Le vélo a gagné du terrain dans la plupart des grandes villes de France entraînant une nécessaire redistribution de la voie publique jusqu’alors largement monopolisée par les automobilistes. Pour mieux encadrer ces nouveaux flux de circulation, le code de la route a évolué… sans pour autant parvenir à endiguer l’émergence de conflits entre les usagers. Peut-être parce que les droits et les devoirs des cyclistes restent encore assez largement méconnus, parfois par les premiers concernés eux-mêmes. Connaissez-vous sur le bout des doigts les règles qui régissent vos déplacements à vélo ? Voici un vrai ou faux en 10 points pour vous mettre à la page et démonter quelques clichés !
1. Les cyclistes ont le droit de rouler sur le trottoir. Faux
!
Le trottoir est réservé aux piétons et il est interdit d’y circuler à vélo sous peine de recevoir une amende de 135 €. Toutefois, il arrive qu’une piste cyclable se confonde avec le trottoir. La zone sera alors signalée par un panneau et/ou un marquage au sol. Dans ce type de situation, priorité reste aux piétons. Adaptez votre allure et avertissez-les de votre présence par un petit coup de sonnette (elle fait partie des équipements obligatoires). Notons que les enfants de moins de 8 ans ont le droit de rouler sur les trottoirs à condition d’adopter une vitesse raisonnable et de rester attentifs aux piétons.

2. Les cyclistes peuvent griller les feux. Faux, mais…
C’est un reproche souvent formulé à l’encontre des adeptes de la petite reine. Ils ne tiendraient pas compte de la signalisation tricolore… Face à un feu rouge et en l’absence de tout autre panneau, les cyclistes sont tenus de s’arrêter au même titre que les automobilistes. Sans quoi, ils encourent une amende forfaitaire de 135 €. En revanche, la présence d’un panonceau M12 sous le dispositif lumineux peut changer la donne. Ce triangle inversé frappé d’un vélo jaune et d’une ou plusieurs flèches autorise le franchissement du carrefour à la manière d’un cédez-le-passage dans la direction indiquée par la (ou les) flèches. Une disposition aujourd’hui étendue à un grand nombre de feux de circulation dans certaines métropoles comme à Lyon, par exemple, mais qui ne semble pas encore assimilée par tous les usagers. De quoi entretenir, peut-être, le sentiment (erroné) que les cyclistes grillent systématiquement les feux.
3. Les cyclistes peuvent prendre les sens interdits. Vrai… dans certaines conditions
Dans les zones 30 ainsi que dans les zones de rencontres (vitesse limitée à 20 km/h), toutes les chaussées sont à double sens pour les cyclistes ainsi que le dispose l’article R110-2 du code de la route entré en vigueur en 2022. Il est donc autorisé, dans ces circonstances, d’emprunter un sens interdit à vélo. Hors de ces espaces, la circulation à contresens est permise dès lors qu’un panonceau M9V2 “sauf vélo” figure sous le traditionnel panneau “sens interdit”. Dans cette situation, veillez toujours à adapter votre vitesse et à rester vigilant face aux véhicules venant en sens inverse.

4. Les cyclistes peuvent rouler sans casque. Vrai, mais…
Rien ne vous oblige à coiffer un casque lorsque vous enfourchez votre monture. La loi vous autorise à circuler tête nue. Un rappel, toutefois. Le casque reste l’un des seuls accessoires susceptibles de vous apporter une protection en cas de chute. Naturellement, il ne vous empêchera pas de tomber, mais il pourra réduire sensiblement la gravité d’éventuelles lésions crâniennes. Le port du casque est donc vivement recommandé ! Néanmoins, chacun reste libre, selon ses convictions, ses habitudes et son rapport à la sécurité de le revêtir ou non. Une exception toutefois : les moins de 12 ans. Sous cet âge, les enfants ont l’obligation de porter un casque lorsqu’ils évoluent dans l’espace public sur leur propre vélo, mais également à bord d’une remorque ou d’un vélo cargo.
5. Les cyclistes peuvent boire de l’alcool sans limitation. Faux !
Monter en selle après avoir bu un verre de trop ? N’y pensez pas ! Tout comme en voiture, il est interdit de rouler en état d’ivresse. La limite autorisée est la même : 0,5 g d’alcool par litre de sang ou 0,25 mg/l d’air expiré. Jusqu’à 0,8 g/l de sang, vous vous exposez à une amende forfaitaire de 135 €. Au-delà, la sanction peut être beaucoup plus lourde : 4500 € d’amende et une peine de travail d’intérêt général (valable également si vous pédalez sous l’emprise de stupéfiants). Risquez-vous de perdre des points sur votre permis de conduire ? En aucun cas si vous circulez à vélo. Toutefois, en cas d’infraction grave (mise en danger de la vie d’autrui), un juge peut décider de suspendre vos précieux sésame. Pour la sécurité de tous, derrière le guidon, comme au volant, la sobriété est de mise !

6. Les cyclistes doivent disposer d’un éclairage sur leur vélo. Vrai !
Votre vélo doit être équipé de deux feux que vous allumerez impérativement la nuit ou lorsque la visibilité est insuffisante. Cette obligation concerne les trajets en ville comme ceux réalisés hors agglomération. De plus, ces feux doivent obéir à des spécifications bien précises. A l’avant, vous devrez embarquer un dispositif diffusant une lumière jaune ou blanche non éblouissante. A l’arrière (ou le cas échéant sur votre remorque), le feu sera de couleur rouge et son intensité sera fixe. En effet, un récent décret, publié en novembre 2024, précise que le feu de position arrière ne peut être clignotant (article R313-5 du code de la route). Une disposition qui n’a pas manqué d’agiter la sphère du vélo. Les feux rouges clignotants prisés de certains cyclistes sportifs ou des vélotafeurs sont-ils définitivement à bannir ? Le nouveau texte est, semble-t-il, sujet à interprétation. S’il exclut l’utilisation de dispositifs clignotants “la nuit, ou le jour lorsque la visibilité est insuffisante”, il ne dit rien sur leur utilisation le jour en pleine lumière pour renforcer sa visibilité de loin hors agglomération, notamment. Il est plus précis, en revanche, sur l’usage d’éclairages additionnels. Ceux-ci sont désormais officiellement autorisés (un à l’avant et un à l’arrière) et peuvent être directement portés sur vous (casque, veste, sac à dos…)
7. Les cyclistes doivent porter un gilet de haute visibilité. Vrai… (dans certaines circonstances)
Le port d’un gilet rétroréfléchissant est obligatoire pour circuler de nuit ou lorsque la visibilité est insuffisante. Cette disposition n’est valable, toutefois, qu’en dehors des agglomérations. En ville, cet équipement n’est pas imposé. Il est, toutefois, fortement recommandé de veiller à la bonne visibilité de votre tenue lorsque les conditions météo se dégradent ou que la luminosité décroît. Pour être en règle en rase campagne, votre gilet devra être homologué (marquage CE). A défaut, vous vous exposez à une amende forfaitaire de 35 €.

8. Les cyclistes ont l’obligation d’emprunter les pistes cyclables. Faux !
Les cyclistes ont le droit d’évoluer sur la chaussée même si une bande ou une piste cyclable existe à proximité. Une exception toutefois. Si un panneau bleu circulaire frappé d’un vélo blanc est diposé à l’entrée d’un aménagement cyclable, l’utilisation de ce dernier devient obligatoire. Le même panneau mais de forme carrée se contente de conseiller le passage par une voie cyclable. Pour renforcer votre sécurité, il est recommandé, dans la plupart des cas, d’emprunter les infrastructures dédiées aux cyclistes. Mais le mauvais entretien, le manque de continuité ou encore l’encombrement des aménagements par des véhicules en stationnement justifient parfois de rester sur la voie principale.
9. Les cyclistes n’ont pas le droit de rouler à deux de front. Faux !
En groupe, vous avez la possibilité d’évoluer côte à côte avec un autre cycliste. En revanche, jamais à trois ou plus sous peine d’une amende forfaitaire de 35 €. Certaines circonstances exigent, toutefois, de se rabattre en file indienne. Lorsqu’un véhicule manifeste son intention de vous dépasser notamment. Mais également la nuit ou en cas de rétrécissement de la chaussée. A noter par ailleurs, les cycles équipés d’une remorque ne sont pas autorisés à circuler à deux de front (article R431-6).
10. Les cyclistes peuvent porter un casque audio pour écouter de la musique. Faux !
Ecouter sa playlist préférée ou son le dernier épisode de son podcast favori tout en pédalant ? Interdit ! Depuis 2020, l’article R412-6-1 indique que le port à l’oreille de tout dispositif susceptible d’émettre du son (à l’exception des appareils électroniques correcteurs de surdité) n’est pas autorisé aussi bien en voiture, qu’à moto ou à vélo. Pas question donc de rouler avec des écouteurs ou un casque audio sous peine de s’exposer à une amende forfaitaire de 135 €. En selle, en effet, la bonne perception sonore de votre environnement participe à votre sécurité. Notons également que l’usage du téléphone tenu à la main est soumis à la même sanction.