Speed bike, speedelec, speed pedelec ou tout simplement vélo électrique rapide. Autant d’appellations pour désigner un seul et même type de machine, un véhicule à la croisée des chemins, le vélo électrique grande vitesse, capable d’accompagner les cyclistes jusqu’à 45 km/h. Si en apparence cet engin hybride présente tous les attributs d’un vélo, sur le plan légal, il est considéré comme un cyclomoteur. Une catégorisation qui soumet son utilisation à plusieurs contraintes et obligations.
Un permis est-il nécessaire ? Faut-il l’immatriculer ? Quels sont les équipements imposés ? Quelle réglementation respecter sur la route ? Pourquoi opter pour un speed bike ? On vous dit tout sur ce deux-roues à pédales survitaminé que la loi assimile à un scooter.
VAE/speed bike, quelles différences ?
Vélo à assistance électrique et speedbike : on pourrait les prendre pour de jumeaux car visuellement, rien ou presque ne les distingue. Pour les différencier, il faut « soulever le capot » et considérer les spécificités de leur moteur. A commencer par leur puissance. Alors qu’un VAE traditionnel ne peut légalement délivrer plus de 250 watts, son grand frère développe, en général, entre 250 et 500 watts, parfois plus (limite légale 1000 watts). Mais c’est côté vitesse que l’écart est le plus tangible. Un VAE conventionnel dispose d’une assistance bridée à 25 km/h (avec une tolérance de 5 à 10 %). Celle d’un speed bike reste, elle, opérationnelle jusqu’à 45 km/h !
Technologiquement, toutefois, les deux types de machines s’avèrent très proches. Bosch, leader sur le marché de la motorisation VAE, décline par exemple sa gamme Performance Line en deux versions : 25 et 45 km/h. Chacun des modèles étant compatibles avec les mêmes batteries. En termes d’autonomie, puissance oblige, un speedelec concède quelques kilomètres à un VAE classique (chez Bosch, 51 km en moyenne avec une batterie de 500 Wh pour un speed bike contre 75 km pour un VAE). Mais de plus en plus de modèles de speed bikes disposent d’un dispositif permettant d’embarquer deux batteries pour un rayon d’action étendu jusqu’à plus de 180 km.
Si le phénomène VAE s’est propagé à l’ensemble des segments du cycle jusqu’au gravel et même au pliant, la version 45 km/h reste essentiellement cantonnée aux VTC et modèles urbains, même si on trouve à la marge des vélos cargos et des VTT speedelec.
VAE ou speed bike, dans les deux cas, une constante : pour déclencher l’assistance, il faudra obligatoirement appuyer sur les pédales !
Au regard de la loi, le speed bike est un cyclomoteur
Pédales ou pas, pour le code de la route, un engin doté d’une assistance capable de dépasser 25 km/h n’est plus un vélo… même s’il en conserve l’aspect. Légalement, un speed bike est considéré comme un véhicule de catégorie L1e, autrement dit comme un cyclomoteur, au même titre qu’un scooter ou une mobylette. Et cela change tout ! Car pour l’utiliser sur la voie publique, il faudra scrupuleusement respecter la réglementation propre aux deux-roues motorisés de moins de 50 cm3. Bien plus contraignante que celle réservée aux simples cycles.
Pourquoi classifier un vélo électrique 45 km/h dans la catégorie « cyclomoteur » ?
On peut s’interroger effectivement sur la pertinence de cette catégorisation sur les seuls critères de la vitesse et de la puissance. Après tout, un cycliste aguerri n’est-il pas en mesure de rouler entre 25 et 45 km/h, sans moteur, à la seule force de ses mollets ? Sans doute, mais c’est oublier un peu vite que la motorisation d’un speed bike ouvre la porte de ces vitesses élevées au plus grand nombre. Y compris aux complets néophytes qui peuvent atteindre, avec un effort réduit, l’allure de croisière d’un coureur professionnel sans, toutefois, disposer de ses réflexes et de son expérience du pilotage.
Sans reconnaissance formelle de ses spécificités par le code de la route, on peut considérer que le speed bike reste une sorte d’ovni de la mobilité. Mais la classification actuelle a au moins le mérite de poser les garde fous nécessaires à la sécurisation de la pratique. Elle protège les utilisateurs de ce vélo qui n’en est plus vraiment un, mais aussi tous les autres usagers de la route qu’ils pourraient mettre en danger.
Des obligations techniques qui excluent tout bricolage maison
Puisque la loi l’associe aux scooters et autres mobylettes, un speed bike doit, disposer des mêmes équipements obligatoires que ces derniers.
Outre le bridage à 45 km/h, impossible de faire l’impasse sur les accessoires suivants :
- Un rétroviseur gauche
- Un support de plaque d’immatriculation avec éclairage
- Un dispositif d’éclairage avant et arrière fixe qui devra être allumé en continu
- Un feu-stop arrière relié aux leviers de freins (à noter, ceux-ci sont, sauf exception, inversés comme sur les motos).
- Un avertisseur sonore
- Un compteur kilométrique et un indicateur de vitesse
- Dispositifs réfléchissants latéraux (catadioptres sur la fourche notamment)
Plus globalement, la machine doit respecter les normes européennes en vigueur pour circuler légalement sur la voie publique. Avant commercialisation, chaque modèle est soumis à un examen technique aboutissant à la délivrance d’un certificat de conformité européen. Une attestation indispensable à l’immatriculation du véhicule. De fait, toute modification artisanale de l’engin est à exclure. Pas question de se lancer dans un bricolage maison et encore moins dans la pose d’un kit de débridage au risque de devoir s’acquitter d’une amende de 5e classe (jusqu’à 1500 €) ou même de voir son véhicule confisqué. Sans parler de l’absence de couverture par l’assurance en cas d’accident, ni, bien entendu, des dommages corporels aggravés qu’une chute avec un speed bike modifié pourrait entraîner.
Par conséquent, pour effectuer les réparations de votre machine, il est recommandé de s’adresser à un professionnel (comme Cyclable). Celui-ci utilisera des pièces de rechange certifiées par le fabricant afin de ne pas remettre en cause la conformité globale de la machine.
Immatriculation et assurance obligatoires
C’est sans doute la contrainte qui soulève le plus d’interrogations auprès des potentiels acheteurs de speed bike : devoir enregistrer administrativement leur engin. Un speedelec ne peut échapper à la pose d’une plaque d’immatriculation d’une dimension de 210 X 130 mm (jusqu’à 750 € d’amende en cas de défaut). Comment obtenir ce précieux sésame ? En France, dans la majorité des cas, la demande peut être effectuée directement auprès du professionnel qui vous vend le vélo. Cyclable, par exemple, peut sous-traiter cette démarche. Renseignez-vous auprès de votre magasin. La solution de facilité !
De même, comme tout cyclomoteur, un speed bike doit obligatoirement être assujetti à un contrat d’assurance en responsabilité civile couvrant les dommages causés aux tiers. Bien sûr, en plus de ce minimum légal, il est également possible de souscrire à d’autres garanties pour prendre la route sereinement : vol, dommages sur le speed bike, protection conducteur, assistance en cas de panne… Comptez de 10 à 50 € de cotisation par mois, selon votre profil et le niveau de couverture choisi.
L’assurance Allianz, partenaire de Cyclable, propose d’assurer votre vélo électrique speed.
A noter, votre contrat devra être effectif le jour où vous viendrez retirer en magasin votre speed bike flambant neuf. Vous présenterez votre attestation au revendeur qui apposera la vignette d’assurance sur votre vélo.
Bonjour le permis et adieu les pistes cyclables !
Si tout le monde est légalement autorisé à prendre les commandes d’un vélo classique, ce n’est pas le cas pour un speed bike soumis par son statut de cyclomoteur à un régime plus strict. Pour passer derrière le guidon, il faudra :
- Avoir plus de 14 ans
- Être titulaire du permis AM (ex BSR) ou supérieur (A, B…), si vous êtes né après le 31 décembre 1987. Dans le cas contraire, aucun permis n’est demandé.
De même, les règles de circulation diffèrent entre un vélo et un speed bike. Sur cet engin assimilé à un scooter, adieu les pistes cyclables (une amende de 135 € est prévue en cas d’infraction), les double-sens cyclables, les cédez-le-passage cyclistes aux feux tricolores et même les sas vélo ! Plus question non plus de s’aventurer sur les pistes ou les chemins interdits à la circulation motorisée. Dans l’absolu, les speed bikes pourraient même être exclus des places de stationnement réservées aux vélos. Une certaine tolérance semble, toutefois, être observée à ce sujet.
Casques et gants homologués
Là encore, que vous chevauchiez un scooter ou un speed bike, le code de la route impose le port des mêmes accessoires de sécurité. A commencer par un casque spécifique homologué cyclomoteur avec la norme ECE 22-05. Ce qui exclut, de fait, tous les modèles classiques pour l’usage du vélo. Mais la plupart des casques conçus pour le VAE bridé à 25 km/h ne pourront pas convenir non plus. Il faudra se contenter des quelques rares modèles conformes disponibles sur le marché ou, à défaut, opter pour un « vrai » casque de scooter, à l’apparence et au poids plus massifs.
Quid, en la matière, de la norme NTA-8776 présente sur un nombre plus important de casques VAE ? Si certains pays européens valide son usage au guidon d’un speed bike, le code de la route français n’y fait pas référence. Dans l’état actuel des choses, l’utilisation d’un tel équipement pourrait donc entraîner une rupture de garantie de votre assurance et faire l’objet de sanctions de la part d’un agent zélé.
Autres accessoires imposés : les gants. Ceux-ci devront être certifiés CE et dotés de renforts aux articulations ainsi que d’une membrane anti-abrasive au niveau de la paume. Exit donc, là aussi, les simples gants de vélo. Pour être en règle, il faudra adopter le matériel du motard…
Pour finir, il vous faudra embarquer sur vous ou dans un rangement (sac à dos, sacoche…), un gilet de haute visibilité aux normes CE. Celui-ci devra être revêtu à la suite d’un arrêt d’urgence (panne, accident) sur la chaussée ou ses abords.
Existe-t-il des primes à l’achat pour un speed bike ?
Oui, mais elles font figure d’exception comparées à celles destinées aux acheteurs de VAE classiques. Considéré comme un scooter électrique d’une puissance maximale inférieure à 2 KW, un speedelec peut être éligible au bonus écologique. Mais le coup de pouce sera plafonné à 100 € alors qu’il atteint le double pour un VAE conventionnel. La prime à la conversion, attribuée par l’État dans le cadre de la mise au rebut d’un ancien véhicule, exclut, elle, complétement les speed bikes. Alors qu’elle peut s’élever jusqu’à 1500 € pour l’achat d’un VAE.
De la même façon, la plupart des primes mises en place par les collectivités locales ne concernent pas les speed bikes, comme à Lyon, à Montpellier ou à Bordeaux. Une exception notable, toutefois. A Nice, la municipalité alloue une aide à l’achat allant jusqu’à 400 € pour les deux-roues électriques, sans distinction entre vélos et scooters.
Un speed bike pour quoi faire ?
Compte tenu des contraintes imposées par la législation, la question est légitime. En l’assimilant à un cyclomoteur, le code de la route rend le speed bike peu pertinent pour des déplacements en ville de courte distance. Exclu des pistes cyclables et de tous les aménagements dédiés aux cyclistes, ce vélo, qui aux yeux de la loi, n’en est pas un, perd bon nombre de ses atouts : spontanéité et fluidité des déplacements, mise en sécurité à l’écart de la circulation…
Bien que plus rapide que son cousin bridé à 25 km/h, il lui fera difficilement de l’ombre sur le terrain de la mobilité urbaine de proximité.
En revanche, il constitue une alternative intéressante dès que la distance s’allonge et que le besoin de vitesse se fait ressentir. Pour des parcours entre 10 et 30 km, à la campagne et en milieu péri-urbain, son utilisation peut faire sens. Efficace, respectueux de l’environnement, bon pour la santé… N’en déplaise à la législation, le speed bike reste par nature un vélo et ses utilisateurs des cyclistes. Pour l’heure, le marché est actuellement aux prémices de son développement (moins de 1000 unités vendues en France et environ 15.000 en Suisse en 2018, soit 14% des VAE vendus tous types confondus), mais il n’en a pas moins un rôle à jouer pour décarboner la mobilité quotidienne de « moyenne » distance en se substituant à la voiture et aux deux-roues thermiques sur ce segment.
Mais pour cela, sans doute, a-t-il besoin d’une réglementation qui, tout en veillant à la sécurité des usagers, le reconnaisse à sa juste valeur et ne se contente pas de le déguiser en simple scooter.