« Le vélo, c’est bien mais… » S’ils sont souvent avancés de bonne foi, bon nombre de prétextes pour ne pas monter en selle reposent en réalité sur des idées reçues. Voici un petit florilège des excuses les plus communément entendues… et quelques arguments pour les démystifier !
1. J’irai plus vite avec ma voiture
En ville, rien n’est moins sûr ! Plus de la moitié des trajets urbains effectués derrière le volant sont inférieurs à 5 km. Or, sur cette distance, le vélo s’avère le moyen de déplacement le plus rapide et encore sans prendre en considération la problématique du stationnement, très chronophage… pour les automobilistes !
Et cette efficacité ira probablement en se renforçant avec le développement, dans les centres urbains, d’axes cyclables structurants synonymes de sécurité et de fluidité accrues. A l’image des Voies Lyonnaises, projet récemment dévoilé dans la capitale des Gaules, qui vise à mailler, d’ici 2026, la Métropole de 12 lignes larges et continues, séparées des routes et des trottoirs (Source : https://www.grandlyon.com/actions/les-voies-lyonnaises.html). Des pistes express, en sommes, qui donneront encore une longueur d’avance au vélo face à la voiture !
2. A vélo, je ne pourrai pas faire les courses !
Les habitudes de consommation des Français disent pourtant tout autre chose. A la sortie des magasins de centre-ville et des commerces de proximité, le panier moyen n’excède pas 5 kg dans plus de 80 % des cas. Une charge modeste facilement transportable à vélo.
« Oui, mais cette réalité ne vaut pas pour les clients des hypermarchés ! » Certes, en grande surface, le chariot prend de l’embonpoint pour atteindre 35 kg en moyenne. Trop lourd pour un cycliste ? C’est sous-estimer la capacité d’emport d’un vélo. Les adeptes de la bourlingue sur deux roues et autres cyclo-nomades en témoigneront, il est tout à fait possible d’embarquer un tel poids avec 4 sacoches de bonne facture (comme le modèle Vaude Aqua https://www.cyclable.com/13941-paire-sacoches-vaude-aqua-back-2-x-24l.html) et des porte-bagages robustes. L’ajout à l’avant d’un support de type plateau de facteur facilitera le transport des articles volumineux comme les packs de lait par exemple. Et si ces solutions ne suffisaient pas, reste l’option cargo. La capacité en charge de certains modèles peut atteindre 200 kg !
3. Avec les enfants, le vélo c’est exclu !
Et si c’était tout l’inverse ? De plus en plus populaire en ville, le vélo cargo rebat les cartes de la mobilité familiale. Deux de ses déclinaisons se taillent un succès grandissant auprès des parents : les biporteurs, dotés d’une volumineuse et confortable caisse à l’avant, et les longtails, au porte-bagage surdimensionné, capable de transporter jusqu’à 3 enfants. Efficacité et bonne humeur garanties sur le chemin de l’école !
Mais d’autres solutions plus basiques existent pour monter en selle avec ses rejetons. La plus simple et la moins coûteuse : le siège enfant vélo ou porte-bébé.
Les vélos suiveurs, barres de traction et autres systèmes type Follow-me tandem permettent aux enfants de participer à l’effort de progression et de devenir acteurs des déplacements familiaux. Quant aux remorques, elles restent prisées pour leur polyvalence. Adaptées aux trajets urbains, elles révèlent tout leur potentiel en randonnée. Ces cocons mobiles sont, de plus, généralement pliables pour faciliter le transport et le stockage.
4. A la belle saison d’accord, mais sans moi en plein hiver !
Le froid, la pluie, les journées qui raccourcissent… Des obstacles insurmontables pour les cyclistes ? Même s’il est plus plaisant de rouler par beau temps, un trajet sous l’averse peut tout à fait s’effectuer dans de bonnes conditions… avec un équipement adéquat.
Veste ou cape de pluie, pantalon, surchaussures, housse pour sac à dos… Il est possible de se constituer une panoplie imperméable permettant de pédaler sans entrave tout en restant au sec. Quand le thermomètre fait grise mine, même solution : enfiler des textiles spécifiquement conçus pour la pratique cycliste par basses températures tels que couvre-casque, bonnet, manchons, gants, sous-vêtements thermiques, parka…
Et pour faire face à l’obscurité ? Là encore, même réponse : le matériel ! Et en la matière, les nouvelles technologies apportent leur lot d’innovations pour mieux voir et être vu : dispositifs connectés avec feu de freinage et de détresse, textiles ou sacs à dos avec leds intégrés, embouts de guidon clignotants, têtes d’éclairage ultra puissantes avec batterie externe multi-supports… Bref, de quoi fendre la nuit hivernale sans passer inaperçu !
5. Le vélo en ville, c’est trop dangereux !
Certes, l’absence d’habitacle exacerbe le sentiment de vulnérabilité lorsqu’on se déplace à vélo. Et la cohabitation, parfois houleuse, avec des véhicules de plusieurs tonnes n’arrange rien. L’environnement urbain est-il pour autant une jungle impitoyable pour les cyclistes ? Les statistiques appellent à relativiser. Contrairement aux idées reçues, à vélo, le risque d’être victime d’un accident mortel s’accroit en dehors des villes. Le dernier bilan annuel de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière fait état de treize tués pour 100 blessés hors-agglomération contre 2 pour 100 en zone urbaine. Les accidents non-mortels demeurent toutefois plus nombreux en ville. Mais la multiplication récente des aménagements de sécurité (pistes cyclables en site propre, zones 30…) agit pour limiter le nombre de blessés.
Un chiffre en particulier invite à l’optimisme. Entre 2019 et 2020, la mortalité cycliste a baissé de 5% (187 tués contre 178) alors que les déplacements à vélo ont augmenté de 10%. De quoi confirmer la théorie de l’effet de masse : plus il y aura de cyclistes, plus il sera possible de pédaler en sécurité.
6. Marre de me faire voler mon vélo !
Un grand classique ! Nombreux sont ceux qui ont fait une croix sur leurs déplacements à vélo après un ou plusieurs vols. Il existe pourtant des solutions simples pour faire face à ce fléau.
La règle d’or, s’équiper d’un bon antivol. Évitez les câbles de faible diamètre qui ne résisteront pas plus de deux secondes à une pince démultipliée. Votre meilleur allié : les U dont la solidité découragera généralement les voleurs les plus entreprenants.
La technologie peut également contribuer à mieux sécuriser votre machine. Fermeture Bluetooth sans clé, système de géolocalisation, alarme… les antivols nouvelle génération utilisent des dispositifs intelligents et connectés pour rendre les ruses des voleurs inopérantes.
Mais disposer d’un bon antivol ne fait pas tout. Encore faut-il s’en servir ! Attachez votre vélo en toute circonstance à un point fixe. Même pour une courte durée, même à l’intérieur dans votre cave ou votre hall d’immeuble. Un vol sur deux est perpétré à domicile !
Autre outil efficace pour participer à la lutte contre ce phénomène de grande ampleur : le marquage ! Ce système d’identification par gravage ou soudure chimique facilite la restitution des vélos volés à leur propriétaire et joue un rôle dissuasif. Désormais obligatoire pour tous les cycles vendus par des professionnels, le dispositif est également accessible aux particuliers qui souhaitent mieux protéger leur monture.
A considérer également, l’assurance vélo qui vous dédommagera si l’irréparable se produit.
7. Je ne suis pas sportif alors le vélo, non merci !
Un déplacement à vélo n’est pas une compétition ! Pas besoin d’un entraînement rigoureux ou d’une condition physique de champion pour effectuer un trajet de moins de 10 km. Avec un peu de pratique, l’exercice est à la portée du plus grand nombre !
Une côte redoutable se dresse sur votre parcours quotidien ? Le vélo à assistance électrique (VAE) peut vous aider à franchir l’obstacle. Le moteur ne vous affranchira pas de la nécessité de pédaler, mais il réduira considérablement l’intensité de l’effort à fournir. De quoi arriver au travail dans un état présentable, sans haleter ni dégouliner !
Et si votre dernière expérience du vélo s’avère vraiment trop lointaine pourquoi ne pas effectuer un passage par une vélo école ? Quelques séances de remise en selle permettront de réactiver (ou de découvrir) les gestes et bons réflexes pour pédaler en sécurité.
8. Le vélo, ça coûte trop cher !
Au contraire, pédaler c’est faire le choix d’alléger considérablement son budget transport. Peu de moyens de locomotion s’avèrent en effet aussi efficaces et économiques. A l’année, l’ADEME estime le coût de l’usage d’une bicyclette autour de 120 euros. Moins que la plupart des abonnements aux transports en commun dans les grandes villes de France (entre 400 et plus de 800 euros). Mais c’est lorsqu’il se substitue à une voiture que le vélo offre une véritable bouffée d’air au portefeuille. Pas de carburant, pas de frais de stationnement, pas de contrôle technique… Monter en selle plutôt que de passer derrière le volant pourrait se traduire pour un ménage par une économie mensuelle allant de 300 à 500 €.
Tentant, mais le coût d’un vélo neuf reste un obstacle ? Peut-être pouvez-vous prétendre à une aide à l’achat. Pour encourager la mobilité active, les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à proposer des coups de pouces financiers. Ainsi, à Lyon, une prime allant jusqu’à 500 € peut être allouée aux acquéreurs d’un VAE, vélo cargo ou vélo pliant. A Toulouse ou à Paris, un dispositif similaire offre jusqu’à 600 euros.
Et l’Etat n’est pas en reste. Le bonus écologique permet, sous condition de ressources, de financer l’achat d’un VAE jusqu’à 200 € (1000 € pour un vélo cargo électrique). La prime à la conversion, accordée dans la limite de 1500 €, profite, elle, aux automobilistes qui abandonnent leur vieille voiture polluante au profit d’un vélo à assistance électrique.
9. Pas envie de respirer les gaz d’échappement
Contrairement aux idées reçues, l’habitacle d’une voiture ne protège pas des particules nocives ! Au contraire, il favorise leur accumulation par effet de confinement. Selon l’ADEME, privilégier le vélo permettrait de réduire de près d’un tiers son exposition aux polluants atmosphériques. Un écart en faveur de la bicyclette plus marqué encore sur les pistes cyclables en site propre éloignées du flux de circulation. Entre autres bienfaits pour la santé, le vélo permet de mieux respirer !
10. Moi, je travaille !
Bien sûr, il restera, sans doute, toujours des activités (partiellement) incompatibles avec l’usage de la bicyclette. Cela n’empêche pas le vélo d’être pris de plus en plus au sérieux par les professionnels. Rapide, polyvalent, économique et écolo, il fait fureur pour assurer les livraisons urbaines et solutionne la problématique du « dernier kilomètre ». Mais même en dehors du secteur de la logistique, de nombreux corps de métier opèrent une transition vers la mobilité active grâce au cargo et au développement de remorques de plus en plus perfectionnées. Plombiers, serruriers, paysagistes, les rangs des cyclo-artisans ne cessent de s’agrandir. Et le phénomène s’étend à des domaines plutôt inattendus. Des dépanneurs « automobile » en vélo cargo ? Cela existe ! En Belgique, les employés de la société d’assistance Touring interviennent en pédalant pour réparer voitures, scooters et… vélos bien évidemment ! Autre exemple, à Berne, en Suisse, une entreprise de pompes funèbres propose d’accompagner les défunts vers leur dernière demeure en cargo. La preuve que le vélo peut s’imposer dans les secteurs d’activité les plus diversifiés et qu’il peut avoir un avenir même là où on ne l’attend pas !