Une draisienne, qu’est-ce que c’est ?
Une draisienne, c'est un vélo sans pédales qui permet d'avancer à la force des jambes. Aujourd’hui, la draisienne est essentiellement utilisée par les jeunes enfants comme vélo d’apprentissage. La draisienne porte le nom de son créateur Karl Von DRAIS. Son développement fulgurant ces dernières années s’explique car l’apprentissage est bien plus naturel pour l’enfant et plus efficace que sur un vélo avec des stabilisateurs.
Histoire de la draisienne
La draisienne voit le jour en 1817 grâce à l’idée géniale de Karl Friedrich Christian Ludwig Freiherr von Drais Sauerbronn, plus communément nommé Karl Drais. Ce fonctionnaire de l’administration des eaux et forêts en Allemagne, dans la région de Bade est un inventeur né. Détaché pour se destiner à ses inventions, il crée successivement une machine transcrire des notes de musique, des véhicules à propulsion humaine, dont la fameuse draisienne. C’est elle qui restera son œuvre de génie : un véritable « cheval mécanique ». Karl Drais crée cette invention afin de trouver une alternative au transport à cheval, car l’animal représente un investissement et un coût importants en cette année où les récoltes sont mauvaises et la vie dure. Il cherche à développer un véhicule à propulsion permettant d’aller vite et c’est pourquoi il privilégie l’alignement des deux roues, ce qui est inédit ; avec la draisienne, on dépasse les 14 km/h. Un brevet (N°1091) est déposé dès le 17 février 1818 en France : « Le vélocipède est une machine inventée dans la vue de faire marcher une personne avec une grande vitesse, en rendant sa marche très légère et peu fatigante par l'effet du siège qui supporte le poids du corps qui est fixé sur deux roues qui cèdent avec facilité au mouvement des pieds ». La laufmaschine, draisine, hobby/dandy horse (ou encore running machine et vélocipède en français) est un objet ludique pour les Européens, en particulier à Paris et Londres. Mais celle-ci est perçue avec scepticisme par les Américains : le journal Baltimore Morning Chronicle souligne notamment que « Chaque invention transatlantique farfelue est capable d’exciter la curiosité, nonobstant le ridicule ». Les caricaturistes s'en emparent avec succès ! La draisienne, dans sa version initiale, reste une invention inaboutie à ses débuts et le manque de freins la rend coupable de nombreuses collisions. Comme beaucoup de grands hommes, Karl Drais est mort pauvre et oublié… Ce n’est que des siècles plus tard que le terme « draisienne » revient à la mode, en Allemagne toujours, mais cette fois avec un objectif tout autre ! Celle-ci est maintenant destinée à faciliter l’apprentissage de l’équilibre.
Quelles sont les spécificité techniques de la draisienne ?
Les constituants de base d’une draisienne sont les mêmes que sur un vélo ; pour autant, certains composants sont vraiment spécifiques du fait de l’utilisation très différente qui en est faite.
Le cadre :
Au niveau des matériaux utilisé, il existe des draisiennes avec des cadres en acier, en aluminium, en bois, en bambou, en polycarbonate et même en carbone ! Les marques rivalisent d’inventivité pour réaliser des vélos d’apprentissage esthétiques et capables de séduire à la fois l’enfant et le parent. Le cadre répond à des contraintes d’effort spécifique puisque le mouvement n’est pas aussi fluide que sur un vélo, il faut donc qu’il ait une véritable rigidité afin que l’effort de propulsion ne se disperse pas. Au niveau de la géométrie, il est indispensable de prévoir un enjambement facile afin que l’enfant se sente bien stable et en confiance.
Les roues :
La plupart des draisiennes possèdent des roues d’un diamètre situé entre 12.5’’ et 14’’. Les matériaux utilisés vont de l’aluminium à l’acier, en passant par le plastique. Selon les marques et les modèles, les roues possèderont des rayons ou non. Les draisiennes avec pneus pleins sont parfaites pour les collectivités qui ne rencontreront aucun risque de crevaison, mais elles sont moins confortables pour l’enfant que les pneus gonflables.
La selle :
La selle est un élément important de la draisienne : par sa position, l’enfant doit avoir une véritable liberté de mouvement au niveau latéral, et en même temps être correctement maintenu par le bec de selle. Les fabricants qui privilégient l’ergonomie utilisent des selles spécifiques et non des selles classiques de vélos enfant. L’idéal est de privilégier une selle de forme incurvée et légèrement évidée sur les parois latérales. Celle-ci favorise un bon confort de l’enfant, et peut même l’aider lorsqu’il se propulse vers l'avant.
Le(s) frein(s):
La plupart des draisiennes ne possèdent pas de frein. Au départ, cet équipement semble superflu à de nombreux parents, mais une fois l’équilibre acquis, les enfants peuvent aller vite et le frein se révèle alors un élément de sécurité indispensable, notamment pour les plus grands. Il peut être à tambour ou en V-brake selon les marques. L’essentiel à vérifier au moment de l’achat est que le frein puisse être réglé à la taille de la main de l’enfant. Ce réglage se fait simplement à l’aide d’une vis à resserrer au niveau du guidon.
Le guidon :
Le guidon doit être réglable en hauteur, de la même façon que la tige de selle, et ce afin d’assurer un confort optimal lorsque l’enfant grandit. Il vaut mieux privilégier les draisiennes sans blocage de guidon : en cas de chute, si le guidon reste bloqué à 90°, l’enfant peut se blesser, ce qui n’est pas le cas si le guidon bascule au sol. De nombreuses draisiennes sont maintenant équipées de protection mousse au niveau de la potence, et de poignées sécurisées en mousse ou avec une extrémité protégée, ce qui limite aussi les risques de blessure en cas de choc.
Les repose-pieds :
Le ou les repose-pieds sont un facteur de différenciation important entre les draisiennes : la plupart des vélos en bois n’en possèdent pas mais les autres fabricants essaient de les inclure sur leurs draisiennes. Ces repose-pieds se présentent soit comme une plate-forme centrale : de cette façon, on est au plus proche de la position de pédalage à venir (pieds groupés et ramenés au niveau du prolongement de la jambe, au centre du vélo), soit de plus en plus sous forme de bandes antidérapantes sur le cadre, proches de la roue arrière.
Appellation, terminologie et orthographe de la draisienne ?
Terminologie et étymologie :
Initialement appelée Laufmaschine (soit littéralement la « machine à courir ») par son inventeur, elle est finalement assez vite nommée draisine en allemand et draisienne en français, dérivé du nom de son inventeur : Karl Drais. En anglais, elle est nommée balance bike ou learner bike.
Orthographe :
On trouve sur internet toutes les orthographes possibles et imaginables : draisiene, drezienne, draizienne, dresienne , draysienne, etc… Le mot apparaît dès le début du XXème dans les dictionnaires, en particulier dans le Larousse pour tous, Nouveau Dictionnaire Encyclopédique (publié sous la direction de Claude Augé) :
Appellation :
Enfin, dans le langage courant la draisienne, est souvent nommée par des périphrases détaillant son utilisation : vélo sans pédales, vélo d’apprentissage, vélo sans pédalier, etc…
Le développement du marché de la draisienne
Un marché né en Allemagne, qui se développe dans toute l’Europe
C’est en Allemagne que la draisienne a été remise au goût du jour et que le marché a commencé à se structurer. Ce n’est qu’à partir de 2010 que les draisiennes se sont répandues en France et que ce marché de niche s’est élargi au point de devenir un marché de masse. Aujourd’hui, on trouve des draisiennes partout : du magasin de vélos au magasin de jouets, du magasin de puériculture au supermarché. Dans les magasins du réseau Cyclable, le nombre de ventes a fortement progressé entre 2010 et 2016 : Au niveau de Puky, on voit cette même évolution puisqu’en France la marque allemande : - A doublé son CA en 5 ans - A vendu en 2015 plus de 30 000 unités de draisiennes dans le canal spécialistes jouets et vélocistes
Le monde entier touché par la vague draisiennes :
Les USA, le Japon, la Russie ont vu la même tendance. Dans certains pays, la draisienne est même un objet de luxe : Puky a commencé à exporter en 2016 ses draisiennes en Chine… c’est presque le monde à l’envers !
[caption id="attachment_14062" align="aligncenter" width="400"] Capture d’écran du site Puky en Chine[/caption]