Une même identité, plusieurs visages ! Derrière l’appellation « gravel » se cachent une multitude de pratiques et des vélos sensiblement différents. Le phénomène vous déboussole ? Pour y voir plus clair, on vous présente, en 5 esquisses, ce clan qui chasse sur tous les terrains et séduit un nombre croissant de cyclistes !
A l’origine, c’est le fruit d’une liaison interdite entre le VTT et le monde de la route. Un curieux hybride mâtiné de cyclo-cross et de vélo de voyage. Conçu pour rouler à la fois sur le goudron et sur les pistes de gravier, le gravel porte la polyvalence dans son ADN. Pratique, robuste, sportif dans l’âme, il est même, pour beaucoup, l’incarnation du vélo à tout faire. Fort de ce capital séduction, ce qui n’était qu’une tendance est devenu, en l’espace d’une décennie, un phénomène qui a inscrit durablement son nom dans l’univers du cycle.
Aujourd’hui, le gravel est partout. Ou plutôt les gravels. Car cette monture tout-en-un a fait des petits. Les fabricants se sont emparés de ce concept enthousiasmant et l’ont décliné en une multitude de machines de plus en plus spécialisées. De l’asphalte au tout-terrain, en passant par le bikepacking et même l’électrique, le gravel a investi toutes les sphères de la planète vélo. Quitte à semer un peu la confusion. Pour tenter de démêler l’écheveau, on a brossé en 5 actes le portrait de cette famille touche-à-tout. Ne dites plus le gravel, mais les gravels !
1. Le gravel des villes
Un paradoxe ? Pas vraiment ! Même s’il est à l’origine taillé pour l’aventure et les grands espaces, le gravel se distingue surtout par son exceptionnelle capacité d’adaptation. Il est à l’aise partout. Alors pourquoi pas dans la jungle urbaine ? Il dispose, en effet, de solides atouts pour séduire les adeptes du vélotaf. Avec sa morphologie de coursier, il constitue l’un des véhicules les plus agiles et les plus rapides de toute la ville ! Efficace donc, mais aussi simple et pratique.
Sur la plupart des modèles, des œillets de fixation permettent le montage de garde-boue pour préserver l’intégrité de votre tenue de travail. Le cadre peut aussi généralement accueillir des porte-bagages pour un usage utilitaire : transport des courses ou de matériel léger. Votre trajet domicile-travail comporte quelques traversées de parcs et chemins de traverse ? Vous serez pleinement dans votre élément au guidon d’un gravel. Un dernier argument ? L’esthétique ! Quoi de plus beau sur les boulevards qu’un Genesis Croix de Fer dépassant les autos !
Son ADN : 30% VTT/70% route
2. Le gravel randonneur
S’il est un outil de déplacement urbain efficace, le gravel est avant tout un formidable instrument de loisir. Endurant, confortable, il est le partenaire idéal pour des escapades à la journée ou même des voyages plus lointains. Les modèles les plus robustes tolèreront sans rechigner le poids des 4 sacoches latérales nécessaires à une itinérance prolongée. Vous partez en famille ? Votre pourrez sans difficulté atteler une remorque à la plupart des gravels en alu ou en acier.
Généralement munis de pneus larges (40 mm ou supérieur) et légèrement cramponnés, ces vélos sont à l’aise sur tous les terrains : asphalte, allées forestières, chemins de halage, pistes agricoles… La polyvalence au service de l’évasion.
Autre atout : leur cintre. Recourbé comme sur un vélo de route, il présente toutefois un évasement plus prononcé. De quoi assurer une excellente maniabilité. Ce type de guidon permet également de se soulager les mains, les épaules et le cou en variant facilement les positions. Utile sur la durée.
Un Genesis Croix de Fer, là encore, ou son petit frère, le Genesis CDA, disposent ainsi de toutes les caractéristiques pour jouer avec brio le rôle d’une randonneuse ou d’un vélo de voyage. La légèreté, le dynamisme et le côté ludique en plus !
Son ADN : 50% VTT/50% route
3. Le gravel performance
L’esprit gravel est davantage tourné vers l’aventure qu’en direction de la compétition. Mais certains veulent croire que les deux approches ne sont pas incompatibles. Associer performance physique et découverte de territoires naturels d’exception, voilà le numéro d’équilibriste auquel se livre un nombre croissant d’adeptes du gravel et du… chrono. De plus en plus d’épreuves se développent dans ce sens. La plupart sont ouvertes à tous (Héraultaise, Gravel Trophy…), mais le très haut niveau s’y met aussi. L’Union cycliste internationale (UCI) a entériné, l’an passé, l’organisation d’une série de courses gravel, et même la tenue d’un championnat du monde de la discipline.
Dans les pelotons, les codes se rapprochent de l’univers de la route. Jerseys, cuissards et machines en carbone ultra légères sont de mise. Un segment en pleine expansion puisque la plupart des fabricants historiques de vélos de route proposent, aujourd’hui, au moins un modèle gravel typé performance.
Son ADN : 40% VTT/ 60% route
4. Le gravel ultra
Le développement du gravel a été concomitant de celui des épreuves d’ultra-cyclisme. Sans doute parce que les deux mondes sont faits pour s’entendre. Si certains de ces événements de longue haleine sont véritablement des courses, la plupart prenne la forme de défis personnels sans classement. Ils exigent par leurs dimensions hors norme (parfois plusieurs milliers de kilomètres) des machines fiables, confortables et particulièrement endurantes. Des caractéristiques que possèdent les gravels. Pour beaucoup de concurrents, c’est la solution idéale pour avaler les kilomètres dans les meilleures conditions. Sur route pourquoi pas (ex : Transcontinental Race), mais surtout sur des itinéraires mixtes mêlant bitume, chemins blancs et même sentiers techniques (ex : Italy Divide). Généralement munis de nombreux point de fixation, sur le cadre ou sur la fourche, les gravels facilitent également le transport d’une bagagerie minimaliste type bikepacking.
Son ADN : variable selon le type d’épreuve. De 20 % VTT/80 % route à 80% VTT/20 % route.
5. Le gravel « bodybuildé »
Si le gravel est le chaînon manquant entre la route et le VTT, cette version survitaminée penche clairement pour le second. Certains l’appellent même « gravel extrême » ou « monstercross ». Des surnoms grandiloquents qui ne doivent rien au hasard. Principale caractéristique de ce vélo à la croisée des chemins, des pneus cramponnés extra-larges dépassant parfois 50 mm. Cette machine conçue pour affronter la boue et les sentiers affiche généralement une géométrie facilitant les franchissements et le pilotage sur terrains techniques. Elle dispose souvent également d’une transmission mono-plateau avec des développements autorisant des ascensions abruptes sur chemin. Figure emblématique de cette catégorie : le Genesis Vagabond.
A quoi ces « monstres » sont-ils destinés ? A l’aventure off-road essentiellement. Munis de sacoches bikepacking, ils seront de parfaits compagnons pour des expéditions engagées en territoire sauvage.
Son ADN : 80% VTT/ 20% route
Le gravel se décline aussi en version électrique
Les vélos urbains, les cargos, les VTT et même les spécimens ultra légers dédiés à la route… Le monde du cycle tout entier est sous le charme de la fée électricité. Et le gravel ne fait pas exception. Des modèles munis d’une assistance électrique sont disponibles sur le marché. Chez le constructeur vosgien Moustache, notamment. La solution idéale pour ceux qui souhaitent goûter aux joies du « gravier » tout en conservant « une main dans le dos » !
Crédit illustration : ©Cécillie-www.cecillie.fr