Une enveloppe de 2 milliards d’euros, 23 000 km d’aménagements cyclables supplémentaires, le maintien des aides à l’achat, des adaptations du code de la route, un renforcement du programme Savoir rouler auprès des enfants… En mai, un premier comité interministériel a précisé les orientations du plan vélo, 2e du nom, annoncé en septembre dernier. Quels sont les moyens et les ambitions de ce dispositif qui définit la stratégie gouvernementale de développement des mobilités actives pour le quinquennat en cours ? Le point en 10 mesures phares.
Le plan vélo change de braquet
En 2018, un premier plan vélo consacrait la bicyclette comme un mode de déplacement à part entière et encourageait sa pratique par le développement, entre autres, d’infrastructures cyclables. Si l’objectif affiché de porter la part modale du vélo à 9 % à l’horizon 2024 ne semble pas atteignable, le programme a incontestablement initié une dynamique. Un élan que le plan vélo, 2e version, compte bien amplifier durant les 4 années à venir. Le dispositif dont le détail a été précisé le mois dernier lors d’un premier comité interministériel, change de braquet. Le fonds mobilité active, précédemment doté de 50 millions d’euros par an, grimpe à 250 millions.
Au total, 2 milliards d’euros devraient être investis par l’Etat sur la période 2023-2027. Une enveloppe inédite qui vise à faire du vélo un allié du quotidien pour un maximum de Français. Car la marge de progression est encore large. A l’heure actuelle, plus de la moitié des déplacements de moins de 5 km se font encore en voiture. « Pour atteindre la neutralité carbone, nous devons décarboner les transports tout en offrant des solutions accessibles aux Français. Le vélo a tout son rôle à jouer », résume Elisabeth Borne. Le gouvernement souhaite agir sur trois leviers en particulier : la sécurité, l’éducation et le développement économique. Mais quelles sont précisément les priorités du plan vélo acte II ? Réponse en 10 points.
1. Atteindre 80 000 km d’aménagements cyclables
« Nous voulons faire du vélo une alternative plus facile et plus accessible à la voiture individuelle pour les déplacements de proximité », affirme la Première ministre. Pour se faire, le gouvernement poursuit sa politique de développement des infrastructures cyclables partout sur le territoire. Le nouveau plan vélo prévoit ainsi de porter le réseau à 80 000 km en 2027 contre 57 000 fin 2022. Objectif : atteindre 100 000 km en 2030. 250 millions d’euros seront alloués annuellement pour ce chantier d’envergure. Mais l’Etat compte également sur l’engagement des collectivités locales pour un montant de 6 milliards d’euros sur la période.
2. Adapter le code de la route pour renforcer la sécurité des cyclistes
Il améliore la visibilité des cyclistes et facilite leur redémarrage. A partir de 2024, tous les nouveaux aménagements comportant un feu tricolore devront être équipés d’un sas vélo. Les infrastructures existantes devront, elles, être mis en conformité dans un délai de 10 ans. Pour limiter l’incursion des véhicules motorisés dans ces espaces réservés aux cyclistes, des détecteurs de présence, déjà testés à Nantes, seront installés sur l’ensemble du territoire. Ces radars pédagogiques déclenchent un message d’alerte à l’intention des contrevenants qui s’immobilisent dans le sas.
Au feu rouge, toujours, deux nouvelles expérimentations seront menées. Le passage au vert anticipé et l’installation de repose-pieds pour simplifier les arrêts et les redémarrages. Enfin, de manière expérimentale là-aussi, l’interdiction de doubler par la droite sera levée pour les cyclistes (à l’exception des véhicules munis d’un auto-collant Angle mort).
3. Sensibiliser au port du casque et du gilet de haute visibilité
Même si ces mesures sont l’objet de polémiques récurrentes au sein de la communauté cycliste, le gouvernement, via la Délégation à la sécurité routière, a pris le parti de multiplier les campagnes de sensibilisation au port du casque à vélo et à celui du gilet réfléchissant. Des messages ciblés seront ainsi adressés aux cyclistes en ville et hors-agglomération. Plus globalement, une stratégie de communication, intitulée Attention aux vélos, attention à vélo sera mise en place à destination de tous les usagers de la route : cyclistes bien sûr, mais aussi piétons, automobilistes et conducteurs de deux-roues motorisés.
4. Prolonger les aides à l’achat
Réévalués en août 2022, le bonus vélo et la prime à la conversion vélo sont prolongés jusqu’en 2027. Ces coups de pouce seront prochainement étendus aux vélos d’occasion vendus par des professionnels. Entre 2017 et 2022, 300 000 Français ont bénéficié de ces aides à l’achat pour un montant de 67 millions d’euros.
5. Développer le stationnement sécurisé
Tripler le nombre de places de stationnement sécurisé en gare d’ici 2027. Le plan vélo acte II prévoit d’aménager 90 000 emplacements dans les 1100 stations ferroviaires les plus fréquentées de France. 45 millions d’euros seront mobilisés pour réaliser ce chantier. Parallèlement, le Gouvernement souhaite intensifier le marquage des vélos, obligatoire pour toutes les machines vendues depuis 2021. 4 millions de cycles sont déjà inscrits au fichier national. Objectif : atteindre 13 millions en 2027. Le dispositif aurait déjà permis d’effectuer 20 000 signalements de vols et permis de restituer 10 % des vélos à leur propriétaire.
6. Asseoir la place du vélo en entreprise
Le vélo de fonction connaît un succès grandissant dans le monde du travail. 100 entreprises l’avaient adopté en 2017, 700 en 2021, pour un volume estimé de 4000 machines. Pour favoriser son développement, les sociétés qui proposaient une flotte à leurs collaborateurs bénéficiaient, dans le cadre du premier plan vélo, d’un crédit d’impôt. Cette mesure incitative devait prendre fin en 2024. Elle sera finalement reconduite jusqu’en 2027.
Le forfait mobilité durable (FMD) reste, lui aussi, d’actualité. Son montant passe de 200 à 300 euros pour les salariés du public ayant opté pour la solution vélo pour se rendre au travail. Dans le privé, cette indemnité non-imposable peut atteindre jusqu’à 800 euros par an.
7. Former 850 000 enfants au Savoir rouler
Faire du vélo un réflexe pour toute une génération, tel est l’objectif du dispositif Savoir rouler déployé auprès des enfants de 6 à 11 ans, depuis 2019. 200 000 jeunes ont ainsi appris à circuler sur deux roues en toute sécurité dans le cadre du premier plan vélo. La deuxième version voit plus loin et espère former, chaque année, 850 000 élèves avant leur entrée en collège d’ici 2027. Une classe d’âge entière serait ainsi sensibiliser à la culture vélo.
8. Transformer le vélo en atout santé
Bon pour l’environnement et pour l’économie, le vélo constitue également un excellent outil de santé public. Instrument de lutte contre la sédentarité efficace à chaque âge de la vie, il occupera une place privilégiée au sein des Maison sport-santé. Ces établissements, présents sur tout le territoire, ont pour mission d’accompagner vers un retour à l’activité physique un public généralement isolé, atteint de pathologie ou éloigné de la pratique.
9. Relocaliser la production et favoriser la cyclologistique
Le récent boom du vélo a propulsé la filière économique du cycle dans une nouvelle dimension, lui imposant de se restructurer en un temps record. Pour accompagner ce développement, le Gouvernement encourage la réindustrialisation dans l’Hexagone. Un appel à projet sera prochainement lancé pour inciter à relocaliser la production de composants et de l’assemblage des vélos. En 2022, un peu plus de 850 000 vélos ont été montés en France. Objectif : dépasser 1,4 millions en 2027.
Un effort sera par ailleurs consenti pour développer la filière du vélo reconditionné. 100 millions d’euros seront débloqués pour augmenter le bonus réparation actuellement limité à 15 euros pour les vélos.
Enfin, un coup de pouce est accordé à la cyclologistique. La TVA sur l’achat, la location et la maintenance de vélos cargo destinés au transport de marchandise devient déductible. Une façon de soutenir la décarbonation du secteur de la livraison. En parallèle, un programme baptisé Cyclo-cargologie, financé à hauteur de 7 millions d’euros, sera lancé pour soutenir les PME engagées dans la cyclologistique.
10. Faire de la France la première destination mondiale du tourisme à vélo
En pleine d’expansion, les véloroutes de l’Hexagone attirent un nombre croissant de randonneurs sur deux roues. Pourvoyeuse d’emplois, la filière du cyclotourisme générerait chaque année 5 milliards d’euros de retombées économiques. Mais dans un pays doté d’un réseau de routes secondaires exceptionnel et d’un patrimoine hors norme, son potentiel de développement reste considérable. Le deuxième volet du plan vélo prévoit ainsi d’élaborer une stratégie nationale du vélotourisme visant à placer la France en tête des destinations cyclable mondiale d’ici à 2030 (elle occupe actuellement la deuxième position derrière l’Allemagne). Première étape de ce chantier, la rédaction d’un livre blanc en concertation avec les acteurs de la filière.
Un comité de suivi dans lequel associations et acteurs économiques sont parties prenantes, se réunira régulièrement pour faire le bilan de l’avancement du plan et proposer de nouvelles mesures.