phénomène, le voyage à vélo fait de plus en plus d’adeptes. Un point commun, souvent, entre ces baroudeurs : leurs préoccupations environnementales. Beaucoup affichent leur volonté de ne pas prendre l’avion ou du moins de limiter l’usage des transports motorisés.
Une décision qui implique de repenser son rapport au voyage et de questionner les notions de vitesse, de distance ou d’exotisme. « Oui, on peut voyager à cinq, à l’improviste, à vélo ou en sac à dos sans partir à l’autre bout du monde. Nos derniers périples ont tous été effectués dans notre région en Occitanie, nous permettant de la découvrir sous un autre angle, à notre rythme », explique Mariode Fabre qui a créé un blog pour partager ses aventures sur deux roues en mode tribu. Dans le sillage de ces voyageurs à pédales, se développent des infrastructures pour démocratiser l’itinérance, comme le réseau EuroVelo.
D’ailleurs, de nouvelles pratiques se développent à vive allure : le gravel bike, le bikepacking…
Comment le vélo se réinvente pour être toujours plus vert
Nombreuses sont les initiatives pour tenter d’optimiser les atouts écologiques de la petite reine. Elles émanent souvent de passionnés à la conscience environnementale
forte, à l’image de Stéphanie Wiss. Cette employée de Cyclable Strasbourg Gare conjugue son goût pour la récup’ et ses talents artistiques pour confectionner des ceintures, des lampes, des « trophées de chasse » à base de pièces de vélo usagées. « Je me sentais coupable de jeter autant de vieux pneus et de chambres à air. Surtout qu’aux alentours de Strasbourg, il n’existe aucune filière de retraitement. Je me suis donc demandé si je ne pouvais pas les recycler d’une quelconque façon. Et j’ai réalisé mes premières ceintures ! », confie-t-elle.
Le recyclage, c’est également une des raisons d’être des ateliers d’auto-réparation Solicycle, partenaires de Cyclable, à Paris. Leur mission : collecter les déchets générés par le milieu du vélo pour tenter de leur donner une seconde vie. « En boutique, certaines pièces sont mises au rebut sans pour autant être totalement inutilisables. Elles peuvent convenir à nos adhérents qui ont le temps de venir bricoler dans nos ateliers et pas forcément les moyens d’acheter du haut de gamme régulièrement », explique Eric Joly, coordinateur technique Île-de-France de l’association. Un rôle écologique, mais également social et solidaire. Chaque année, l’organisation accompagne, via le support de la mécanique vélo, des salariés en contrat d’insertion vers le retour à l’emploi.
Dans un autre registre, l’ancien cycliste de haut niveau Félix Hebert s’est lancé en 2016 dans la fabrication de vélos en bambou, via sa startup Cyclik. Un matériau végétal qui lui permet de réaliser des montures personnalisables 100% made in France. Et les marques historiques ne sont pas en reste. Conscientes des aspirations écolos des cyclistes, elles multiplient les efforts pour limiter leur impact environnemental. Vaude, qui se définit comme l’équipementier outdoor le plus écologique d’Europe, a par exemple créé le label Green Shape, garantissant des produits durables, conçus sans PVC et avec des matériaux recyclés.