Pédaler, c’est bon pour le porte-monnaie ! Pas de parking, pas de carburant, un prix d’achat et d’entretien contenu… A titre individuel, privilégier le vélo à la voiture pour ses déplacements du quotidien permet de ménager son budget. Mais à plus grande échelle, l’usage régulier de la bicyclette s’avère vertueux pour le secteur économique tout entier et, par extension, pour la société dans son ensemble.
Le vélo profitable à tous, cyclistes et non-cyclistes ? La preuve grâce à ces 10 considérations de « bikeconomics », l’économie revisitée à hauteur de guidon !
1. Le vélo réduit les heures improductives passées dans les embouteillages
163 heures, c’est le temps moyen perdu dans les bouchons par un automobiliste de la région parisienne, en 2019. Presque une semaine, coincé dans le trafic…
Pour s’affranchir des tourments de la circulation, une solution : le vélo, moyen de locomotion le plus efficace en milieu urbain ! A l’échelle d’une ville, la mise en place d’un maillage cyclable cohérent et abouti, décongestionne et améliore l’accessibilité des zones les plus fréquentées.
La bicyclette agit alors comme un levier qui libère du temps collectif pour des occupations plus épanouissantes et constructives.
2. Le vélo redynamise le commerce de proximité
« No parking, no business ! » Même si elle tend à perdre en popularité, cette formule ressurgit régulièrement dès lors qu’il est question de supprimer des places de stationnement en centre-ville. Alors, la bonne santé du commerce de proximité dépendante de l’usage de la voiture, cliché ou réalité factuelle ? Les études réalisées sur le sujet partagent le même constat. Certes, les automobilistes dépensent plus à chacune de leur visite, mais les cyclistes, en revenant plus régulièrement, s’avèrent de meilleurs clients sur la durée. Ils sont également plus fidèles aux enseignes de centre-ville contrairement aux usagers de la voiture plus prompts à se déplacer en périphérie vers les hypermarchés. Bref, pour les commerçants locaux, le vélo, c’est bon pour les affaires !
3. Le vélo améliore l’efficacité en entreprise
Les salariés qui pratiquent le vélotaf réduisent leurs dépenses de déplacement. Mais ils agissent aussi indirectement en faveur des finances de leur entreprise ! En se montrant plus ponctuels, tout d’abord. A bicyclette, fini les retards liés aux aléas des transports en commun ou du trafic routier ! En participant à la baisse du taux d’absentéisme également. Chez les salariés habitués à pédaler, les arrêts maladie seraient 15 % moins fréquents, selon cette étude danoise.
Enfin, venir au travail à vélo stimulerait les fonctions cognitives, le bien-être et la concentration. En résumé, monter en selle serait synonyme d’une meilleure efficacité.
A mettre aussi au crédit des salariés cyclistes, une baisse significative des dépenses liées à l’aménagement de parkings. Un dispositif de stationnement vélo à arceau coûterait 50 fois moins cher qu’une place pour automobile (source : revue Vélocité décembre 2006).
Autant de bonnes raisons pour les entreprises d’encourager leurs collaborateurs à mettre le pied à la pédale, en déployant, par exemple, le forfait mobilités durables (FMD).
4. Le vélo crée des emplois
Avec la crise sanitaire, le vélo est entré dans une nouvelle dimension. Efficace, garant des gestes barrières, mais aussi respectueux de l’environnement, il s’est imposé comme l’un des véhicules les plus en phase avec les enjeux du moment. En 2020, la pratique a bondi de 10 % (+27 % hors période de confinement) et le marché du cycle, porté notamment par l’essor du VAE, s’est envolé dans le même élan de 25 % pour dépasser 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires (Source : Union Sport & Cycle). Pour accompagner ce développement sans précédent, la filière recrute tous azimuts et peine même à combler tous ses besoins. Une opportunité de débouchés durable car les perspectives de croissance s’annoncent particulièrement favorables pour les 5 à 10 années à venir.
Et le phénomène dépasse le simple cadre de la fabrication et de la distribution de cycle. Les secteurs de la logistique à vélo, du tourisme ou des aménagements cyclables s’avèrent tout aussi porteurs. A l’heure actuelle, l’économie élargie du vélo représente près de 80 000 emplois. Mais ce chiffre pourrait rapidement s’envoler !
5. Le vélo nécessite des aménagements peu coûteux
… Et même dérisoires comparés au prix des infrastructures dédiées aux automobiles A débit identique, une piste cyclable coûterait 200 fois moins chère qu’une autoroute urbaine, une place vélo dans un local couvert 30 fois moins qu’une place pour voiture dans un parking souterrain (Source : revue Vélocité décembre 2006). Mieux en facilitant les déplacements à bicyclette, ces investissements contribueraient à dégager des bénéfices pour toute la collectivité. Selon l’organisation néerlandaise Dutch Cycling Embassy, chaque kilomètre parcouru en pédalant générerait un gain social de 0,68 euros (effets positifs sur la santé, notamment), là où un kilomètre en voiture occasionnerait un coût de 0,37 euros pour la société.
En 10 ans, l’investissement des collectivités dans les politiques cyclables a bondi de 40 % pour atteindre 468 millions d’euros en 2020. Soit moins de 8 euros par an et par habitant. Pour comparaison, le coût de la mobilité « voiture » est estimé à 270 euros/an/hab…
6. Le vélo libère l’espace public
En moyenne, une voiture neutralise 20 m2 pendant 22 heures par jour, là où un vélo se contente de dix fois moins (Source : Dutch Cycling Embassy). Engager une politique cyclable forte, c’est opérer un nécessaire rééquilibrage du partage de l’espace public encore largement accaparé par l’automobile. Le développement de l’usage de la bicyclette autorise la valorisation d’hectares de parking « stériles » à des fins plus utiles pour la collectivité. Oui, le vélo est aussi source de bienfaits en termes d’aménagement du territoire !
7. Le vélo revitalise le tourisme
Les voyageurs à vélo sont des clients qu’il faut choyer ! En moyenne, ils dépensent 68 euros par jour contre 55 pour les autres catégories. Les collectivités locales l’ont bien compris et, de plus en plus, investissent pour développer sur leurs territoires un tourisme durable sur deux roues. Résultat, en 2020, le kilométrage des véloroutes et voies cyclables au long cours a fait un bond de 165% par rapport à l’année précédente (18850 km d’itinéraires étaient ouverts au 1er janvier 2021) Et la fréquentation suit. +20 % ces 5 dernières années sur la Vélodyssée, le parcours le plus abouti de l’Hexagone qui est également champion en termes de retombées économiques. En 2018, l’itinéraire de 1290 km entre Roscoff et Hendaye aurait généré un impact direct de 103,6 millions d’euros. Soit plus de 80 000 euros par kilomètre. Des chiffres spectaculaires au regard du coût de l’aménagement initial : 150 millions d’euros.
Un retour sur investissement éclair ! Et ce succès économique profite à toutes les régions traversées y compris des territoires tenus à l’écart des circuits touristiques classiques. Pour ces secteurs délaissés, le vélo est une manne, une nouvelle source de vitalité.
A l’heure actuelle, en France, le tourisme à vélo génère plus de 5 milliards d’euros par an. Un chiffre qui a progressé de 46% en une décennie.
8. Le vélo freine considérablement les dépenses de santé
Le bénéfice sanitaire est sans doute l’un des effets les plus vertueux du vélo. Selon les estimations, la pratique actuelle réduirait de 7 à 10 milliards les frais collectifs de santé.
Et pour cause, monter en selle régulièrement permet de prévenir efficacement le développement de certains cancers, des maladies cardiovasculaires, de la dépression et du diabète de type II. Le vélo agit aussi efficacement contre la pollution sonore à l’origine de nombreuses pathologies.
En somme, pédaler améliore la qualité, mais aussi l’espérance de vie. Un pratiquant assidu peut gagner jusqu’à 14 mois de longévité.
9. Le vélo lutte activement contre le réchauffement climatique
Le dernier rapport du GIEC, publié en août dernier, a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme. A moins que des efforts colossaux et immédiats ne soient consentis pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), le réchauffement climatique aura, dans les décennies à venir, des conséquences dévastatrices et irréversibles pour la planète.
Dans les conditions actuelles, hausse du niveau de la mer, vagues de chaleur, mégafeux et autres phénomènes météorologiques extrêmes sont amenés à se multiplier et à gagner en virulence entraînant un coût humain et économique démesuré. 440 milliards d’euros par an à l’échelle de la planète d’ici 2050, selon le WWF.
Selon les experts, il n’est toutefois pas trop tard pour agir. A l’origine du réchauffement climatique, l’homme a également les cartes en main pour en limiter l’impact. Et le vélo peut être l’un de ses atouts. En France, le transport est de loin le secteur le plus émetteur de GES (31% contre 19% pour l’agriculture et 18% pour l’industrie manufacturière). Principales responsables de la situation : les quelque 40 millions de voitures particulières en circulation à l’origine de plus de la moitié de cette pollution. En offrant une alternative crédible et efficace sur les trajets de moins de 10 km, le vélo et ses divers avatars (VAE, cargos…) constituent un outil précieux pour décarboner la mobilité des personnes. Et pour cause, sur un cycle de vie complet, une bicyclette produit 93 % de CO2 en moins qu’une voiture.
Encourager la pratique du vélo, c’est agir concrètement pour améliorer localement la qualité de l’air et réduire globalement la facture climatique.
10. Le vélo limite le coût humain des déplacements
A l’échelle de la planète, 1,35 millions de personnes sont tuées chaque année dans des accidents de la route. Il s’agit de la première cause de mortalité parmi les 5-29 ans. Dans ce contexte, le vélo a un rôle à jouer pour sécuriser les trajets urbains et apaiser l’espace public. En misant sur le développement de la bicyclette, de nombreuses villes ont entamé une refonte globale de leur plan de déplacement. Une nouvelle approche de la mobilité qui inclut généralement des aménagements qui sauvent des vies. Un seul exemple : les zones 30, de plus en plus nombreuses, réduiraient les risques d’accidents mortels de 75 % en agglomération.