Comment entretenir son vélo quand on est une femme ?
Les femmes ne se sentent pas toujours à l’aise lorsqu’il s’agit de la réparation ou de l’entretien de leur vélo. Comment savoir à quel vélociste elles peuvent s’adresser en toute confiance ? Comment apprendre à réparer les essentiels sur leur vélo ?
Trouver une écoute pour choisir et entretenir son vélo
Les femmes ont des attentes spécifiques et parfois elles ne se sentent pas toujours accueillies spécifiquement dans les magasins de vélo traditionnels.
Les femmes attendent des informations pratiques, n’aiment pas se sentir noyées dans un océan d’informations techniques. Certaines arrivent avec des informations très précises, ayant passé du temps à faire une pré-sélection de modèles, et ayant pris en compte toutes les spécificités techniques, d’autres ne regardent que le confort et la facilité d’utilisation. Il est important qu’elles se sentent prises en considération en fonction de leurs différences morphologiques (choix d’un modèle, réglages, choix des accessoires, etc.) et de leurs attentes.
Les femmes acceptent plus facilement que les hommes que l’on vulgarise l’information et ont besoin d’être mises en confiance et rassurées.
Une femme nouvellement cycliste doit ainsi se sentir pleinement en confiance avec son vélociste, afin de pouvoir retourner le voir à la moindre question.
Une femme dans un magasin de vélo
Les femmes sont très peu nombreuses dans le paysage des vélocistes spécialisés. Pourtant, la profession de conseiller technique cycle ou de mécanicien cycle tend à se féminiser ; cela s’observe dans les boutiques spécialisées et se reflète aussi dans les chiffres de participation aux formations destinées aux métiers du cycle.
On observe aussi dans ce graphique que les femmes sont plus prévoyantes que les hommes dans leurs choix de vie : en effet, le projet de se former à la mécanique cycle se fait plus en amont que les hommes qui pour certains, vont peut-être choisir une inscription quelques semaines avant le début de la formation.
[caption id="attachment_17455" align="aligncenter" width="400"] Source : Institut National du Cycle et du Motocycle (INCM)[/caption]
Quel sont les avantages d’être une femme pour écouter les femmes qui ont un projet d’achat de vélo ou qui ont besoin d’une réparation ?
Les femmes se sentent sans doute plus facilement en confiance face à une femme. Les magasins de vélo spécialisés restent très masculins. Les femmes se sous-estiment souvent et ne se sentent pas à l’aise sur des questions techniques, à tort. Elles ont parfois des connaissances plus solides que les hommes mais les mettent rarement en avant.
Chez un vélociste où toute l’équipe est masculine, il y a toujours un risque de rentrer dans un cliché.
D’ailleurs, elles viennent souvent en couple, et se rallient facilement à l’avis de leur compagnon plutôt que de se faire confiance dans leurs sensations ou leur penchant pour un modèle plutôt qu’un autre.
C’est du rôle du vélociste de les conforter et de dire qu’elles sont capables de ce qu’elles souhaitent faire, et qu’il est toujours possible de revenir en cas de besoin.
Un magasin de vélos au féminin
Femme et vélociste, c’est possible ! De plus en plus de jeunes femmes se lancent, en première intention, ou bien dans le cadre d’une reconversion, dans le commerce de cycles.
Entre autres exemples, les créatrices du magasin Cyclable Lyon 6 sont des femmes ou la bien nommée « Fée du Vélo » à Nevers.
D’ailleurs, au siège de Cyclable, la parité est atteinte et une traditionnelle photo des « Femmes de Cyclable » est prise chaque année lors de la Convention annuelle.
Le métier de conseiller technique ou technicien cycle reste fortement masculin et il n’est pas toujours simple de s’imposer en douceur mais avec fermeté auprès du client homme qui souhaite « voir le mécano » alors qu’il a une femme mécanicienne devant lui. Les clichés sont tenaces…
Séverine, du magasin Cyclable Lyon 6 nous explique que « ce côté machiste ne dure généralement pas longtemps : dans la mesure où les hommes ont en face quelqu’un de compétent, cela se dénoue très vite. Je le craignais à titre personnel quand je me suis reconvertie dans le vélo, mais des situations de blocage liés au genre sont très rares. Il ne faut surtout pas que ce soit un frein pour les femmes qui souhaitent se lancer dans le monde du vélo. Par contre, il est vrai qu’une femme a moins droit à l’erreur qu’un homme… »
Au niveau des qualités d’une femme dans un atelier de réparation, elle souligne qu’ « une femme est peut-être plus patiente qu’un homme, plus perfectionniste aussi. Les femmes n’ont pas tout à fait les mêmes seuils de tolérance que les hommes dans beaucoup de domaines, cela se retrouve en mécanique vélo aussi. Mais on ne peut évidemment pas généraliser, il s’agit aussi d’une question de personnalité. »
Ateliers de réparation associatifs pour les femmes
De plus en plus d’associations proposent des ateliers de réparation collaboratifs. L’objectif ? Savoir réparer une crevaison, régler des freins, changer un câble de dérailleur, assurer l’ajustement parfait d’une selle, et pour les plus courageux, apprendre à démonter et à remonter un vélo entièrement. Qui peut le plus peut le moins !
Et la mécanique au féminin, c’est possible ! Certaines associations ont donc développé spécifiquement des ateliers de réparation pour les femmes, souvent annoncés comme des « ateliers vélo non mixtes ». Partant du principe que les femmes restent souvent en retrait lors des ateliers traditionnels qui accueillent une majorité d’hommes, cela permet de les mettre pleinement en confiance, et surtout de les faire pratiquer et manipuler à chaque étape la mécanique vélo.
Les femmes, se sous-estiment facilement : si elles ont peur de mal faire, elles ont tendance à ne pas faire alors qu’un homme se lance même s’il se retrouve bloqué ensuite.
Ces ateliers dits « en mixité choisie » engendrent bien des discussions et des interrogations au sein des membres des associations ; ils proposent une façon différente de percevoir la réalité, et s’ils entraînent plus de femmes dans les ateliers traditionnels, leur objectif est atteint !
Ces ateliers vélos antisexistes se développent dans le monde entier. Ils donnent aussi une voix à celles qui ont besoin de se faire entendre haut et fort dans leur pratique, qu’elle soit sportive ou quotidienne.
C’est une façon de se retrouver et de partager des savoirs, des connaissances, et de reprendre confiance dans un domaine qui est traditionnellement plutôt réservé aux hommes. Les femmes sont aussi capables d’auto-réparer leur vélo que les hommes ! Ces féministes utilisent comme outil le vélo et vont aider à déconstruire un schéma culturel habituel ; elles utilisent parfois le terme de « cycloféminisme » pour définir leurs actions.
Aux Etats-Unis, l’organisation des Clitoral Mass défend l’idée que les femmes doivent pouvoir rouler à vélo librement dans un univers dominé par les hommes. C’est pour les femmes un moyen de s’émanciper.