Randonnée vélo pour les filles
Partir en voyage à vélo est une aventure en soi : périple physique, mental et aussi un véritable voyage intérieur.
L’une des premières qui s’est lancée dans cette aventure est Annie Londonderry. On ne saura jamais si elle a vraiment bouclé son tour du monde, mais les conditions de l’époque la rendent quand même admirable puisqu’elle est partie avec un vélo de femme de la marque Columbia, monovitesse, avant d’adopter un vélo homme plus léger et plus adapté à son expédition.
Le voyage à vélo se présente souvent comme une sorte de bulle dans une vie. Accompli en solitaire, en amoureux, entre ami(e)s, ou en famille, les femmes sont de plus en plus nombreuses à tenter l’aventure, et ce quel que soit leur âge.
Que ce soit pour une année sabbatique à la fin de leurs études ou fraîchement retraitées, les femmes savent trouver le moment pour partir, quand, dans leur vie, elles ont besoin d’une respiration, d’un temps pour elles.
Que prévoir pour préparer un voyage à vélo au féminin ?
Choisir le meilleur matériel vélo
Evidemment, le plus important est de trouver le vélo de ses rêves. Une femme préfèrera peut-être un cadre trapèze à un cadre haut (car plus facile à enjamber et non moins rigide). Dans tous les cas, il est important qu’elle se sente à l’aise dessus et donc qu’elle prenne le temps de l’essayer avant l’achat.
Dans le choix des matériaux, il vaut mieux opter pour l’acier, qui peut être ressoudé partout, même à l’autre bout du monde.
Le choix de la selle est fondamental : il faut choisir une selle de qualité et parfaitement adaptée à l’anatomie féminine. Généralement, les selles pour les femmes ont un bec plus court et une assise plus large. Une selle avec un évidement central (appelé décharge périnéale) peut être plus confortable.
Cette selle doit être soigneusement réglée : généralement les femmes préfèrent une inclinaison légèrement plus basse que les hommes. Il est important de faire des sorties en préparation au départ afin de confirmer que la position de la selle est parfaitement adaptée pour une posture globale ergonomique.
La question du choix du type de cintre se pose aussi : cintre plat ou légèrement cintré, hauteur de la potence… tous ces points techniques doivent être anticipés et testés afin de sentir quelles sont les meilleures sensations de confort pour rouler sur le long terme.
Concernant le choix des sacoches, les femmes n’auront que l’embarras du choix : même les marques qui concevaient autrefois des sacoches unisexes et aux couleurs basiques, se sont lancées dans la conception de sacoches pensées pour les femmes, avec des couleurs chatoyantes, des design originaux, qui leur permettra de personnaliser agréablement leur vélo de voyage, et de lui donner une touche plus féminine !
Notons que pour celles qui veulent garder une touche féminine, la sacoche de guidon qui se transforme en sac à main simplement en masquant les crochets de fixation sont devenus très classiques et qu’on les retrouve dans de nombreuses marques (Vaudé, Basil, etc.).
Enfin, il est indispensable de se faire accompagner et conseiller par un vélociste spécialisé : une révision complète du vélo avant le départ et le changement de certains composants permet de s’assurer de partir avec le meilleur matériel.
Se préparer techniquement
Les femmes sont souvent éloignées de la mécanique ; elles ont souvent peu confiance en elles concernant les aléas techniques qui peuvent arriver en voyage. Il est important de prendre le temps plusieurs mois à l’avance pour se former et connaître les bases de la mécanique cycle.
Des séances de formation à la mécanique vélo spécifique pour les femmes sont proposées dans des associations membres de la fédération des ateliers vélos l’Heureux Cyclage. Au programme : des réparations simples au démontage/remontage complet du vélo pour connaître sa monture de fond en comble.
Ces ateliers vélos sauront conseillers les voyageuses pour qu’elles emmènent le matériel incontournable à leur périple : multitool, chaine et chambre à air de rechange, pompe, kit de réparation, etc.
Préparer son itinéraire vélo
Les cyclorandonneuses trouveront facilement des ressources pour préparer leur itinéraire. De nombreuses femmes déjà parties en voyage à vélo partagent leurs conseils et leurs bons plans, et ont plaisir à échanger avec d’autres cyclotouristes. Sur les forums de voyageurs à vélo, les échanges sont nombreux et riches d’informations.
Les festivals de voyage, en particulier de voyage à vélo, se multiplient en France, et certains déclinent une thématique autour de la femme en voyage. Le magazine Carnets d’Aventures a déjà dédié un dossier spécial sur les femmes qui voyagent seules : « Voyager en solo au féminin au-delà des idées reçues ».
Concernant les points de bivouac ou les hébergements, le réseau des warmshowers peut être intéressant pour des femmes qui souhaitent voyager, en particulier seules, afin de pouvoir être accueillies dans les meilleures conditions et partout dans le monde.
Préparer les essentiels pour la trousse à pharmacie et l’hygiène féminine
Les femmes constitueront une trousse de première urgence dont le contenu leur sera conseillé par leur médecin ou pharmacien. Cette trousse contiendra notamment les médicaments essentiels (par exemple des antibiotiques contre les cystites ou les infections intestinales et des anti-douleurs).
Une petite trousse de toilette avec les essentiels pour l’hygiène féminine sera à composer (coupe menstruelle, serviettes hygiéniques, gants en éponge pour une toilette rapide et discrète, pilule ou autre contraceptif, etc.).
En amont de son voyage, il convient de réfléchir à ce que l’on va emporter en essayant de ne s’attacher qu’à l’essentiel.
Se préparer physiquement à la rando à vélo
Il n’est pas nécessaire d’être un grand sportif pour voyager à vélo, l’essentiel est la préparation et le fait d’avoir testé sur de courtes périodes si on se sent « faite » pour l’itinérance à vélo. Partir régulièrement sur plusieurs week-ends à la découverte des paysages près de chez soi est le meilleur moyen : cela permet de s’éprouver physiquement et de voir si le bivouac reste un plaisir.
Il faut savoir que pendant le voyage à vélo, le corps se transforme progressivement et que c’est durant le voyage lui-même qu’il va gagner en capacité d’endurance. On pédalera au début du voyage une cinquantaine de kilomètres, puis les distances pourront augmenter progressivement ; aucun « entraînement » à proprement parler n’est donc nécessaire physiquement.
Rouler à plusieurs permet de se motiver et de partager à la fois les moments de plaisir et les moments difficiles. Cela peut aider les femmes à prendre confiance en elles aussi pour faire face à d’éventuels soucis mécaniques, solutionnés à plusieurs.
De nombreux livres existent pour parfaire sa préparation ; parmi eux, citons la référence : Manuel du voyage à vélo, édité par l’association Cyclo-Camping International.
Pédaler en solo en tant que femme
Est-ce qu’il est possible pour une femme de voyager seule à vélo ? Que ce soit pour faire une randonnée légère ou pour accomplir le tour du monde, quelles sont les motivations de ces femmes qui partent seules à l’autre bout de la terre ? Quelles sont les difficultés rencontrées ? Comment les ont-elles surmontées ?
Voir une femme qui part à vélo en solitaire peut être déconcertant, dans nos contrées et plus encore à l’étranger. L’entourage est souvent surpris, voire inquiet de la démarche. Il convient de bien se poser la question : pourquoi partir seule à vélo ? Une fois bien construites ses motivations pour partir en solo, il ne reste qu’à les expliquer, et prendre le temps de préparer son voyage.
Une fois l’étape de surprise passée, c’est le plus souvent avec bienveillance que les proches se font les meilleurs soutiens du projet sur les voyages au long cours, dans les mises en place de campagne de crowdfunding, etc. Il convient de prévoir 6 mois minimum pour bien préparer un projet de voyage, ne serait-ce que dans la phase de maturation indispensable.
Celles qui sont parties seules le font le plus souvent par choix, ou bien parce qu’elles n’ont pas trouvé de compagne/compagnon de route pour l’aventure qu’elles souhaitent vivre.
C’est souvent en route que les filles trouvent des cyclistes avec qui elles vont partager un bout de trajet. Partir seule, c’est justement l’occasion de favoriser les rencontres.
Une femme qui voyage seule doit en permanence faire confiance à son instinct : dans ses choix d’hébergement, dans le lien que l’on établit avec les personnes, dans l’itinéraire choisi, etc.
Renforcer son mental : on ne peut compter que sur soi que ce soit sur le choix de la route à tracer, les approvisionnements, la résolution des soucis mécaniques, etc. Gérer ces situations permet de trouver des ressources intérieures insoupçonnées et de grandir intérieurement.
Les femmes qui reviennent de longs périples à vélo soulignent souvent à quel point cela leur a ouvert des horizons, et elles reconsidèrent souvent leur projet de vie au regard de cette expérience vécue.
Le voyage à vélo en solitaire pour les femmes interroge forcément la question de la sécurité. Se prémunir des risques d’agression passe par des conseils simples : adapter sa tenue vestimentaire aux habitudes locales, être capable de réagir vite en cas de problème (des cours de self-défense avant le départ peuvent rassurer), s’inventer un ami/mari imaginaire (et dans ce cas, porter une fausse alliance) qui voyage en amont ou qui attend, privilégier les familles pour passer la nuit.
Partir à vélo à deux
Le voyage à vélo à deux se révèle d’une richesse incroyable ; que ce soit en couple, entre frère et sœur, entre amis ou entre filles, on se découvre et se redécouvre sur la route, dans l’effort, dans l’inconfort.
Que ce soit en amitié ou en amour, c’est souvent une vraie mise à l’épreuve car on a souvent des situations extrêmes à gérer tant sur le plan physique que mental.
Le risque peut être de se cantonner dans un « entre-soi » avec plus de difficulté à aller vers l’autre.
En voyage à vélo, on partage (presque) tout ! Le choix de l’itinéraire, les soucis mécaniques, le bivouac improvisé, les conditions d’hygiène un peu limitées, ce qui peut être délicat particulièrement pour une femme, les galères du voyage et d’un autre côté tous les plaisirs de l’aventure ! Les marques se prennent progressivement et les tâches se répartissent naturellement. Souvent, les témoignages soulignent qu’en couple, on retrouve souvent les marques du genre (masculin/féminin).
Il est important de bien préparer son voyage ensemble et de se définir des objectifs communs sur les essentiels :
- destination
- itinéraire
- nombre de kilomètres au quotidien
- rythme de déplacement (vitesse moyenne, fréquence et durée des pauses, visites, etc.)
Partir à deux, c’est pouvoir se soutenir mutuellement : souvent, les coups de blues n’arrivent pas en même temps à l’un et à l’autre, ce qui permet à chacun de pouvoir épauler son compagnon de voyage.
En partant à deux, il est important de se garder un jardin secret : le fait d’avoir une intimité très restreinte ne doit pas empêcher chaque individu de se réserver des espaces à soi (un livre, un instrument de musique, un carnet de voyage, etc… Tout est prétexte à pouvoir se réserver des moments seul avec soi-même.
C’est souvent le retour qui est le plus délicat : les aventures extraordinaires vécues ensemble sont compliquées à retranscrire au retour et on trouve souvent un décalage entre son entourage et ses nouvelles conditions personnelles.
Partir en voyage à vélo en famille
Pour une femme, amener toute sa famille sur les routes à vélo n’est pas anodin. C’est un vrai projet de vie collectif. Chacun a ses attentes, ses objectifs, ses projections, et le tout est de faire coïncider cela dans un projet de famille.
Que ce soit dans la préparation au départ ou dans le voyage lui-même, il est important de bien se répartir les tâches entre les membres de la famille : tendanciellement, c’est le plus souvent l’homme gère le matériel, l’itinéraire et plus globalement les aspects techniques, et la femme se préoccupe du chargement, du confort des enfants, de l’organisation globale, mais ces rôles sont parfois inversés selon les affinités de chacun. Et dans tous les cas, partir en voyage et « larguer les amarres » est une excellente occasion d’inverser les rôles !
Dans tous les cas, il est intéressant de responsabiliser les enfants, même petits afin qu’ils se sentent véritablement partie prenante de l’organisation du voyage. A partir de 3-4 ans, ils peuvent aider pleinement pour certaines tâches : ranger le bivouac, avoir la responsabilité de leur sacoche, etc.
Pour les plus grands, les missions évoluent : ils peuvent être partenaires pour aider à préparer le feu, monter la tente, préparer à manger, etc.
Le rôle de la femme dans un voyage à vélo en famille est souvent de se mettre au diapason des plus jeunes : le voyage doit être un plaisir pour toute la famille. C’est aussi souvent, dans le cas d’un voyage avec des enfants scolarisés, d’organiser leur instruction en famille.
Pour les enfants, c’est avant tout un changement de vie, une aventure en soi :
- Avec un tout petit, la logistique prend beaucoup de la place ; les besoins d’un jeune enfant sont à prendre en compte afin que le voyage reste agréable pour tout le monde.
- Avec un enfant à partir de 8 ans environ, la logistique est moindre. Les centres d’intérêt changent et l’enfant peut rouler entre 40 et 50 km par jour. Il va peu à peu prendre de l’assurance.
- Pour les pré-ados et adolescents, on est dans la phase du besoin d’autonomie. Il vous devancera, sera pleinement moteur du voyage s’il y trouve son intérêt (variété de paysages, rencontres avec des pairs, activités variées, etc.).