Panneaux M12, giratoires à la hollandaise, sas vélo… Pour accompagner l’essor de la mobilité cyclable, la signalétique s’adapte et de nouvelles infrastructures apparaissent dans le paysage urbain. Même si des points noirs demeurent, ces aménagements, que tout le monde ne connaît pas encore, participent au développement d’environnements plus sûrs et plus agréables pour les cyclistes. Zoom sur 8 de ces agencements qui changent la vie à vélo.
Quand le vélo redessine la mobilité et les contours de la ville
Dans l’élan de la crise Covid, les grandes métropoles ont accéléré le déploiement de politiques visant à apaiser les centres-villes et à réduire l’impact environnemental du trafic routier. Pour agir efficacement contre la pollution et mieux partager l’espace public, les mesures ciblant directement les automobilistes se sont multipliées : zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), vitesses limitées à 30, prix du stationnement indexé sur le poids des véhicules… Mais, en parallèle, de nombreuses actions favorisant le développement du vélo ont également été inscrites au cœur de ces dispositifs d’aménagement urbain.
Voies Lyonnaises dans la capitale des Gaules, Grandes voies vélo, à Nantes, Vélo Ile-de-France (VIF) en région parisienne, les collectivités se sont engagées dans des projets de grande ampleur pour redonner à la petite reine toute sa place. Mieux maillés, plus cohérents et sécurisés, les réseaux vélo s’étoffent, redessinant la mobilité, mais aussi les contours de la ville. Et on ne parle pas là uniquement de pistes cyclables, mais d’écosystèmes complets dédiés au usagers de la bicyclette. Ainsi voit-on fleurir, sur et aux abords de la chaussée, quantité d’aménagements cyclo-friendly : parkings vélo et cargos, stations de gonflage et de réparation, sas et repose-pieds aux feux rouges…
Le code de la route, conçus à l’origine pour les automobilistes, lui aussi s’adapte, pour garantir à un nombre de cyclistes toujours croissant des déplacements plus efficaces et plus sûrs.
Quels sont les éléments phares de ces nouveaux environnements pro-vélo ? Pourquoi et comment changent-ils nos vies derrière le guidon. État des lieux en 8 points.
1. Le panneau M12
Même s’il s’est multiplié dans les métropoles ces dernières années, ce panneau demeure encore assez méconnu des usagers de la route. Placé sous certains feux tricolores, ce petit triangle frappé d’un pictogramme de vélo jaune, autorise les cyclistes à passer au rouge… si les conditions le permettent !
Pour « griller le feu », vous devez circuler dans la direction indiquée par la ou les flèches présentes sur le panonceau et vous être assuré au préalable que le carrefour est dégagé. En d’autres termes, un M12 transforme un feu tricolore en « cédez-le-passage » pour les cyclistes. Au rouge, les voitures engagées dans l’intersection et, bien entendu, les piétons restent prioritaires.
Ce panneau fluidifie les déplacements cyclables. Il évite des efforts de redémarrage inutiles aux carrefours offrant une visibilité suffisante. Un gain de temps et de confort, mais aussi un outil pour renforcer la sécurité des usagers de la petite reine. Le M12 limite les cas de redémarrages simultanés entre vélos et véhicules motorisés. Une situation à fort potentiel accidentogène, à cause, notamment, de la différence d’accélération et des angles morts.
Seule ombre au tableau concernant le M12, placé à hauteur d’homme, il est régulièrement recouvert d’autocollants qui empêchent une lecture distincte, des flèches de circulation, en particulier.
2. Le sas vélo
Réservé aux cyclistes, cet avant-poste renforce la sécurité et les conditions d’attente au feu tricolore. Ce refuge, positionné en tête de file, vous permet d’être plus visible des usagers motorisés et limite les problématiques d’angles mort. Il rend vos démarrages plus sereins et vous permet d’anticiper vos manœuvres, en particulier, lorsque vous tournez à gauche.
Isolé du trafic, cet îlot avancé vous maintient également à l’écart des gaz d’échappement. Autant d’atouts qui ont conduit le législateur à rendre le dispositif obligatoire. A partir de 2024, tous les nouveaux aménagements comportant un feu tricolore devront disposer d’un sas vélo. Les infrastructures existantes auront 10 ans pour se mettre en conformité.
Limite de cet aménagement : la ligne pointillée qui matérialise la zone sécurisée est régulièrement franchie par d’autres véhicules, en particulier par les deux roues motorisés. Pour limiter le phénomène, des radars pédagogiques, déjà testés à Nantes, sont en phase de déploiement sur tout le territoire. Ces détecteurs de présence adressent une alerte lumineuse aux contrevenants qui s’immobilisent dans le sas.
Actuellement en expérimentation, le passage au vert anticipé pour les cyclistes pourrait, par ailleurs, accroître les effets du sas vélo.
3. Les parkings vélo
La peur du vol reste un frein considérable au développement de la pratique du vélo. Le manque d’espaces de stationnement adaptés et sécurisés dissuade, en effet, bon nombre de citadins de monter en selle. Un phénomène accentué encore par l’essor du VAE et du cargo dont la valeur dépasse régulièrement plusieurs milliers d’euros. Conscientes de la problématiques, les collectivités sont de plus en plus nombreuses à réagir. La création de parkings dédiés à la petite reine accompagne ainsi la plupart des grands projets de réaménagement urbain. Dans les gares, en particulier, centres névralgiques de la mobilité durable et de l’intermodalité, de vastes aires de stationnement protégées voient le jour. Le plan vélo, acte II, mis en œuvre sur la période 2023-2027 prévoit ainsi d’aménager 90 000 emplacements dans les 1100 station ferroviaires les plus fréquentées du pays. Un triplement du parc actuel.
Localement, comme à Lyon par exemple, des places de stationnement élargies, dédiées au triporteurs, biporteurs ou longtails sont créées en surface.
4. Le chaussidou
Contraction de « chaussée » et de « doux », cet agencement de voirie invite au partage de la route et à une circulation apaisée. Le principe ? Une chaussée centrale dédiée à la circulation des véhicules motorisés, bordée de deux bandes cyclables destinées aux vélos. Pour se croiser sur cette voie étroite, voitures et camions doivent se déporter sur les rives latérales. Bien entendu, en cas de présence d’un cycliste, ces derniers ont l’obligation de ralentir et de rester derrière lui. Et c’est bien l’effet recherché : inciter les automobilistes à la prudence et à la maitrise de leur vitesse.
Pour une sécurité optimale, le chaussidou (ou chaucidou ou en termes techniques chaussées à voie centrale banalisée) est généralement déployé sur une zone à faible trafic et à la visibilité dégagée. Malgré tout, certains usagers lui reprochent son manque de lisibilité. Il n’est donc généralement mis en place que lorsqu’aucun autre aménagement cyclable n’est réalisable.
5. Les pistes cyclables colorées
Généralement rouges ou verts, ces revêtements cyclables d’un nouveau genre ne passent pas inaperçus. Et c’est bien là l’objectif ! Leur couleur, inhabituelle sur la voirie et donc particulièrement visible, permet de mieux délimiter l’espace réservé aux cyclistes. Moins d’intrusion de véhicules motorisés seraient ainsi recensées sur ces pistes aux tons singuliers. La couleur ferait également office de fil conducteur pour les pédaleurs urbains qui percevraient mieux le cheminement du parcours, mais aussi leurs zones de priorité. Aux intersections, le marquage coloré permet de renforcer la vigilance des usagers motorisés et ainsi de mieux sécuriser la zone.
6. Le giratoire à la hollandaise
Comme son nom l’indique, ce type de rond-point est particulièrement répandu aux Pays-Bas où la culture du vélo infuse depuis des décennies. Mais, il est de plus en plus adopté sur le territoire français. Sa particularité ? Il comprend une voie de circulation circulaire réservée aux cyclistes et à la mobilité douce. Généralement située à l’extérieur de l’anneau giratoire, cette chaussée prioritaire, séparée du trafic motorisé, permet de circuler à vélo tout autour du carrefour avec plus de fluidité et de sérénité. Autres effets de cet aménagement en vogue : il réduit la vitesse des automobilistes et contribue à améliorer la cohabitation entre tous les usagers de la route.
7. Le double-sens cyclable
Sur ces voies, les véhicules motorisés ne peuvent circuler que dans un sens. Les cyclistes, eux, ont la possibilité d’évoluer dans les deux directions. Délimités par un sens interdit assorti d’une panonceau « sauf vélo », ces axes limitent les détours par des itinéraires plus fréquentés et améliorent la desserte cyclable des quartiers. Le risque de choc frontal n’est-il pas, toutefois, élevé sur ce type d’aménagement routier ? Les expérimentations montrent le contraire. L’étroitesse de la chaussée encourage les automobilistes à la prudence. Les croisements se font ainsi à très basse vitesse. De nombreuses villes françaises ont donc généralisé le dispositif avec succès. Il est même obligatoire, sauf exception, en zones apaisées (zones 30 et zones de rencontre).
8. Le repose-pied cyclable
Le dispositif est encore en phase d’expérimentation. Testé notamment à Montpellier, ce module, implanté aux feux-rouges permet aux cyclistes de stabiliser leur machine sans mettre pied à terre. De quoi faciliter les arrêts mais surtout les redémarrages couteux en énergie lorsqu’on se déplace à vélo. Si le principe fait ses preuves, il pourrait très vite être adopté dans d’autres villes de l’Hexagone.
Il s’agit bien entendu d’une liste non-exhaustive. Et vous, quels sont les aménagements qui améliorent votre confort et votre sécurité derrière le guidon ?