C’est un frein majeur à la pratique du vélo. Le vol décourage les cyclistes et détourne bon nombre d’entre eux vers d’autres solutions de mobilité. Est-ce une fatalité ? Si le risque zéro n’existe pas, de bonnes pratiques et un équipement adapté permettent de réduire considérablement la menace. A la base d’une protection efficace, les antivols traditionnels de type U demeurent incontournables, mais des dispositifs de nouvelle génération (alarmes, balises GPS…) viennent apporter un effet dissuasif supplémentaire particulièrement bienvenu pour sécuriser votre VAE, par exemple. Quels gestes adopter pour décourager les voleurs ? Quels accessoires utiliser pour déjouer leurs tentatives ? Zoom sur les techniques et le matériel qui vous permettront de stationner votre vélo avec un maximum de sérénité.
Les bons gestes pour limiter les risques
Difficile d’obtenir des chiffres récents et fiables quant à l’ampleur du phénomène. Selon une enquête réalisée en 2023 par l’Académie des mobilités actives (Adma) et la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), jusqu’à 580 000 vélos pourraient être volés chaque année en France (dont 28 % de VAE). Un fléau qui, en plus de créer un préjudice matériel individuel, impacte le développement de la pratique. Plus de 10 % des victimes abandonneraient le vélo après un vol au profit d’un autre moyen de locomotion. 23 % se résigneraient à pédaler plus occasionnellement.
Pour lutter contre le vol de vélos, il existe des solutions collectives. Dans les gares, en ville, on investit dans la sécurisation du stationnement des cycles : parkings fermés, box ou silos, arceaux d’accroche adaptés… Des initiatives citoyennes, émanant souvent de victimes désagréablement marquées par leur expérience voient également le jour, telles que Velhome, une plateforme associative qui permet de trouver un stationnement vélo entre particuliers.
Mais bien entendu, chacun peut agir à son propre niveau pour limiter les risques. Quelques réflexes de vigilance au quotidien suffiront, dans la large majorité des cas, à décourager les voleurs :
- Dans la rue, attachez votre vélo en toute circonstance ! Les vols se produisent aussi bien la nuit que le jour et peuvent intervenir dans des espaces en apparence sans risque comme une rue passante. Sécurisez votre monture même pour un arrêt minute devant la boulangerie. Les vols d’opportunité sont fréquents et une poignée de secondes d’inattention suffira aux détrousseurs les plus habiles.
- Attachez également votre vélo à l’intérieur ! 41 % des vols ont lieu dans des espaces privés (parties communes d’un immeuble, locaux à vélo, balcons, garages individuels…) La présence d’une porte induit parfois un faux sentiment de sécurité. Malheureusement, les voleurs les plus zélés n’hésitent pas à s’introduire dans les bâtiments où la présence de vélos de valeur est souvent plus significative.
- Soyez attentif à votre support d’attache. Ciblez systématiquement un point fixe, tel qu’un arceau solidement ancré au sol. Fuyez les pince-roues qui malmènent les jantes et n’offrent pas de zone d’attache simple et fiable. Attention également aux poteaux de signalisation qui peuvent autoriser un vol par soulèvement et sont parfois facilement arrachables.
- Attachez en priorité le cadre et la roue avant ! Placez votre antivol en hauteur et jamais sur le sol pour éviter les vols par écrasement. Orientez de préférence la serrure vers le bas pour compliquer les tentatives de crochetage. Pour un effet dissuasif maximum, vous pouvez, bien entendu, utiliser deux antivols.
- Pensez à retirer les accessoires amovibles présents sur votre vélo et notamment ceux de valeur : éclairage, selle haute gamme, mais aussi la batterie ou l’écran de votre VAE. Les équipements additionnels des vélos cargo sont également de plus en plus la cible des voleurs. Attention lors de vos stationnement prolongés dans des espaces non-sécurisés.

Comment choisir son antivol de vélo ?
Il n’existe pas d’antivol totalement inviolable. Avec un outil adapté, un voleur déterminé finira par avoir raison des modèles les plus résistants. Tout est une question de temps. Et l’enjeu est bien là. Un antivol solide ralentira considérablement les malfaiteurs et les exposera plus longuement aux yeux d’éventuels témoins. De quoi décourager la plupart d’entre eux de passer à l’action. Et c’est bien l’effet recherché : opposer aux voleurs une protection suffisamment coriace pour les dissuader de s’en prendre à votre vélo.
Comment cibler le bon modèle ? La FUB publie depuis plus de 20 ans un classement des antivols disponibles sur le marché. Les plus fiables se voient attribuer, à la suite de tests en conditions réelles (découpes, torsions, cisaillements avec des outils mesurant jusqu’à 75 cm…), la mention “deux roues”. Un bon indicateur pour choisir un produit de qualité. Naturellement, vous pouvez également pousser la porte d’un magasin Cyclable et demander conseil à nos techniciens-vendeurs. Ils sauront vous guider vers le modèle le plus approprié à votre pratique.
Système de verrouillage, poids, matériaux, capacité de résistance… nombreux sont, en effet, les critères susceptibles d’influencer votre choix. A chaque catégorie d’antivol ses atouts et ses points faibles :
- Les antivols en U. Ils doivent leur nom à la forme caractéristique de leur hanse et sont unanimement reconnus comme la meilleure protection du marché. Ils sont à utiliser en priorité en guise d’antivol principal. Revers de la médaille, les U sont souvent lourds (parfois plus de 2,5 kg) et n’autorisent qu’un périmètre d’attache limité. En quête d’un produit particulièrement robuste ? L’Abus Granit X-Plus 540 en acier cémenté fait figure de costaud parmi les costauds tout comme le Kryptonite New York Lock Standard. Idéal pour optimiser la protection des vélos de valeur tels que les VAE lors de stationnements prolongés.
- Les antivols pliants, type mètres de menuisier. A cause de leurs raccords articulés, ils sont, en général, légèrement moins résistants que leurs cousins en U. Ils restent, toutefois, une solution de protection relativement fiable pour des arrêts de plus courte durée. D’autant qu’ils possèdent d’autres atouts : grand diamètre une fois déplié, facilité de manipulation, compacité pour le rangement… Dans cette catégorie, un modèle se distingue pour son excellent rapport qualité-prix : l’Abus Bordo 6000K.
- Les câbles : les plus basiques d’entre eux, protégés par une simple gaine en plastique, ne résisteront qu’une poignée de secondes à la plupart des voleurs. Ils n’offrent qu’une protection symbolique et ne peuvent en aucun cas être utilisés seuls pour sécuriser votre vélo. Ils pourront, en revanche, servir à attacher les roues de votre vélo en complément d’un U et ainsi contribuer à renforcer l’effet dissuasif. Les modèles disposant de rotules en acier en guise de renfort (câbles boa ou python) affichent une capacité de résistance un peu plus élevée mais restent des cibles faciles pour les voleurs bien outillés.
- Les chaînes : la robustesse de certains modèles tels que l’Abus Granit CityChain X-Plus 1060 ou la Kryptonite New York Fahgettaboudit 1410 ferait presque concurrence à celle des U. Leur longueur (jusqu’à 170 cm chez Abus), offre par ailleurs une grande polyvalence d’attache. Toutefois, les chaînes se montrent généralement lourdes (jusqu’à 5 kg) et encombrantes. Un détail si vous avez la possibilité de laisser votre antivol sur son point d’attache. Plus problématique si vous êtes contraint de le transporter chaque jour lors de votre trajet vélotaf.
- Les antivols de cadre ou bloque-roue : fixé directement sur les haubans de votre vélo, ce dispositif permet, en un geste, de bloquer la roue arrière en entravant les rayons. Une solution pour les arrêts minute à condition de garder votre monture bien en vue. Rien n’empêchera, en effet, un voleur déterminé et bien organisé de soulever votre vélo et de le charger dans une camionnette.

Serrures Bluetooth, traceurs GPS, alarmes… la technologie à la rescousse !
Comment compliquer toujours plus la tâche des voleurs ? En misant sur les nouvelles technologies ! Le marché des antivols a, depuis quelques années, pris le virage du numérique. Les modèles de dernière génération sont désormais intelligents et connectés. Adieu les codes ou les serrures susceptibles d’être crochetées ou percées ! Les nouveaux antivols comme l’Abus Bordo 6500A SmartX s’ouvrent grâce à votre smartphone via Bluetooth. Ce modèle embarque également un dispositif d’alarme associé à un détecteur de mouvements. En cas de tentative de vol, celui-ci émettra un signal sonore puissant de 100 db pendant 15 secondes. De quoi mettre en fuite les voleurs les plus téméraires !
Des fonctions également proposées par Bosch sur les VAE et cargos équipés de son système intelligent. Et l’équipementier allemand va encore plus loin. Le service eBike Alarm, disponible sur abonnement via l’application eBike Flow, émet, grâce à un module installé sur votre vélo, des signaux sonores et lumineux en cas de mouvements suspects. Un message d’alerte vous est aussitôt envoyé sur votre smartphone. Si votre vélo est déplacé, la géolocalisation se déclenche automatiquement. Vous pouvez ainsi suivre sa position en temps réel et transmettre des informations précieuses à la police.
Et le tracking GPS a fait ses preuves. Selon une expérimentation menée à Strasbourg en 2021, plus de 60% des vélos dotés d’un traceur seraient retrouvés après un vol. Un chiffre qui s’échelonnerait entre 3 et 10% (dans le meilleur des cas) sans ce dispositif.
Envie d’équiper votre machine ? L’Invoxia Bike Tracker se présente sous la forme d’un réflecteur arrière à accrocher sur votre tige de selle ou votre porte-bagages. Cet accessoire discret embarque en réalité une puce GPS. Si votre vélo sort de la zone de sécurité que vous avez préalablement définie, le traceur vous alerte via une application et vous fournit l’emplacement de votre vélo toutes les 3 minutes. Trois ans d’abonnement sont inclus dans le prix d’achat.
Autre innovation pour les VAE, signée Bosch une nouvelle fois, la fonction Battery Lock. Ce dispositif qui sera déployé à partir de l’été 2025 permet de verrouiller numériquement la batterie de votre vélo à assistance électrique ou de votre cargo et de la rendre ainsi inutilisable par un potentiel voleur. De quoi dissuader fortement les malfaiteurs de s’en prendre à cet accessoire de grande valeur qu’une serrure ordinaire ne suffit pas toujours à protéger.

Marquage, assurance… d’autres leviers pour atténuer la peur du vol
Depuis 2021, le marquage des vélos neufs et d’occasion vendus par des professionnels est obligatoire. Chaque vélo qui sort d’un magasin se voit ainsi attribuer un numéro unique inscrit dans une base de données nationale accessible aux forces de l’ordre (le FNUCI). Objectif : faciliter la restitution des vélos volés à leur propriétaire lorsqu’ils sont retrouvés. Et le système, sans être miraculeux, semble efficace. Selon l’opérateur Bicycode, agréé par l’Etat pour le marquage des vélos, jusqu’à 10% des vélos marqués retrouveraient leur propriétaire après avoir été volés. Ce chiffre plafonnerait à 3% en l’absence de marquage. Votre vélo n’est pas encore marqué ? Pour y remédier, rendez-vous auprès d’un prestataire reconnu tel que Cyclable muni d’un justificatif d’achat et d’une pièce d’identité.
Pour vous stationner l’esprit serein, vous pouvez également souscrire à une assurance contre le vol. Une option particulièrement recommandée si vous chevauchez un VAE, un cargo ou un vélo de grande valeur. Cyclable, par l’intermédiaire de son partenaire Neat Mobility, propose différentes formules à partir de 4 euros par mois. A noter, les accessoires achetés dans votre magasin Cyclable peuvent également être couverts contre le vol. A considérer, en particulier, si vous êtes propriétaire d’un longtail ou d’un biporteur muni de nombreux équipements de valeur.
Que faire si malgré toutes ces précautions votre vélo est volé ? Déposez plainte dans les 24 heures auprès des forces de l’ordre. Les chances de retrouver votre monture seraient sensiblement meilleures si vous avez effectué cette démarche. Vous pouvez également publier une photo de votre vélo sur les réseaux sociaux et surveiller de près les sites de vente d’occasion comme Leboncoin. Enfin, si votre vélo n’est pas marqué, il se peut qu’il vous attende à la fourrière ou au service local des objets trouvés.