Vous connaissiez le longtail ? Voici le shortail, son frère cadet, un vélo rallongé petit format qui conquiert les centres urbains vitesse grand V. Zoom sur les atouts de ce mini-cargo qui, sans renier la force qu’il a reçu en héritage, se veut agile, vif et compact.
Il est partout. Aux abords des crèches et des écoles, à proximité des marchés et devant les magasins, entre les mains des artisans et des spécialistes de la livraison… Dans certaines métropoles, il a même contribué à redessiner la voirie en suscitant l’aménagement de place de stationnement marquées à son effigie. Alternative écologique et efficace à la voiture, le cargo séduit un nombre croissant de familles et de professionnels en ville. En 2021, les ventes ont bondi de 54 % selon l’Union Sport et Cycle. Un boom qui pourrait s’inscrire dans la durée. Car le potentiel de ce vélo à tout faire est énorme. A titre de comparaison, chez nos voisins allemands, 13 fois plus de cargos ont été mis en circulation l’an passé.
Le cargo, un phénomène de société aux visages multiples
Quoi qu’il en soit le vélo cargo est d’ores et déjà un phénomène de société. Le cargo ou plutôt… les cargos. Car cet utilitaire à pédales peut revêtir plusieurs visages. « Historiquement, dans la famille cargo, on distingue trois sous-catégories : les biporteurs, les triporteurs et les longtails comme le Yuba Spicy Curry, le O2Feel Equo ou le Riese & Müller Multicharger », explique Thomas Boury, acheteur chez Cyclable. « Ces vélos rallongés connaissent un essor particulièrement marqué. Dans notre réseau, ils représentent près de deux tiers des ventes de cargo. »
Fort de ce succès, les constructeurs ont pris le parti de décliner le concept pour répondre à des usages toujours plus spécifiques. Le clan des vélos rallongés s’est ainsi enrichi d’un nouvel avatar : le shortail. « A vrai dire, cette classification peut porter à confusion », intervient Thomas Boury. « Car en réalité, un shortail n’est pas surdimensionné. Seule sa plateforme de transport à l’arrière affiche des dimensions XXL. Mais son empattement ne dépasse pas celui d’un vélo classique. C’est d’ailleurs ce qui fait sa spécificité par rapport à un longtail standard. »
Maniabilité, stockage, transport, les bons points du shortail
Avec des lignes plus courtes et un poids contenu, le shortail élève l’agilité et la facilité de pilotage à un degré encore jamais atteint au sein de la famille cargo. « Il fait encore mieux que son grand-frère qui, face à un biporteur, volumineux et lourd (NDLR : certains modèles pèsent plus de 50 kg), était pourtant déjà un modèle en termes de maniabilité », commente Thomas Boury. « Son comportement à la conduite est comparable à celui d’un vélo de ville ordinaire. Il est stable et sécurisant. Les petits gabarits et les néophytes le prendront en main sans appréhension. »
En jouant pleinement la carte de la compacité, le shortail devance aussi son aîné dans un autre domaine : la simplicité de stockage. Si le longtail tenait la dragée haute aux biporteurs et triporteurs, sa version minimaliste repousse encore les limites en la matière. « Un shortail ne prend pas plus de place qu’un vélo à assistance électrique classique », insiste Thomas Boury. Pas besoin de garage ou d’emplacement spécifique pour le stationner. Il peut être facilement entreposé à la verticale dans un appartement.
De sa petite taille, ce cargo modèle réduit tire encore un autre avantage : une facilité de transport accru. Il trouvera sa place en voiture, sur un porte-vélo par exemple, mais aussi dans le train où il pourra sans difficulté être suspendu dans les espaces dédiés.
« Le shortail, c’est l’archétype du vélo à tout faire ! »
Maniable et peu encombrant, le shortail n’en reste pas moins un vrai vélo cargo. Court, mais râblé, il réussit le tour de force de combiner deux caractéristiques en apparence opposées : la compacité et la résistance à la charge. Robuste comme tous ceux de sa lignée, il brille par sa capacité à transporter de lourdes cargaisons. « En moyenne, la plateforme arrière d’un shortail peut supporter entre 50 et 60 kg. De quoi embarquer un enfant, des colis et les courses familiales pour la semaine », détaille Thomas Boury. Certes, le longtail le surclasse en la matière en offrant, notamment, la possibilité de transporter deux enfants simultanément. Mais il se distingue nettement des vélos ordinaires dont la capacité du porte-bagages n’excède pas 27 kg.
« Voilà tout l’intérêt du shortail », résume Thomas Boury. « Il possède les mensurations d’un VAE classique, mais offre un éventail d’usages bien plus large. C’est cette polyvalence qui séduit. Pour les familles avec un enfant unique, c’est l’archétype du vélo à tout faire ! » Vélotaf, transport de passager, déplacement de caisses volumineuses, de packs d’eau, des provisions hebdomadaires, le shortail joue à merveille le rôle de véhicule utilitaire urbain. Grâce à une excellente autonomie de batterie et à son confort et à son agilité, il constitue également un instrument de loisir tout à fait convaincant. « C’est le partenaire idéal pour partir en pique-nique à plusieurs ou pour oser une rando sur un week-end », assure Thomas Boury.
Côté budget, le shortail assume une position plus agressive que son grand-frère. En version électrique, l’offre débute sous les 3000 euros. Pour un longtail, les prix s’échelonnent plutôt entre 4000 et 5000 euros. « Entre autres atouts, le shortail constitue une porte d’entrée dans le monde du cargo plus accessible financièrement », commente Thomas Boury.
Les membres du clan shortail
Après ces considérations générales, passons aux présentations ! Qui sont les représentants du club encore très restreint des shortails ? « La marque taïwanaise Tern a été pionnière sur ce segment. Elle a popularisé le concept avec son emblématique HSD et a enfoncé le clou avec les deux petits poucets de la gamme, les Quick Haul et Short Haul », commente Thomas Bourry. Le Quick Haul, moins de 23 kg sur la balance, fait référence en termes de légèreté et de compacité. Son jumeau, le Short Haul, fait encore mieux avec seulement 16 kg… mais il est dépourvu d’assistance électrique !
Si incontestablement Tern demeure le fabricant le plus actif dans l’univers du shortail, d’autres marques cherchent à se faire une place. Le Français Kiffy a notamment fait une entrée remarquée sur le marché avec son Compact ST (pour short tail). Ce mini-cargo made in France se distingue par une capacité de charge supérieure à la concurrence, jusqu’à 75 kg sur la plateforme arrière.
Il existe par ailleurs d’autres modèles qui ne répondent pas exactement à la typologie des shortails, mais qui s’en approchent. Des entre-deux qu’on pourra qualifier de mid-tails ou, si l’on ne craint pas l’antonymie, de longtails compacts ! Parmi ces hybrides, on peut citer le Tern GSD qui peut être rangé à la verticale ou le Moustache Lundi 20. Tous les deux dotés de roues de 20 pouces comme des shortails, ils offrent une capacité de charge similaire à des longtails avec la possibilité, notamment de transporter deux enfants.
« La catégorie est jeune et les frontières qui la définissent sont encore floues », explique Thomas Boury. « Mais la recherche de compacité et de facilité d’usage sont des tendances lourdes chez les marques spécialistes du vélo rallongé. » Le shortail n’est donc pas une nouvelle nomenclature marketing sans fondement. Il compte parmi ces véhicules efficaces, propres et intelligents qui répondent aux enjeux de mobilité urbaine du moment.
En bref : shortail vs longtail
- Maniabilité et prise en main : avantage shortail. Sa taille réduite rassure les néophytes et les petits gabarits. C’est la référence agilité de la famille cargo.
- Stockage : avantage shortail. Compact, il peut être rangé à la verticale dans un appartement. Pas besoin de garage pour ce cargo peu encombrant.
- Transport : avantage shortail. Comme un vélo classique, il trouve sa place dans le train ou en voiture, sur un porte-vélo.
- Budget : avantage shortail. L’offre débute sous les 3000 euros. Un longtail coûte en moyenne entre 4000 et 5000 euros.
- Transport de passagers : avantage au longtail, capable d’embarquer deux enfants à la fois. Le shortail ne dispose que d’une place unique.
- Chargement : avantage au longtail qui supporte jusqu’à 200 kg, cycliste inclus. La capacité de charge totale d’un shortail dépasse rarement 170 kg dont 50 à 60 kg sur la seule plateforme arrière. A titre de comparaison, un porte-bagages classique est limité à 27 kg.